Pas vraiment de vagues : les résultats des élections françaises ne suscitent pas de réactions importantes sur les marchés financiers. Le sentiment est partagé entre le soulagement que les extrêmes n’aient pas de majorité et la crainte d’un blocage.
L’extrême droite a progressé en France mais n’arrive finalement pas au pouvoir : elle obtient 143 sièges (+60% par rapport à 2022) sur les 577 que compte l’Assemblée nationale. Le Nouveau Front populaire et le parti présidentiel Ensemble! et ses alliés la battent, avec respectivement 182 (+39% par rapport aux sièges de la Nupes en 2022) et 168 sièges (-31%). Les Républicains arrivent en quatrième place avec 45 sièges (-29%).
Ce résultat fait qu’aucun parti n’a la majorité, et qu’il faudra créer une coalition et faire des compromis. La crainte est ainsi au blocage. Voilà le sentiment qui semble dominer les marchés ce lundi matin, avec le soulagement qu’aucun des partis extrêmes n’est passé.
L’euro est en chute de 0,2% par rapport au dollar ce lundi matin, à 1,0819 dollar. A l’heure d’écrire ces lignes, il est quelque peu remonté, à 1,0831 dollar.
Les taux d’intérêt demandés sur la dette française à long terme ont baissé de 20 points de base environ, mais reste au niveau le plus élevé depuis la crise de la dette de 2012. Ceux à court terme sont en hausse, jusqu’à près de 70 points de base. Le spread de la dette française (sa différence par rapport aux taux des obligations allemandes) est relativement plat. L’annonce de la dissolution du Parlement l’avait fait augmenter fortement.
La Bourse de Paris ouvre en baisse de ce matin, à -0,3% après une demi-heure de négociation. L’Euro Stoxx 50 est dans le vert mais ne dépasse pas les 0,1% de hausse.
Mitigé
La réaction des marchés est donc mitigée : ils ne savent pas vraiment à quoi s’attendre du paysage politique français. Qu’en pensent les experts économiques et les analystes bourisers ?
“Ce matin la hausse du spread de la France est insignifiante. Le marché est indifférent au résultat des élections, qui est conforme à ce qui était prévu. Aucune majorité pour les programmes incohérents et nuisibles d’extrême droite ou de gauche radicale”, note Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management, sur X.
“Il y aura vraiment un vide en ce qui concerne la capacité législative de la France”, commente Simon Harvey de Monex auprès de Reuters.
“Le programme économique de la gauche est à bien des égards beaucoup plus problématique que celui de la droite, et bien que la gauche ne soit pas en mesure de gouverner seule, les perspectives pour les finances publiques françaises se détériorent davantage avec ces résultats”, décrit également Jan von Gerich de Nordea.
“Je pense que les marchés seront heureux que nous évitions cette situation extrême avec l’extrême droite”, ajoute aussi Aneeka Gupta de Wisdom Tree.
