Comment s’y prendre pour investir dans le vin ? “Cette bouteille s’est vendue aux enchères pour 500 millions d’euros”
Investir dans le vin peut vous rapporter 10,3% par an. C’est ce que révèle le livre Investeren in Stijl de Gertjan Verdickt, professeur d’économie financière à la KU Leuven. “Ignorez ce que vous aimez vous-même”, conseille-t-il. Verdickt énumère les choses les plus importantes que les investisseurs débutants doivent savoir.
De plus en plus de personnes combinent leurs intérêts et loisirs avec leur stratégie d’investissement. Ceux qui achètent les bons produits de luxe peuvent voir leur investissement prendre de la valeur chaque année. “Comme l’investissement dans l’or, par exemple, il s’agit d’une forme de répartition des risques“, explique Gertjan Verdickt.
Trends-Tendances : Depuis quand le vin est-il considéré comme un investissement et quel est son potentiel pour l’avenir ?
GERTJAN VERDICKT : « Plusieurs études sur l’investissement dans le vin se basent sur des ventes aux enchères remontant à plus de cent ans. Il s’agit donc d’une histoire riche, dans laquelle les gens ne se contentent pas de boire du vin, mais l’achètent et le vendent pour en tirer des bénéfices. Depuis la pandémie de coronavirus, de nombreuses maisons de vente aux enchères se sont spécialisées dans la vente de vin ; il s’agit donc d’un investissement à l’épreuve du temps.”
Dans quelle mesure l’investissement dans le vin est-il accessible ?
“Il est relativement facile de s’informer sur le vin. Consultez un magazine comme Decanter, ou écoutez des podcasts spécialisés. Des exemples bien connus de maisons de vente aux enchères spécialisées en Belgique sont Ampersand à Anvers ou Belgium Wine Watchers à Wommelgem. Une bouteille coûte en moyenne 600 dollars, mais dans la plupart des cas, il faut acheter les vins par six.
“Heureusement, il est également possible d’acheter des fractions de vin, ce qui signifie que vous ne devez pas payer vous-même l’entièreté d’une bouteille coûteuse. Bien sûr, vous ne l’aurez alors pas en mains propres. Si vous n’y voyez pas d’inconvénient, il peut être intéressant d’envisager ce que l’on appelle les bonded warehouses (ou entrepôts sous douane, NLDR). Il s’agit d’entreprises qui stockent elles-mêmes les vins pour l’investisseur et qui sont souvent assurées. Le grand avantage est que vous ne devez pas ramener le vin chez vous et que vous ne payez donc pas les taxes belges élevées sur l’alcool.”
Quel est le rendement attendu et quels sont les risques ?
“Le rendement est en moyenne de 10,3% par an. Le vin n’est donc que légèrement moins performant que les actions. En ce qui concerne les risques, la plupart des gens pensent immédiatement aux vins bouchonnés et donc imbuvables. Mais il s’agit là d’un problème typique des buveurs de vin, et non des investisseurs. Vous ne le remarquez en effet que lorsque vous ouvrez une bouteille… mais dès que vous faites cela, votre investissement disparaît également. Le plus grand risque pour ceux qui conservent des vins à la maison est d’endommager l’étiquette.”
Donnez un conseil spécifique à ceux qui veulent commencer à investir dans le vin.
“Je vais en donner deux. Ignorez ce que vous aimez vous-même, car ce faisant, vous vous laissez guider par le mauvais argument. J’aime par exemple moins boire des vins de la région de Bordeaux, mais les vins de Bordeaux sont une marque stable.
Un élément crucial est ce que l’on appelle le drinking window, c’est-à-dire la période pendant laquelle vous pouvez boire un vin avant que son goût ne se détériore. Cela permet de déterminer la valeur du vin. Pour s’en rendre compte, il est préférable de lire les évaluations de connaisseurs tels que Robert Parker, Jancis Robinson ou James Suckling.”
Pouvez-vous donner un exemple de vin de qualité ? Et quels sont ceux qu’il vaut mieux laisser de côté ?
“Il y a un vin du Domaine de la Romanée-Conti (RDC) qui a été vendu aux enchères pour 500 millions d’euros. Les vins de la région française de Bourgogne sont les plus précieux au monde.
Il y a beaucoup de vins qu’il vaut mieux laisser de côté en tant qu’investissement. Investir dans le vin ne consiste pas à acheter des bouteilles au supermarché. Neuf fois sur dix, il n’est même pas possible d’obtenir des vins d’investissement directement auprès du producteur.”
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