Colruyt, EVS, Tessenderlo… Ces midcaps belges qui rassurent les investisseurs

Colruyt, notamment, affiche un bilan sain, lui permettant d’absorber d’éventuelles turbulences sans renoncer à la rémunération de leurs actionnaires. © BELGAIMAGE

Malgré un début d’année mitigé sur le plan des résultats, les moyennes capitalisations (“mid caps”) belges ont retrouvé des couleurs en Bourse. Plus diversifiées, financièrement solides et moins exposées aux tensions douanières, elles semblent bien armées pour tirer leur épingle du jeu dans un environnement incertain.

Depuis son lancement fin 2004, l’indice Bel Mid, qui regroupe les moyennes capitalisations belges, a presque systématiquement surperformé le Bel 20 – à l’exception notable de 2024. L’an dernier, le Bel Mid a affiché un rendement total de – 13%, tandis que le Bel 20 signait un gain de 17%.

L’an dernier, le Bel Mid a affiché un rendement total de – 13%, tandis que le Bel 20 signait un gain de 17%.

Une contre-performance qui s’explique par plusieurs facteurs. D’une part, la promotion de Lotus Bakeries dans le Bel 20 a privé le Bel Mid de sa locomotive, le titre ayant centuplé en deux décennies. D’autre part, dans un contexte mondial de concentration des performances, la progression du Bel 20 a été portée par les envolées d’UCB et d’Argenx, désormais deuxième et troisième capitalisations d’Euronext Bruxelles.

Résultats décevants

Ces derniers mois, le Bel Mid montre toutefois des signes de rétablissement, avec un gain de 8% depuis le début de l’année, près du double de la performance du Bel 20. Mais si le rebond boursier est bien réel, les résultats du premier trimestre se révèlent plus contrastés.

Colruyt a ainsi averti que ses résultats pour son exercice 2024-2025, clos le 31 mars, seraient inférieurs aux attentes, évoquant une “diminution nette” du bénéfice net. En cause, la baisse de ses parts de marché en Belgique.

Autre poids lourd de l’indice, Aperam a publié des chiffres trimestriels en demi-teinte avec une chute de 26% de son excédent brut d’exploitation en glissement séquentiel. Le spécialiste de l’acier inoxydable a surtout souffert des taux de change défavorables (dépréciation du real brésilien) et de pressions sur les prix en Europe.

Enfin, EVS, qui avait brillé ces dernières années, a lui aussi déçu, avec un léger repli de son chiffre d’affaires sur les trois premiers mois de l’année.

Perspectives résilientes

Malgré ces résultats contrastés, leur performance boursière est restée solide, les marchés demeurant confiants quant à leurs perspectives dans un contexte économique tendu par la guerre commerciale initiée par les États-Unis.

Colruyt, par exemple, reste peu exposé à ces tensions, son activité étant concentrée en Belgique. Et si le groupe a perdu des parts de marché sur l’exercice écoulé, l’érosion semble avoir ralenti au second semestre, avec même une légère reprise enregistrée au cours des premiers mois de 2025.

Au rayon des éléments favorables, retenons aussi l’intégration des supermarchés Match et Smatch rachetés en 2023, la consolidation du secteur, ainsi que l’ouverture dominicale prévue de ses magasins Okay-Colruyt étant à la traîne de ses concurrents en la matière.

Position financière solide

EVS se montre sans doute le plus rassurant du trio. Le groupe liégeois attribue la légère baisse de son chiffre d’affaires du premier trimestre à un simple décalage de livraisons de mars à avril. Il maintient d’ailleurs l’ensemble de ses objectifs pour l’année. Malgré l’absence d’événements sportifs majeurs comme les Jeux olympiques ou l’Euro de football – qui dopent ses revenus via la location de matériel – EVS prévoit un chiffre d’affaires au moins équivalent à celui de 2024.

Aperam, de son côté, reste plus réservé. Le producteur d’acier inoxydable évoque un contexte économique toujours incertain. Il n’est toutefois pas directement exposé aux droits de douane américains, ne réalisant pratiquement aucune vente aux États-Unis. En outre, le récent rachat d’Universal (alliages et aciers spéciaux, notamment pour l’industrie aérospatiale) lui permet de réduire la cyclicité de ses résultats. Cela suffit à séduire un marché en quête de titres capables de profiter d’une reprise européenne, notamment dans le sillage du plan d’investissement allemand de 500 milliards d’euros.

Enfin, un point fort rassemble ces trois valeurs du Bel Mid : leur solidité financière. Colruyt, Aperam et EVS affichent un bilan sain, leur permettant d’absorber d’éventuelles turbulences sans renoncer à la rémunération de leurs actionnaires.

Reprise européenne

Parmi les autres valeurs du Bel Mid, Tessenderlo illustre à merveille la capacité d’adaptation de certaines moyennes capitalisations belges. Ces deux dernières années, le groupe chimique a dû composer avec un double creux cyclique : ralentissement du pôle Machines & Technologies (métier à tisser) et baisse de la demande de gélatine en Europe, affectant son segment de bio-valorisation. Face à ces vents contraires, Tessenderlo réduit la voilure de son activité Machines pour l’ajuster à la réalité du marché. Et il a annoncé un projet de coentreprise stratégique entre sa filiale PB Leiner et l’américain Darling dans la production de gélatine et de collagène. Le groupe anticipe ainsi un redressement de ses résultats dès cette année. Au niveau du bilan, Tessenderlo affiche une trésorerie supérieure à ses dettes, lui offrant une importante latitude financière.

D’autres valeurs du Bel Mid, peu exposées au risque protectionniste américain, signent également un retour en grâce. C’est le cas de Proximus, star inattendue de l’indice cette année avec une envolée de plus de 40%. Une véritable renaissance après deux décennies de désamour boursier. Ce retour en grâce suit des résultats trimestriels rassurants, la menace concurrentielle incarnée par le nouvel entrant Digi apparaissant moins préoccupante que redouté.

Recticel, spécialiste de l’isolation en mousse de polyuréthane, se positionne pour sa part comme un pari pertinent sur la reprise du secteur de la construction en Europe. Cette dernière devrait être amorcée par le plan d’investissement allemand dans la construction de logements abordables.

De bpost au “private equity”

Le Bel Mid peut également s’appuyer sur une brochette d’anciens membres du Bel 20 ayant traversé des zones de turbulence, mais qui se trouvent aujourd’hui à divers stades de redressement : Barco, IBA, Bekaert, Ontex, bpost, Fagron, Vastned. D’ailleurs, l’histoire boursière tend à montrer que les sociétés exclues de l’indice phare enregistrent souvent de meilleures performances à moyen terme.
Autre secteur bien représenté dans le Bel Mid : l’immobilier coté. Des sociétés comme Retail Estates, Vastned, Ascencio, Xior, VGP, Shurgard ou Care Property Invest offrent un profil plus diversifié que les quatre valeurs immobilières du Bel 20. Elles couvrent en effet un spectre plus large : kots d’étudiants, logistique, commercial, résidentiel, maisons de repos, box de stockage…

Certaines pépites se distinguent également comme DEME. Le spécialiste du dragage et de l’ingénierie marine a vu son chiffre d’affaires bondir de 54% entre 2022 et 2024, dopé par l’essor mondial de l’éolien offshore.

Par ailleurs, le Bel Mid comporte une forte représentation du private equity, à travers trois valeurs :

  • GIMV (investissements directs dans les PME européennes),
  • Brederode (deux tiers du portefeuille investis dans des fonds de private equity) et
  • Tinc (spécialisé dans le financement d’infrastructures).

Ce segment a souffert de la chute des marchés et de la hausse des taux entre 2022 et 2024. Mais depuis fin 2024, l’activité a redémarré, alimentant un net rebond des cours de ces valeurs. Preuve du regain de confiance, les deux tiers des analystes sont à l’achat sur ces trois valeurs.

DEME, le géant du dragage, se distingue avec un chiffre d’affaires en progression de 54% sur deux ans, dopé par l’essor mondial de l’éolien offshore.
© PG

Indice diversifié

En y ajoutant quelques valeurs comme Kinepolis, qui a connu un premier trimestre difficile avec une chute de 11,6% de la fréquentation de ses salles, ou Galápagos, ancienne star de la biotech dont le médicament vedette a déçu, mais qui dispose encore d’un confortable matelas de trésorerie de 3,3 milliards de dollars pour rebondir, le Bel Mid dévoile une palette bien plus diversifiée que le Bel 20.

Dans un contexte géopolitique et commercial agité, la moindre envergure géographique de la plupart des valeurs de l’indice apparaît comme un avantage. En outre, nombre d’entreprises du Bel Mid bénéficient d’une assise financière solide, leur permettant de traverser les soubresauts conjoncturels sans remettre en cause ni leur stratégie ni la rémunération de leurs actionnaires.

Au niveau sectoriel, la présence de holdings spécialisés dans le private equity comble une importante lacune d’Euronext Bruxelles : l’absence de renouvellement. Les introductions en Bourse y sont en effet quasiment au point mort depuis 2021.

Sélection d’actions

Malheureusement, il n’existe pas de produit indiciel répliquant directement la performance du Bel Mid. Il est toutefois tout à fait possible de s’en inspirer pour composer un portefeuille axé sur les moyennes capitalisations belges, en ciblant les valeurs les plus représentatives.
Pour obtenir une bonne exposition à l’indice sans devoir investir dans l’ensemble des 25 sociétés qui le composent, l’idéal est de se concentrer sur ses poids lourds. Des entreprises comme Colruyt, Aperam, Brederode, Bekaert, Fagron, VGP, Proximus ou Shurgard représentent chacune entre 5% et 8% du Bel Mid – totalisant ainsi plus de la moitié de l’indice.

Pour renforcer la diversification de votre portefeuille, vous pouvez également intégrer les acteurs wallons EVS et IBA, ainsi que le géant du dragage DEME. Au final, cette sélection offre un portefeuille de moyennes capitalisations diversifié, équilibré et relativement représentatif.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content