Le compte à rebours est lancé. Il ne reste que quelques jours aux contribuables belges pour réaliser certaines dépenses et réduire leur charge fiscale lors de la déclaration de mai-juin 2026, portant sur les revenus de 2025.
Mais attention : le gouvernement De Wever a introduit des changements majeurs. Pour plusieurs avantages fiscaux les plafond ont été gelés jusqu’en 2030, d’autres rabotés, certains même supprimés. Tour d’horizon des opportunités qui subsistent et de celles qui disparaissent.
Les dépenses qui rapportent encore (pour l’instant)
Épargne-pension
Deux plafonds coexistent : jusqu’à 1.050 euros, la réduction d’impôt s’élève à 30% (gain maximal de 315 euros). Entre 1.260 et 1.350 euros, elle tombe à 25% (gain maximal de 337,50 euros). Attention au piège fiscal : tout montant entre 1.051 et 1.259 euros procure un avantage inférieur à 315 euros. Mieux vaut donc s’en tenir à 1.050 euros ou verser un montant entre 1.260 euros et 1.350 euros.
Ces plafonds resteront gelés jusqu’en 2030, sans indexation. Le gouvernement envisage de fusionner les deux systèmes dans un cadre budgétairement neutre avec un plafond unique, mais aucune mesure concrète n’a encore été présentée.
Titres-services
L’avantage fiscal varie selon les régions. En Wallonie, les 150 premiers titres à 10,40 euros donnent droit à une réduction de 0,90 euro par titre, soit un gain fiscal de 135 euros (270 euros pour un couple). À Bruxelles, la réduction de 15% sur les 172 premiers titres achetés à 10,20 euros procure un avantage maximal de 263 euros par personne (526 euros en couple).
En Flandre, la déduction fiscale a disparu en 2025, tout comme celle pour les titres-services qui coûtent désormais 10 euros (contre 9 euros précédemment).
Une initiative qui pourrait être suivie du côté francophone, de quoi motiver à faire des réserves.
Frais de garde d’enfants
Pour les enfants de moins de 14 ans (21 ans en cas de handicap lourd), la réduction d’impôt s’élève à 45% sur un montant plafonné à 16,90 euros par jour de garde, soit un gain maximal de 7,60 euros net par enfant et par jour. Les parents isolés aux revenus inférieurs à 24.390 euros peuvent bénéficier d’une majoration portant l’avantage fiscal jusqu’à 75% (celle-ci est néanmoins réduite de manière progressive selon vos revenus).
Dons et libéralités
La réduction a été sérieusement rabotée : elle passe de 45% à 30% pour les revenus 2025. Un don de 1.000 euros ne procure plus qu’une réduction de 300 euros, contre 450 euros auparavant. Le montant minimum reste fixé à 40 euros (mais au lieu de récupérer 18 euros on n’en récupèrera plus que 12), et le plafond à 10% des revenus nets imposables.
Épargne à long terme
Ce qu’on appelle communément l’assurance-vie fait partie de ces avantages fiscaux dont l’indexation des plafonds a été gelé dès 2025. Il offre une réduction de 30% sur un montant maximal gelé à 2.450 euros, soit une économie fiscale maximale de 735 euros. Sans le gel, ce plafond aurait dû être porté à 2.530 euros et une réduction de 759 euros.
PLCI et CPTI (pour indépendants)
Si vous êtes indépendant et souhaitez optimiser votre déclaration fiscale 2026, vous avez jusqu’au 31 décembre 2025 pour effectuer vos versements en pension complémentaire. Deux dispositifs s’offrent à vous, mais tous ne se valent pas.
Commencez impérativement par la PLCI (Pension Libre Complémentaire pour Indépendants). C’est votre meilleur allié fiscal : les primes versées sont déductibles à 100% comme frais professionnels. Concrètement, si vous versez 4.000 euros et êtes taxé à 50%, vous récupérez environ 2.000 euros d’impôts, sans compter l’économie sur les cotisations sociales. Les plafonds 2025 s’élèvent à 4.000 euros pour la PLCI ordinaire et 4.602 euros pour la PLCI sociale. Ce dispositif est accessible à tous les indépendants, qu’ils exercent en personne physique ou en société.
Si votre budget le permet, complétez avec une CPTI (Convention de Pension pour Travailleur Indépendant), mais uniquement si vous exercez en personne physique. L’avantage fiscal est moins généreux : vous récupérez 30% du montant versé. Pour 1.000 euros versés, comptez environ 300 euros de réduction d’impôt. Attention toutefois : la CPTI est soumise à la fameuse règle des 80%, qui impose que le total de vos pensions futures (légale + complémentaires) ne dépasse pas 80% de la moyenne de vos revenus professionnels des trois dernières années. On l’aura compris il s’agit d’un calcul complexe qui nécessite l’aide de votre comptable.
Chèques ALE ou de proximité
Pour rappel, ces chèques permettent de faire appel à des chômeurs de longue durée pour effectuer des travaux. En Wallonie, la réduction de 30% sur un plafond de 1.850 euros procure un avantage maximal de 555 euros. À Bruxelles, la réduction de 15% offre un gain de 277,50 euros maximum. En Flandre, cet avantage été supprimé en 2025.
Travaux d’isolation du toit (Wallonie uniquement)
La réduction de 30% sur les dépenses d’isolation s’élève à maximum 4.020 euros par habitation. L’habitation doit avoir au moins cinq ans et les travaux doivent être réalisés par un entrepreneur agréé.
Précompte mobilier sur dividendes
Il est encore possible de récupérer le précompte mobilier sur les dividendes. Attention toutefois : l’avantage fiscal de 30 % ne porte que sur les premiers 833 euros avec un remboursement maximal de 250 euros.
Travaux dans un logement loué via une AIS (Agence Immobilière Sociale)
Si vous êtes propriétaire en Wallonie et que vous rénovez un logement loué via une AIS, vous pouvez obtenir un avantage fiscal en Wallonie. Il est de 5% des dépenses réellement effectuées, avec un plafond de 1.510 € par an et par habitation. A Bruxelles, cet avantage valable uniquement pour des travaux réalisés avant le 1er janvier 2016. En Flandre, il a été supprimé depuis 2019 (remplacé par une réduction automatique du précompte immobilier).
Les dépôts d’épargne (comptes d’épargne réglementés)
Il ne s’agit plus d’une exonération que d’une déduction fiscale. Ainsi les premiers 1.020 € d’intérêts gagnés (attention le plafond a été gelé) sur votre compte d’épargne sont exonérés du précompte mobilier. Au-delà vous payez un précompte mobilier de 15% sur la partie qui dépasse.
Ce qui disparaît ou est réduit
Une série d’avantages vont disparaître ou s’éroder dès janvier 2026: “suppression de la déductibilité des intérêts immobiliers, réduction progressive de la déduction des rentes alimentaires, fin de la déductibilité des frais de carburant (essence, diesel, gaz naturel), nouvelle taxe de 5% sur les sicav RDT, extension de l’exit tax aux transferts de domicile ou de siège, avec taxation des plus- values latentes, gel de certains barèmes, disparition du quotient conjugal, etc. Sans oublier des coupes dans une quinzaine de réductions d’impôt : dons aux associations, assurance protection juridique, bornes de recharge, plan PC privé, les frais d’adoption, l’engagement d’un employé de maison.”
Quelques exemples d’avantages fiscaux supprimés :
– Frais d’adoption: la réduction de 20% des frais (plafond de 6.530 € avec un gain de 1.306 € de réduction d’impôt) saute.
– PC-privé (ordinateur personnel) : fin de l’intervention employeur exonérée jusqu’à 1.070 €
– Forfait longs trajets domicile-travail : il n’y aura plus les 75 à 175 € pour les trajets de plus de 75 km
– Assurance protection juridique: fini aussi les 40% d’abattement fiscal sur primes ≤ 320 €, avec un gain maximal de 128 €.
– Suppression de la déduction des intérêts des prêt (même existant) pour résidence secondaire
Le cas des pensions alimentaires:
Jusqu’ici déductibles à 80% dans le chef de celui qui les paie (souvent un parent séparé ou divorcé) et taxées sur 80% du montant perçu par le bénéficiaire (très fréquemment un enfant non imposable), elles le seront progressivement moins : 70% en 2025, 60% en 2026, et seulement 50% à partir de 2027. Et cela s’applique aussi aux divorces déjà actés. Ainsi si vous versez 10.000 € de pension alimentaire, vous perdrez progressivement 3.000 € de déduction (de 8.000 € à 5.000 €)