Delhaize passe aux méthodes Ahold pour le meilleur et pour le pire
En Belgique, l’accent est mis sur les économies alors qu’au niveau mondial, Ahold Delhaize mise sur le commerce en ligne pour absorber l’impact d’un renforcement de la concurrence aux États-Unis. Tout profit pour les actionnaires … à la condition que tout aille bien.
Autrefois porté sur la croissance et la multiplicité des modèles de magasins, Delhaize a changé radicalement de stratégie en à peine 3 ans. D’abord à la suite de la reprise en mains du distributeur par le Néerlandais Frans Muller et désormais au travers de son rachat par Ahold. Clairement, le plan stratégique dévoilé par Ahold Delhaize ce mercredi a des accents néerlandais.
Stratégie de repli face à la concurrence
En termes de croissance, l’objectif est ainsi placé sur le commerce en ligne appelé à doubler de volume à l’horizon 2020. En chiffres bruts, cela représenterait des ventes de 4,6 milliards, ce qui ne pèserait toujours qu’une petite fraction du chiffre d’affaires du géant de la distribution estimé à plus de 60 milliards cette année. Au niveau des magasins classiques, l’heure apparait par contre plutôt à la rationalisation. En Belgique, la premier objectif est ainsi … d’économiser des coûts (80 millions). Aux États-Unis, le groupe entend poursuivre le réaménagement des Food Lion et accentuer ses investissements dans les prix au niveau des Stop & Shop. Ahold Delhaize apparait ainsi adopter une stratégie défensive face à la croissance d’Aldi, au débarquement de Lidl sur la côte est américaine et au développement d’Amazon dans les produits du quotidien, le géant de l’e-commerce testant même un premier magasin sans caisses.
Rémunération royale pour les actionnaires…
Les premiers bénéficiaires de l’approche défensive d’Ahold Delhaize devraient être les actionnaires. Le géant belgo-néerlandais envisage ainsi de verser jusqu’à la moitié de ses profits sous forme de dividendes, bien mieux que ce que recevaient les actionnaires de Delhaize auparavant. Ahold Delhaize a également annoncé un plan de rachat d’actions propres d’une valeur d’un milliard en 2017.
… mais peu soutenable
L’année prochaine, Ahold Delhaize devrait ainsi retourner 1,7 milliard à ses actionnaires sous la forme de dividendes et rachats d’actions, excédent le cash-flow libre prévu de 1,6 milliard. En résumé, Ahold Delhaize devrait s’endetter à hauteur de 0,1 milliard pour boucler son financement. Et ce alors qu’il table déjà une amélioration de son fonds de roulement (soit une baisse des stocks ou une hausse des délais de paiement fournisseurs pour un distributeur) pour doper son cash-flow libre en 2017, ce qui n’est évidemment pas possible de répéter à l’infini. La marge de manoeuvre d’Ahold Delhaize est donc extrêmement étroite, pour faire face par exemple un vif renforcement de la concurrence sur la côte est américaine, une chute du dollar ou une hausse sensible des salaires (minium) aux États-Unis.
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