Dans un contexte de pénurie de main-d’oeuvre, l’avenir est aux robots
La robotique est représentée dans la plupart des fonds axés sur la technologie. Ceux présentés ici en ont fait leur spécialité, comme en témoigne leur dénomination.
En octobre dernier, Axa Investment Managers affirmait: “On peut vraiment gagner de l’argent avec les bons acteurs de la robotique“. Le fonds Framlington Robotech du groupe Axa a effectivement bien performé l’an dernier, en ligne avec les autres, et mal performé cette année… comme les autres. Trio de tête de ses participations: Qualcomm (technologies mobiles), DexCom (surveillance de la glycémie) et Intuitive Surgical (robots médicaux). C’est l’incontournable Alphabet (Google) qui figure en quatrième place, suivi par le japonais Keyence, spécialiste des systèmes d’automatisation et d’inspection.
Toutes ces actions ont chuté depuis leur sommet de la fin 2021, DexCom perdant même plus de la moitié de sa valeur, tout en se maintenant globalement bien au-delà des niveaux de 2019. Ces cinq postes, qui représentent chacun 3% environ du portefeuille, ont tous été un peu allégés récemment. Ce portefeuille est à 70% investi en valeurs américaines, le Japon (13,5%) l’emportant ensuite sur l’Europe (12%).
Pictet en mode automation
On retrouve des proportions quasiment identiques chez Pictet Robotics. Le poids des Etats-Unis résulte uniquement de l’analyse des entreprises, justifie Anjali Bastianpillai, membre de l’équipe de gestion du fonds. Le pays affiche une longueur d’avance, y compris sur la Chine, où le fonds n’est pas présent en direct mais au travers d’entreprises japonaises. La robotique, ce ne sont pas que les robots à l’oeuvre dans les usines, explique- t-elle. “Nous évoquons plutôt l’automatisation, avec pour sous-segments la robotique et l’intelligence artificielle. L’automatisation se compose de technologies pour contrôler la production, les livraisons de produits, etc. La robotique, ce sont des machines conçues pour exécuter des tâches automatiquement et de plus en plus précisément et rapidement. Quant à l’intelligence artificielle, elle permet aux machines de percevoir leur environnement, de traiter des ensembles de données complexes, ou même d’agir de manière plus indépendante. C’est une ‘technologie habilitante’ essentielle dans l’automatisation et la robotisation”.
C’est l’automatisation qui pèse le plus lourd dans le portefeuille: 60%. Les robots collaboratifs font partie de ce segment, comme l’automatisation des processus de production, ainsi que les logiciels qui seront appliqués aux robots. Si Pictet écarte les semi-conducteurs destinés à l’électronique grand public, il retient les applications axées sur l’analyse des soins de santé et de réduction des coûts, les robots chirurgicaux, les exosquelettes, les diagnostics intelligents, etc. Sans oublier la domotique.
Nous ciblons l’automatisation, avec pour sous-segments la robotique et l’intelligence artificielle.
Anjali Bastianpillai (Pictet Robotics)
De quelles entreprises s’agit-il concrètement? Le trio gagnant du portefeuille en 2021 était constitué d’Alphabet, ainsi que de Nvidia, le concepteur de processeurs graphiques dont le cours a gagné quelque 80% l’an dernier, et de KLA (+40%), qui fabrique des équipements de production de semi-conducteurs. Dans le trio perdant, qui résiste par contre cette année, on trouvait notamment Splunk (logiciels de gestion des données) et Zendesk, qui propose une plateforme de services clients. Dans ce portefeuille de 37 positions, on note que Salesforce devance Alphabet et Siemens. Salesforce est devenu un géant des logiciels de gestion. Le groupe est apprécié pour son bon pricing power.
Décidément très branché sur la robotique, Pictet a, en février dernier, publié une étude dithyrambique sur les perspectives du secteur. Le gestionnaire estimant que celui-ci va connaître une nouvelle révolution par le passage de la vente au leasing de matériel, qui serait alors le fait d’intermédiaires spécialisés plutôt que des constructeurs. Ceci permettra l’équipement des entreprises de plus petite taille, d’où une “croissance fulgurante du secteur”. De 32 milliards de dollars en 2018, le marché de la robotique pourrait passer à 500 milliards d’ici 2025.
Via la logistique
C’est au travers du secteur de la logistique qu’Alice Lhabouz, présidente du gestionnaire français Trecento, aborde la robotique. Celle-ci permettrait de gagner jusqu’à 50% de place dans les entrepôts. Pas étonnant que les logisticiens y consacrent aujourd’hui des investissements colossaux. Son titre favori: GXO Logistics. Centrée sur le stockage et non sur le transport, GXO est peut-être l’entreprise qui a le plus investi dans la robotisation, ce qui lui donne un important avantage concurrentiel en matière d’efficacité, d’où une croissance double de celle du marché. Ceci étant, après avoir chuté de moitié, l’action GXO Logistics a retrouvé son niveau d’introduction en Bourse de l’été 2021. Le fonds Trecento Robotique affiche une performance annuelle moyenne fort maigre de 4,2% sur les cinq dernières années.
L’étoile filante ASM
Diversification géographique très semblable aux deux fonds précédents pour le Belfius Equities Robotics & Innovative Technology. Et forte présence d’Alphabet dans le portefeuille, avec pas moins de 6,5%. Après Microsoft, c’est Palo Alto Networks qui complète le podium, une entreprise spécialisée dans la sécurité des réseaux et ordinateurs. Un parcours boursier atypique: l’action n’a cédé “que” 20% depuis son sommet, et il date d’avril dernier. Et une belle performance: le cours a doublé en deux ans. Suivent AMD, un géant des semi-conducteurs, et Aptiv, entreprise naguère appelée Delphi et ancienne filiale de General Motors, fabricant d’équipements automobiles. Un choix moins heureux que le précédent, puisque son cours a fort chuté depuis son sommet de la fin 2021 et qu’il ne dépasse guère le niveau de 2018.
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Le portefeuille un peu atypique du fonds CS (pour Crédit Suisse) Robotics ne lui a pas porté chance, sa performance étant franchement plus faible que celle de ses pairs. Il est investi à plus de 30% en Europe. Pas d’Alphabet ici, alors que c’est Trimble, concepteur de technologies très diverses, qui figure en tête des participations. Il est suivi par le néerlandais ASM (semi-conducteurs). Encore en chute d’un tiers sur son sommet de 2021, à un peu moins de 300 euros, l’action vient de… 35 euros au début 2019! Deux fois mieux que son compatriote et presque homonyme ASML, qui a “seulement quadruplé”. Choix moins heureux que Cognex, fabricant de systèmes de vision utilisés dans l’automatisation, et Splunk (logiciels d’analyse): leurs cours actuels retrouvent grosso modo leur moyenne de 2018.
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