Pollution de l’eau: l’industrie textile dans le viseur

Un ouvrier travaillant dans une usine de teinture. Les petits opérateurs de teinture textile du Bangladesh évacue les déchets de leurs activités directement dans les étangs et les rivières, ce qui est nocif pour l'homme et pollue l'environnement. La plupart des travailleurs souffrent de maladies de la peau en raison de l'absence de mesures de précaution appropriées. © Getty images

Nos ressources en eau diminuent à mesure que les températures montent. Certaines industries, dont celle du textile, vont devoir changer de modèle économique, exige l’Union européenne.

Il faut 2 700 litres d’eau douce pour fabriquer un seul tee-shirt en coton. C’est l’équivalent de ce que boit une personne en 2 ans et demi. En deux phrases, on comprend donc tout de suite l’enjeu qui se joue actuellement au sein de l’industrie textile et de sa consommation d’eau. 

Car ce n’est plus un secret, notre réserve en eau diminue. Certains parlent de “guerre de l’eau” depuis plusieurs années déjà. Une guerre qui s’est matérialisée dernièrement chez nos voisins français suite aux violences autour de la création de méga-bassines pour stocker de l’eau. En Belgique, les tensions apparaissent également, notamment en Flandres, moins pourvu en eau que la Wallonie.

Alors on cherche les coupables, celles et ceux qui consomment trop, ou plutôt qui gaspillent trop. Et, encore une fois, l’industrie textile se retrouve en ligne de mire. 

Au-delà de l’hyper consommation, le problème de la pollution de l’eau

La production textile est très gourmande en eau, et exige en plus des terres pour cultiver le coton et d’autres fibres. L’Union européenne a estimé qu’en 2015, l’industrie mondiale du textile et de l’habillement a utilisé 79 milliards de mètres cubes d’eau. En 2017,  le besoin en eau de l’ensemble de l’économie européenne s’est élevé à 266 milliards de mètres cubes. L’industrie textile représente donc environ 30% de la consommation d’eau de l’ensemble de l’économie européenne.

Et contrairement à d’autres secteurs hyper consommateurs en eau comme l’agriculture, il est difficile pour l’industrie du textile de justifier la nécessité de consommer autant, puisqu’à preuve du contraire, elle ne nous nourrit pas. 

Mais ce n’est pas tout, car au-delà de la problématique autour de la consommation, c’est le gaspillage de l’eau qui est pointé du doigt. Le secteur textile est en effet la troisième plus grande source de dégradation de l’eau en 2020. 

L’Union européenne estime que la production textile est responsable d’environ 20% de la pollution mondiale d’eau potable, et notamment à cause des teintures et autres produits de finition. Les vêtements synthétiques sont eux responsables de 35% des microplastiques primaires rejetés dans l’environnement. 

Ainsi, une seule lessive de vêtements en polyester peut libérer 700 000 fibres microplastiques. Et la majorité des microplastiques des textiles est libérée lors des premiers lavages. La fast fashion a empiré ce phénomène car basée sur une production de masse, des prix bas et des volumes de vente élevés. Celle-ci favorise l’achat excessif de vêtements et entraîne donc l’augmentation du nombre de premiers lavages.

Les solutions envisagées par les États européens

Parmi les stratégies envisagées pour s’attaquer à ce problème se trouve le développement de nouveaux modèles commerciaux tournés vers la location de vêtements et la réutilisation. En effet, entre 2000 et 2015, la production de vêtements a doublé, tandis que l’utilisation moyenne d’un vêtement a diminué. L’explosion des friperies et de la seconde main est donc en ce sens plutôt une bonne nouvelle. 

L’autre enjeu est le recyclage des vêtements, puisqu’aujourd’hui, 87% des vêtements usagés sont incinérés ou mis en décharge. Les technologies doivent évoluer pour permettre de recycler ces produits. Il est également nécessaire de convaincre les consommateurs d’acheter moins de vêtements et de meilleure qualité. 

Dans les faits, l’Union européenne veut légalement obliger les fabricants et les grandes entreprises de mode à fonctionner de manière plus durable. Ainsi, le 1er juin, les députés européens ont présenté des mesures plus strictes telles que : l’obligation pour les pays européens de collecter séparément les textiles d’ici 2025 ; la responsabilisation des producteurs sur leurs produits tout au long de la chaîne de valeur, y compris lorsqu’ils deviennent des déchets ; et aider les consommateurs à choisir des textiles durables. L’UE dispose notamment de son écolabel, que les producteurs peuvent apposer sur leurs articles lorsqu’ils respectent certains critères écologiques.

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