Travaux, mobilité et énergie: le crédit à la consommation change de visage 

Sébastien Buron
Sébastien Buron Journaliste Trends-Tendances

D’un outil pour faire face aux imprévus, il est devenu l’allié des projets de vie durables. De plus en plus de Belges, et notamment les jeunes, l’utilisent pour rénover leur logement ou adopter des solutions de mobilité durable. Mais attention au coût…

Flexible et rapide, le crédit à la consommation séduit de plus en plus de Belges désireux de rénover leur logement sans passer par le long parcours administratif d’un prêt hypothécaire. En quelques jours seulement, la banque débloque l’argent — sans garantie hypothécaire ni frais de notaire — pour financer l’installation de panneaux solaires ou d’une pompe à chaleur, l’achat d’un vélo électrique ou encore l’isolation d’une pièce.

Merci la transition verte !

Longtemps perçu comme un outil d’appoint pour faire face à l’imprévu (remplacement de la machine à laver, achat d’une nouvelle télévision, etc.), voire ayant mauvaise presse comme cause du surendettement des ménages, le crédit à la consommation s’impose désormais comme un levier de projets durables.

“On observe une évolution nette : le crédit à la consommation est mieux perçu. Environ 60 % des personnes sondées ont un avis positif ou neutre. On est passé d’un outil pour gérer les imprévus à un moyen de financer des projets de vie comme la mobilité douce ou la rénovation énergétique”, explique Olivier Kling, CEO de Cofidis Belgique.

Premier acteur non bancaire du secteur, juste derrière les principales banques du pays (KBC, BNP Paribas Fortis, Belfius, ING, Beobank et Crelan), l’entreprise célèbre cette année ses quarante de présence en Belgique. Solidement installée à Tournai et employant 450 collaborateurs, la filiale du groupe français qui fait partie du Crédit Mutuel Alliance Fédérale totalise 450.000 clients pour un volume de 926,3 millions d’euros de financements réalisés en 2024.

Cette évolution se confirme dans les chiffres. Les Belges se tournent vers des biens plus coûteux mais aussi plus durables : la part des financements liés à la rénovation énergétique, aux équipements performants ou à la mobilité douce ne cesse d’augmenter.

Hausse du montant moyen emprunté

Bien que la Belgique ait entamé un plan imposant des rénovations énergétiques, les particuliers ne semblent pas uniquement motivés par la réglementation. Beaucoup souhaitent améliorer la performance énergétique de leur logement ou adopter une mobilité plus respectueuse de l’environnement par conviction écologique ou pour réaliser des économies à long terme. Cette dynamique individuelle montre que la transition ne repose pas uniquement sur des obligations, mais aussi sur une volonté croissante d’agir.

Selon la BNB, 400 milliards d’euros seront nécessaires pour transformer le parc immobilier du pays. Dans ce contexte, le crédit à la consommation apparaît, pour certains ménages, comme une solution accessible pour concrétiser ces projets.

La meilleure preuve en est que le montant moyen d’un prêt à tempérament tous buts s’élève désormais à 14.336 euros, contre 13.701 euros l’an dernier et 13.593 euros en 2023. Aujourd’hui, 35 % des crédits concernent la mobilité et 25 % les biens de consommation.

Nouveaux modes de vie

La tendance touche particulièrement les jeunes : un Belge sur cinq de moins de 34 ans a contracté un crédit au cours des douze derniers mois. Le montant moyen d’une ouverture de crédit atteint 2.480 euros, signe d’une volonté de financer rapidement des projets concrets, sans attendre plusieurs mois de démarches.

“Les jeunes générations sont de moins en moins attachées à la propriété, et donc plus enclines à financer des projets ou des expériences. La diversification croissante des parcours de vie : les carrières ne sont plus linéaires, beaucoup de gens alternent les expériences professionnelles, jobs temporaires. Ces nouveaux modes de vie appellent des solutions de financement plus souples, capables de s’ajuster à des revenus intermittents”, indique Gilles Sauret, Président du directoire chez Cofidis Group.

Et Olivier Kling d’illustrer : “Cette année, nous avons par exemple lancé une grande opération de financement à 0 % pour les vélos, sur le premier semestre. C’est une façon pour nous d’accompagner les évolutions sociétales et de soutenir la mobilité douce. Nous voulons être un acteur de la transition durable, que ce soit sur le plan climatique ou dans les nouvelles habitudes de consommation. Nous avons travaillé avec plusieurs partenaires, notamment Lucien et Bicyclic, et financé plusieurs milliers de vélos.”

Reste que tout a un coût. Malgré certaines promotions ponctuelles ou d’éventuelles ristournes, si les travaux de rénovation servent par exemple à réduire la consommation d’énergie de l’habitation, les taux d’intérêt d’un crédit à la consommation restent plus élevés que ceux d’un prêt immobilier. Sans oublier que la durée de remboursement est plus courte, ce qui alourdit aussi les mensualités.

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