Le tourisme sportif, un vrai accélérateur économique pour l’Europe

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Se détendre à la plage, profiter de la vie nocturne ou s’immerger dans la nature : les raisons de voyager sont multiples. Mais une motivation gagne du terrain depuis plusieurs années et redessine la carte du tourisme mondial : le sport. Cette tendance, longtemps perçue comme marginale, est devenue un levier stratégique pour l’Europe, qui en récolte aujourd’hui les fruits.

Pour un nombre croissant de voyageurs, la pratique sportive n’est plus un simple à-côté des vacances, mais l’objectif même du séjour. Qu’il s’agisse de participer à une compétition, de s’entraîner dans un environnement optimal ou de s’offrir un défi personnel, le tourisme sportif “actif” attire une clientèle engagée, dépensière et fidèle.

À cela s’ajoute le tourisme sportif “passif”, nourri par les grands événements qui structurent le calendrier européen : Wimbledon, Roland-Garros, les 24 Heures du Mans, Spa-Francorchamps, les grands championnats de football ou encore les Jeux olympiques.

Un moteur de croissance majeur pour le Vieux Continent

Évalué à 618 milliards de dollars en 2024, le marché mondial du tourisme sportif pourrait dépasser les 2 000 milliards en 2032. L’Europe y joue un rôle central : elle représentait déjà 40,34 % du marché en 2023, une domination portée par la densité de ses infrastructures, la qualité de ses installations et la fréquence de ses événements internationaux.

Pour les économies européennes, les bénéfices sont multiples :

  • hausse des revenus touristiques, grâce à une clientèle qui dépense davantage en hébergement, restauration et équipements ;
  • allongement des saisons touristiques, particulièrement grâce à l’essor des épreuves d’endurance et des stages sportifs organisés hors haute saison ;
  • diversification des territoires, avec l’émergence de destinations de niche (cyclisme dans les Alpes, triathlon au Portugal, trail dans les Balkans, sports nautiques en Méditerranée) ;
  • attractivité renforcée pour les investissements publics et privés, qu’il s’agisse de moderniser les stades, d’aménager des pistes cyclables ou de créer de nouveaux centres d’entraînement.

Les grandes puissances sportives que sont le Royaume-Uni, l’Allemagne ou la France voient ainsi leur influence touristique s’étendre bien au-delà des frontières européennes, attirant chaque année des millions de visiteurs motivés par un événement, un club mythique ou une expérience sportive unique.

Les ressorts d’un boom très européen

Plusieurs facteurs alimentent la dynamique sur le marché du tourisme sportif, dont l’Europe profite pleinement :

  • Les avancées technologiques : les montres et bracelets connectés – aujourd’hui accessibles au plus grand nombre – offrent des suivis poussés des performances et stimulent l’engagement dans le sport.
  • Les réseaux sociaux, qui nourrissent l’effet de mode autour d’un sport ou d’une région particulièrement propice à la pratique de telle ou telle activité. À cela s’ajoutent les applications mobiles qui, elles aussi, permettent un suivi poussé de ses performances, mais surtout de les partager sur les réseaux sociaux et de motiver ses proches à faire de même.
  • La professionnalisation de l’offre, portée par les agences spécialisées et les plateformes de réservation.
  • Le soutien massif des institutions, désireuses d’attirer des compétitions internationales et de promouvoir la pratique sportive.

Résultat : des événements qui affichent complet, des courses qui attirent des milliers de participants étrangers, et une image européenne renforcée autour du bien-être, du dynamisme et du sport accessible.

« De nombreux voyageurs choisissent désormais leur destination en fonction d’un sport ou d’une activité de plein air spécifique », observe Fortune Business Insights, « ce qui stimule fortement l’affluence touristique et renforce la croissance du segment », notamment en Europe.

Une manne économique… encore sous conditions

Le tourisme sportif génère des retombées locales majeures : emplois, revenus, dynamisme culturel et médiatique. « Les épreuves d’endurance prolongent la saison touristique et attirent des visiteurs plus engagés », rappelait récemment Iva Belaj Šantić, directrice de l’office du tourisme de Hvar, auprès de la BBC.

Mais cette croissance a un effet pervers évident : une empreinte carbone liée aux déplacements qui monte en flèche. Que ça soit pour assister à une compétition internationale à l’autre bout du globe ou pour multiplier les courts séjours dans les pays voisins le temps de courir un marathon, le tourisme sportif a un impact écologique significatif. Un aspect volontairement mis de côté, en raison des bienfaits économiques qu’il génère et du sentiment d’accomplissement personnel qu’il procure.

Pour l’heure, la réponse des autorités face aux dérives écologiques du tourisme sportif reste timide. Elle se limite essentiellement à encourager l’usage des transports publics ou du covoiturage, et à promouvoir une meilleure gestion des déchets — gobelets réutilisables, ravitaillements responsables, logistique plus sobre. Mais sans mesures plus ambitieuses ni cadre contraignant, rien ne semble en mesure de freiner la croissance de ce type de tourisme.

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