Taxe de 2 euros sur les colis : une première étape, non sans risque pour la Belgique

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Le secteur belge de l’e-commerce accueille avec un optimisme mesuré la décision du gouvernement d’instaurer une taxe de 2 euros sur les colis importés de pays hors Union européenne. Une avancée jugée positive, mais qui ne suffira pas à elle seule à rétablir l’équilibre concurrentiel face aux géants asiatiques.

En prenant cette initiative, la Belgique se positionne en pionnière dans la lutte contre la concurrence déloyale, principalement issue de plateformes chinoises. Elle devance ainsi le projet européen visant à taxer les petits colis importés hors UE, dont l’entrée en vigueur n’est espérée qu’à l’horizon 2026. Mais cette avance pourrait paradoxalement pénaliser le pays.

Le fait est que la concurrence déloyale provenant de Chine touche toute l’Europe. Or, l’UE avance plus lentement que la Belgique dans la mise en œuvre de mesures correctives. La suppression de l’exemption des droits de douane sur les petits colis a été approuvée par les ministres des Finances de l’UE à la mi-novembre, mais elle ne sera en effet pas mise en œuvre avant un moment.

En devançant l’UE, la Belgique se tire potentiellement une balle dans le pied si d’autres États membres ne suivent pas rapidement son exemple, souligne la fédération belge de l’e-commerce, Becom. « Il existe donc un risque qu’à court terme, une partie du problème se déplace vers des pays qui n’appliquent pas de frais de traitement », prévient Greet Dekocker, Managing Director de Becom.

Et ce n’est pas le seul problème, puisque selon les principaux intéressés, les services de livraison, les recettes attendues ne suffiront pas à combler le déficit administratif.

Réinvestir dans la Douane

La décision du gouvernement fédéral de s’attaquer au problème de la concurrence déloyale venue hors de l’Europe est « admirable et absolument nécessaire », souligne également Becom. « C’est un signal positif pour l’e-commerce belge que nous ne pouvons qu’applaudir. Nous tenons toutefois à apporter immédiatement quelques nuances », poursuit-elle.

La Belgique devrait traiter d’ici la fin de l’année quelque 1,4 milliard de colis importés via Bierset. Avec l’arrivée de la taxe de 2 euros, le potentiel de recettes est considérable. Becom plaide dès lors pour que ces montants soient partiellement réinvestis dans « des infrastructures permettant à la douane belge d’identifier efficacement les colis qui ne respectent pas les règles européennes ». Concrètement, une combinaison de technologies adaptées et de personnel formé aux défis numériques.

« C’est ainsi que nous pourrons réellement protéger le consommateur contre des produits dangereux, toxiques ou peu fiables », insiste Greet Dekocker.

Les enjeux sont loin d’être théoriques. Selon une réunion confidentielle entre Becom et une délégation chinoise, seules 13 % des quelque 700.000 petites entreprises de production chinoises seraient aujourd’hui en mesure de se conformer aux normes européennes de sécurité. La délégation s’est toutefois dite prête à renforcer la diffusion d’informations sur la législation européenne. Un geste perçu par Becom comme une étape supplémentaire vers une concurrence plus équitable pour les acteurs belges du commerce en ligne.

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