Avec la reprise des magasins Colruyt en France, les Mousquetaires signent une belle opération. Avec cette opération, l’enseigne belge arrête les frais d’une activité non rentable alors que pour Les Mousquetaires, l’opération pourrait non seulement rentabiliser rapidement l’investissement initial, mais aussi consolider la position du groupe face à des concurrents comme Leclerc ou Carrefour, dans un marché en pleine recomposition.
Le Groupement Les Mousquetaires a franchi une nouvelle étape stratégique en reprenant les magasins Colruyt en France. Grâce à ce nouvel investissement, Les Mousquetaires vont consolider leur position dans le top 3 des distributeurs français et ainsi renforcer leur poids face à Carrefour, Leclerc, et Auchan. Cet effet de taille est également un avantage pour négocier avec les fournisseurs et permet de réduire les coûts logistiques grâce à une meilleure couverture. Et avantage considérable, le groupe n’a pas eu à sortir son portefeuille puisque ce sont les adhérents eux-mêmes qui ont fait des offres pour racheter les points de vente. Selon les calculs des médias français, il faut dépenser entre 2,5 et 3 millions d’euros pour s’offrir un magasin Colruyt, et y rajouter le montant lié aux travaux de rénovation, soit quelques centaines de milliers d’euros.
Consolidation du marché
Le français poursuit ainsi sa stratégie de grignotage intensif afin d’atteindre 20% de parts de marché d’ici 2028. Le réseau de magasins Colruyt, d’une surface d’environ 1.000 m² – vient ainsi compléter les 300 hypermarchés et supermarchés rachetés à Casino fin 2023. Outre le gain de part de marché, l’acquisition permet au groupement Les Mousquetaires de consolider leur présence, notamment dans des zones où leur couverture était plus faible, principalement dans l’Est et le Centre de la France. « Il y a de véritables similitudes entre les deux entreprises qui ont pour habitude de faire les choses par elles-mêmes que ce soit au niveau de l’immobilier, production ou communication », explique Pierre-Alexandre Billiet, CEO de Gondola. “La seule différence est que l’une est une coopérative et l’autre une société familiale.”
Avec cette reprise des supermarchés Colruyt, c’est une belle opération que réalisent Les Mousquetaires : le marché français étant en pleine restructuration, avec de nombreuses fusions et acquisitions. Carrefour a par exemple absorbé Cora et Match, renforçant sa position dans le Nord et le Sud-Est. E. Leclerc reste dominant dans l’Ouest et l’Est alors que Auchan et Système U cherchent aussi à se repositionner via des alliances ou des rachats. “Après cette vague de consolidation, le marché se dirige vers des acquisitions de titan, il faudra donc peser lourd pour s’en sortir”, analyse le CEO de Gondola. “Les magasins Colruyt constituaient le dernier gros morceau du gâteau sans risquer l’indigestion.”
Une croissance prometteuse
Cette opération, estimée à 215 millions d’euros, s’inscrit dans une dynamique de consolidation du marché de la grande distribution. Elle permettrait au groupe de renforcer sa présence dans des zones géographiques clés et de générer un chiffre d’affaires annuel estimé entre 215 et 255 millions d’euros à horizon 2028.
Au-delà de l’impact financier immédiat, cette acquisition s’inscrit dans une logique de croissance durable. Elle offre aux Mousquetaires l’opportunité d’atteindre leur objectif de 20 % de parts de marché tout en optimisant leur maillage territorial. Toutefois, l’intégration de ces points de vente représente un défi logistique, commercial et social. Il faudra notamment harmoniser les systèmes, fidéliser les clients locaux et accompagner les équipes dans la transition.
Les projections de croissance pour les magasins repris sont prometteuses. Selon les scénarios envisagés. En cas de croissance faible (1,5 %/an), le chiffre d’affaires passerait de 215 M€ en 2023 à environ 231 M€ en 2028. En cas de scénario de croissance élevée (3,5 %/an), le chiffre d’affaires atteindrait environ 255 M€ en 2028. Si ces enjeux sont bien maîtrisés, cette reprise pourrait devenir un véritable catalyseur de performance pour le groupe. L’opération pourrait non seulement rentabiliser rapidement l’investissement initial, mais aussi consolider la position du groupe face à des concurrents comme Leclerc ou Carrefour, dans un marché en pleine recomposition.