Pourquoi cette inflation record dans les produits alimentaires?
Alors que l’inflation générale a tendance à se stabiliser, celle qui touche les produits alimentaires a atteint pour la première fois 20,6%, record absolu selon Testachats. En cause? Un phénomène de rattrapage: les prix en rayon ont augmenté avec un certain retard par rapport aux autres produits.
Une famille dépense aujourd’hui 89 euros de plus par mois au supermarché, estime Test-Achats. L’inflation dans les produits alimentaires atteint des records principalement à cause des légumes, 31% plus chers en mars 2023 qu’en mars 2022. “Et si l’on ne tient pas compte des pommes de terre qui connaissent une hausse moins marquée, l’inflation pour les légumes atteint 40%”, ajoute l’organisation.
Alors que la hausse des prix de l’énergie était la principale cause de l’inflation, c’est aujourd’hui l’alimentation et les boissons non alcoolisées qui ont le plus contribué à faire grimper les prix, avec 3,12 points de pourcentage. “Ce sont plus particulièrement les prix des huiles, du poisson, des produits laitiers, du pain et des céréales ainsi que de la viande qui ont fortement augmenté ces derniers mois”, précise Statbel, l’office belge de statistique.
La fédération de l’industrie alimentaire belge Fevia fait remarquer que les coûts de production ont grimpé de manière spectaculaire au cours des deux dernières années en raison notamment du covid et de la guerre en Ukraine. Les entreprises alimentaires ont, comme les autres, dû faire face à la hausse des prix de l’énergie.
Le secteur a d’ailleurs été particulièrement impacté puisque la plupart de ces entreprises utilisent soit des frigos, soit des fours, particulièrement énergivores. S’ajoutent en outre la hausse des prix des matières premières, des emballages, l’indexation des salaires mais aussi le coût des transports, qui a doublé.
Rythme plus lent
Les entreprises alimentaires belges ont cependant très peu eu la possibilité de répercuter l’augmentation de ces coûts sur leurs clients, en particulier sur la grande distribution. La raison? Les contrats conclus entre fournisseurs et distributeurs. “Pendant longtemps, les prix de l’alimentation et des boissons ont augmenté à un rythme plus lent que l’inflation générale, exerçant une forte pression sur les marges de tous les maillons de la chaîne”, explique la Fevia. Le secteur alimentaire a pourtant réalisé un chiffre d’affaires record de 75,9 milliards d’euros en 2022, mais le volume de biens vendus a chuté de 3%.
“Ce record était principalement dû aux augmentations de prix mais ces dernières ont aussi entraîné davantage d’achats aux frontières”, ajoute la Fevia. Il faudra d’ailleurs faire preuve de patience pour assister à une baisse des prix de l’alimentation puisque la FAO, l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, a indiqué que les prix des matières premières et de l’énergie devraient rester à un niveau élevé pendant encore un certain temps. Sans oublier que la baisse des prix des fournisseurs ne se reflète effectivement dans les contrats conclus avec les distributeurs qu’après un autre labs de temps.
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