L’argent de poche, une leçon de responsabilité dès le plus jeune âge

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Donner de l’argent de poche à un enfant, ce n’est pas seulement un geste financier : c’est une première leçon de responsabilité, d’autonomie et de gestion. L’objectif ? Apprendre à faire des choix, épargner et se confronter à la valeur de l’argent dès le plus jeune âge.

Selon des données dévoilées par Wikifin[1], 3 jeunes sur 5 (âgés de 6 à 24 ans), soit 60 %, reçoivent de l’argent de poche. Voilà qui relance la sempiternelle question : oui, mais, combien doit-on donner ? Quel montant offrir chaque semaine ou chaque mois à son enfant ?

Toujours, selon WikiFin, les adolescents belges reçoivent généralement entre 10 et 100 € par mois, en fonction de leur âge et de leur maturité. Mais la réelle importance est d’adapter le montant à l’évolution de l’enfant et surtout selon ses moyens. Certaines familles privilégient une petite somme hebdomadaire, d’autres optent pour un versement mensuel. Ce qui compte, c’est la régularité, selon le site du programme d’éducation financière de la FSMA.

Après la question du « combien ? » vient tout de suite la question de l’âge. « À partir de 10 ans, explique Sabine Courtin, manager Go-to Market & Value Proposition Daily Banking chez Crelan, un enfant peut déjà apprendre à gérer son argent, avec une carte bancaire jeunesse ou une appli sécurisée. Ce n’est pas juste une question de chiffres : c’est le début d’un apprentissage concret, celui de suivre ses dépenses, mettre un peu de côté, réfléchir avant d’acheter… En fait, c’est un premier pas vers la vraie vie. »

Apprendre à dépenser pour apprendre l’autonomie

Donner de l’argent de poche, ce n’est pas seulement offrir quelques euros : c’est transmettre des valeurs essentielles comme la responsabilité, la patience et l’autonomie. Dès l’enfance, l’enfant apprend à faire des choix, à hiérarchiser ses envies et parfois à attendre pour financer un achat plus important.

Cette éducation financière progressive commence par une friandise achetée à la boulangerie et peut mener à la gestion d’un budget pour un vêtement ou une sortie entre amis. Elle favorise aussi l’autonomie sociale, qu’il s’agisse d’offrir un petit cadeau, de participer à une activité scolaire ou d’économiser pour un projet personnel.

Les erreurs font partie de l’apprentissage : un achat impulsif ou un oubli de portefeuille deviennent des occasions de progresser. « Il ne faut pas culpabiliser l’enfant, conseille Sabine Courtin, mais lui en parler calmement. Chaque erreur est une leçon : c’est en discutant des conséquences de ses choix qu’il comprend comment mieux gérer son budget la prochaine fois. »

Quelques conseils

• N’hésitez pas à parler d’argent. Précisez le prix d’un article, par exemple, ou expliquez combien vous gagnez.
• Donnez de l’argent de poche pour apprendre au jeune à gérer un budget.
• Citez des exemples dans leur cadre de vie, le prix d’un GSM par exemple.
• Expliquez la nécessité d’épargner.
• Expliquez les avantages des intérêts composés et l’utilité de commencer à investir suffisamment tôt, pour pouvoir s’acheter une maison plus tard ou préparer sa retraite, par exemple.

Un cadre clair

Pour que l’argent de poche remplisse pleinement son rôle éducatif, il doit s’inscrire dans un cadre strict, mais rassurant pour l’enfant. Ce dernier a besoin de règles simples : savoir ce qu’il peut acheter, comment gérer son budget et que faire en cas de dépassement. L’objectif est de créer un environnement qui favorise les bons réflexes, comme comparer les prix, attendre les soldes et les promotions ou épargner plutôt que de tout dépenser immédiatement.

Dès le départ avec l’enfant, il est essentiel de convenir de la manière dont il peut utiliser son argent. Chaque décision intelligente mérite d’être soulignée : un achat réfléchi ou une épargne régulière sont autant de comportements à encourager par des compliments.

L’argent de poche participe à l’éducation financière. “Il n’y a évidemment aucune obligation, nous expliquait Yves Coemans, attaché à Gezindsbond (l’équivalent flamand de la Ligue des familles), mais donner de l’argent de poche permet à l’enfant de s‘essayer à la gestion d’un budget.”

Mais donner de l’argent de poche uniquement ne suffit pas, il faut en parler avec son enfant. “Il faut aussi en parler, précise Yves Coemans. Es-tu satisfait? Cela suffit-il? Tu arrives à épargner?” L’éducation financière va bien au-delà de la quantité d’euros.

Quelques chiffres

Une étude récente, menée par Ipsos pour Crelan auprès de 1.500 Belges[2], révèle que 92 % des jeunes de 16 à 24 ans possèdent déjà un compte à vue ou un compte d’épargne ou envisagent d’en ouvrir un. Ce chiffre illustre à quel point la question de l’éducation financière se pose de plus en plus tôt.

• Les comptes d’épargne et les comptes courants sont les produits les plus répandus.
• Environ 30 % des jeunes adultes (18-24 ans) possèdent une carte de crédit, et 16 % investissent activement, les fonds et les actions étant les options les plus prisées.
• Près de 85 % des grands-parents et parents ont ouvert un produit financier pour leurs petits-enfants ou enfants ou envisagent de le faire.
• 40 % des jeunes n’ont pas d’objectifs financiers ou n’en ont pas indiqué. Quand un objectif est spécifié, l’accent est mis sur l’épargne (43 %). Parmi les autres objectifs figurent : vivre de manière autonome (16 %) et posséder une voiture ou un permis de conduire (7 %).

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[1] www.wikifin.be – Article ‘Faut-il donner de l’argent de poche ?’ du 24 avril 2025

[2] L’étude a été réalisée entre le 17/07/2025 et le 08/08/2025, auprès d’un échantillon de 1.504 Belges. Les différences significatives sont toujours testées à un niveau de confiance de 95 %.

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