Croatie : un boycott massif des consommateurs fait chuter le chiffre d’affaires des commerçants de 50 %
En Croatie, le chiffre d’affaires des commerçants a chuté de 50 % vendredi dernier, selon l’administration fiscale. C’est la conséquence d’un appel réussi au boycott lancé par des associations de consommateurs pour protester contre la forte hausse des prix dans le pays.
En Croatie, des appels ont été lancés au boycott des supermarchés, des chaînes de vente au détail et des stations-service en raison de la forte hausse des prix dans le pays. C’est la plateforme de consommateurs “Halo Inspectore” qui a lancé cette initiative. Le Centre européen d’excellence du consommateur (ECIP), des syndicats, des partis politiques et même le ministre de l’Économie soutiennent le boycott rapporte le média croate H1.h.
Boycott réussi
Les organisateurs accusent les commerçants d’être les principaux responsables de l’inflation, qui a atteint 4,5 % en décembre contre 2,4 % en moyenne dans la zone euro. « Les commerçants n’imaginaient pas une telle révolte », s’est félicité dans les médias locaux Josip Kelemen, de l’association de consommateurs Halo inspektore. Mais plusieurs économistes préviennent que l’impact de cette initiative sera faible. Ils affirment que la hausse des prix n’est de toutes les façons pas le facteur principal d’inflation.
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« Un choc »
Ce boycott des supermarchés en Croatie est donc une belle réussite. “Pour les commerçants, c’était un choc. Pour la première fois, des consommateurs font entendre leur voix haut et fort. La situation des prix en Croatie est anormale. Les consommateurs exigent maintenant que tous ceux qui établissent les prix et qui disposent des outils pour contrôler le marché résolvent ce problème”, souligne Kelemen dans une interview à Novi List, l’un plus influents quotidiens croates.
Kelemen souligne que les consommateurs ne peuvent pas faire pression sur les fournisseurs et les autres acteurs de la chaîne de marché, mais qu’ils le peuvent sur les détaillants. Il répète que ce ne sont pas les consommateurs qui doivent répondre à ces questions, mais les fournisseurs, les commerçants et le gouvernement. « Les consommateurs, ne peuvent qu’espérer que les mécanismes initiés par l’État porteront bientôt leurs fruits”, ajoute-t-il.
Diminution de 50% du chiffre d’affaires
A 16h vendredi, les commerçants du pays ont encaissé 50 % de chiffre d’affaires de moins qu’à la même heure le vendredi d’avant, a précisé l’administration fiscale dans un communiqué. « Les commerçants ne vont pas souffrir financièrement, mais c’est un message important, symbolique. La hausse anormale des prix doit cesser », explique à l’AFP Danko Horvat, barman à Zagreb qui a décidé de suivre cette grève des achats de 24h.
Les autorités réagissent
L’action a également impressionné les autorités. Le Premier ministre de droite, Andrej Plenkovic, a estimé que ce boycott était un « message important et organisé des citoyens qui souhaitent surveiller et comparer les prix » avec ceux d’autres pays. Le mouvement sera pris en compte lors de la révision des produits de première nécessité dont les prix sont limités, a-t-il déclaré lors d’une réunion du gouvernement.
La Croatie, qui a rejoint la zone euro en 2023, doit gérer un secteur public pléthorique, l’une des TVA les plus élevées de l’Union européenne (25 %), un vieillissement et une baisse de sa population, passée de 4,5 à 3,8 millions en 25 ans. Le salaire moyen en novembre y était de 1.366 euros.