Coca Cola, Heinz, Starbuck ou Apple… boycotter les produits américains, pas si simple

Alors que Donald Trump a annoncé des droits de douane de 25 % sur les produits européens, chinois et canadien, l’idée d’un boycott en guise de riposte fait son chemin dans plusieurs pays. Mais est-ce vraiment possible ?
Achetez européen, c’est le message des consommateurs excédés par le comportement hostile du Président Donald Trump envers l’Europe. Après l’annonce des droits de douane sur les produits canadiens, chinois et européen, l’idée d’un boycott sur les produits américains prend de plus en plus d’ampleur. Ces dernières semaines, plusieurs groupes ont vu le jour sur les réseaux sociaux, listant les produits et services à mettre à l’index. Si l’impact de cette action est encore difficile à évaluer, les participants espèrent inspirer une mobilisation plus large, au niveau européen, capable de faire trembler les entreprises américaines.
Un label européen
Ce sont principalement les pays nordiques qui sont les instigateurs de ce mouvement. En Suède et au Danemark par exemple l’appel à acheter européen est entendu par les entreprises. Le groupe de supermarchés Salling Group, le plus grand du Danemark, a par exemple réagi en créant un nouveau label pour les produits européens. “Nous facilitons l’achat de produits européens”, déclare Anders Hagh, CEO de Salling Group, sur le réseau professionnel LinkedIn. “Récemment, nous avons reçu plusieurs questions de clients qui souhaitent acheter leurs produits d’épicerie auprès de marques européennes. C’est pourquoi nous introduisons un nouveau marquage sur nos étiquettes de prix électroniques dans les magasins Bilka, Føtex et Netto (chaînes de supermarchés danoises qui font partie du groupe Salling, ndlr). Un petit astérisque indiquera si une marque appartient à une entreprise européenne.” Le ressentiment des Danois est particulièrement important envers le Président des Etats-Unis après que celui-ci a annoncé qu’il n’excluait pas le recours à la force militaire pour prendre le contrôle du Groenland, qui fait partie de ce pays européen.
Boycott des voyages
Au Canada aussi l’appel aux boycott prends de l’ampleur à la suite de l’annonce des droits de douanes, des listes d’alternatives canadiennes aux produits américains sont partagées massivement sur les réseaux sociaux. Le premier ministre Justin Trudeau lui-même a d’ailleurs appelé – sur le réseau américain X – à «choisir des produits fabriqués chez nous, au Canada». Sur le terrain, le boycott se traduit dans tous les secteurs : des restaurateurs ont par exemple rayé de leur carte les vins californiens. La chaîne de supermarchés Loblaw suggère sur son application des produits alternatifs fabriqués localement. Et les Canadiens annulent en masse leurs projets de voyage aux États-Unis, à tel point que l’US Travel Association anticipe des pertes de 2,1 milliards de dollars (2 milliards d’euros), rapporte le magazine Forbes.
Impact sur l’économie européenne
Coca-Cola, Pepsi, Lay’s, Oreos, Starbucks, Amazon et Apple ou Google… Passer des paroles aux actes reste toutefois extrêmement complexe. Les produits américains sont omniprésents dans notre quotidien et, un boycott pourrait même s’avérer contre-productif pour l’économie européenne, car certaines grandes marques américaines fabriquent leurs produits en Europe. C’est le cas pour Coca-Cola en Belgique puisque son centre de recherche et développement est établi à Anderlecht. L’entreprise dispose de trois usines de production et quatre sites de distribution en Belgique et au Luxembourg. Les appels aux boycotts pourraient donc avoir un impact sur notre propre économie et sur l’emploi.
Pour l’heure, en tout cas, une entreprise fait déjà les frais de l’offensive trumpiste sur l’économie européenne : Tesla, dont les véhicules électriques connaissent une spectaculaire chute de ventes. Mais ce désaveu est davantage imputable aux dérapages d’Elon Musk qu’aux annonces de Donald Trump sur les droits de douane.
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