Cinq choses à savoir sur la fin programmée du code-barres
Le code-barres devrait disparaître d’ici 2027 pour laisser sa place au QR code. Retour sur une histoire de plus de cinq décennies où une entreprise belge joue un rôle clé.
Scanné pour la première fois sur un paquet de chewing-gum aux fruits le 26 juin 1974 aux États-Unis, il aura depuis conquis le monde et révolutionné le commerce de détail. L’idée remonte en réalité à 1948. Après la Seconde Guerre mondiale, deux ingénieurs, Normand Woodland et Bernard Silver, souhaitent trouver un moyen d’identifier chaque article d’un stock. Ils ont déjà développé un système de codage, mais il leur manque encore une manière de le rendre lisible par un lecteur optique. La légende dit que c’est en traçant 5 lignes avec les doigts de sa main sur le sable d’une plage de Miami, que Woodland aurait eu l’idée du code-barres. Il faudra cependant attendre 1952 pour qu’ils obtiennent un premier brevet. Et ce n’est que vingt ans plus tard que l’idée sera affinée et commercialisée par un autre ingénieur, George Laurer. Ce n’est que 3 avril 1973 que l’industrie et les grands distributeurs américains optent pour le système du code-barres pour identifier les produits de grande consommation. Deux ans plus tard, en 1975, les dirigeants du commerce et de l’industrie de douze pays européens embrayent et lancent le EAN-13, pour « European Article Number » à 13 chiffres.
24 barres pour 13 chiffres
Ces 24 barres plus ou moins larges (qui sont en réalité le code GTIN et ses 13 chiffres) sont depuis devenues le symbole d’une consommation de masse. Et vont chasser petit à petit les étiquettes de prix collés manuellement des emballages. Son apparition va surtout entraîner un gain de temps non négligeable puisqu’il permet d’éviter de changer d’étiquettes à chaque changement de prix, mais aussi les fastidieuses fermetures pour inventaire et l’encodage manuel des prix à la caisse. Cette carte d’identité est valable à l’échelle mondiale. Il va également permettre aux distributeurs de connaître en temps réel leurs ventes, mais aussi leurs stocks. A l’heure actuelle, on estime qu’on le retrouve sur un milliard de références. On scanne le code-barres aussi plusieurs milliards de fois par jour (entre 6 et 10 milliards selon les sources).
Derrière ce code-barres, une entreprise belge
C’est une organisation « neutre et à but non lucratif » qui se cache derrière la gestion actuelle du code-barres. Global Standard 1 (GS1), une association de droit belge, traite et délivre le « global trade item number » aux entreprises qui en font la demande pour un nouveau produit. Soit elle fournit un numéro unique et standardisé au niveau mondial. Elles devront pour cela s’acquitter d’un montant s’élevant de 98 à 4.400 euros. Le montant variant en fonction du chiffre d’affaires. GS1 réunit aujourd’hui pas moins de 57.000 entreprises.
Que cache un code-barres ?
Les deux ou trois premiers chiffres indiquent sa provenance. Ainsi si les numéros vont de 540 à 549 ils viennent de Belgique et de 690 à 695, c’est de Chine. Les quatre ou cinq chiffres suivants correspondent au numéro de membre au système European Article Numbering (EAN est le code internationalement utilisé) de l’entreprise. Les quatre ou cinq chiffres suivants sont le numéro de l’article en lui-même. Enfin, le dernier est une clé qui authentifie le code-barre.
Bientôt remplacé par le QR code
Mais cinq décennies après son apparition, il semble sur le point d’être relégué aux oubliettes de l’histoire. Car pour GS1, l’objectif est clairement de faire disparaître les codes-barres d’ici 2027.
Les temps changent et la consommation aussi. S’il convenait parfaitement aux produits sortis d’usine, le code-barres n’est aujourd’hui plus assez complet pour les nouveaux usages. Des nouvelles tendances qui impliquent souvent plusieurs vies à un bien de consommation. Un produit souvent reconditionné, revendu ou encore loué. Autant de changement de destinataire qui demande plus d’informations.
Allonger encore le code-barres n’étant pas une option, ce dernier est de plus en plus souvent remplacé par le code QR, pour Quick response ou réponse rapide. Ce damier blanc et noir inspiré du jeu de Go a été conçu au Japon en 1994. Si l’invention n’est pas neuve, les codes QR augmentés GS1, ou le GS1 DataMatrix, un code à barres bi-dimensionnel, contiennent par contre beaucoup plus d’informations qu’un simple code-barres.
Plus d’informations pour connaître le produit
“Ce futur code à barres sert de lien avec le monde digital et peut fournir beaucoup plus d’informations sur les produits via une page web ou base de données en ligne”, précise ainsi Jan Somers, CEO de GS1 Belgilux. Ils permettent notamment de les fournir en plusieurs langues via un seul lien, évitant ainsi de devoir les mettre en différentes langues sur l’étiquette même. Les clients pourront également connaître l’origine du produit. Mais aussi voir s’il contient des allergènes, s’il est biologique, s’il peut être recyclé et connaître son empreinte carbone, uniquement à l’aide de l’appareil photo de leur GSM. »
Pour GS1, ces nouveaux codes pourraient contribuer à la lutte contre les pertes alimentaires puisque la date de péremption sera connue directement à l’aide du CODE. Ce qui permettrait d’appliquer des réductions sur les produits sur le point d’expirer ou de bloquer la vente de produits périmés ou rappelés. Par ailleurs, certains produits reprennent déjà ces nouveaux codes à barres en Belgique et au Luxembourg.
Le GS1 Datamatrix contient l’identification du produit, le numéro de lot, la date de péremption et la sérialisation. Il est déjà obligatoire pour les médicaments. Plusieurs entreprises l’utilisent comme Johnson & Johnson ou encore Colruyt, qui y recourt pour ses produits à poids variable.
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