Brico veut franchiser plusieurs magasins : quelles conséquences pour l’emploi ?

Brico © Belga
Jennifer Mertens

Après l’avenir incertain de Carrefour en Belgique, c’est au tour de Brico de faire parler de lui. Pour assainir sa situation financière, la chaîne de bricolage envisage de céder dix magasins à des exploitants indépendants.

Globalement, Brico est toujours en difficulté financière. La chaine de bricolage doit trouver près de 100 millions d’euros pour rétablir ses finances, mais plusieurs banques partenaires ont déjà fait savoir qu’elles ne soutiendraient pas cette demande de financement, rapporte L’Echo et De Tijd. Faute de solution bancaire, l’enseigne doit donc activer d’autres leviers – à commencer par plus de franchisés.

Selon les syndicats, prévenus lors d’un conseil d’entreprise extraordinaire, Brico souhaite vendre dix magasins répartis en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles. Quatre d’entre eux pourraient basculer dès février, un calendrier jugé trop ambitieux par Koen Vanschoubroeck, représentant de l’ACV, rapporte le quotidien.

Une érosion qui se poursuit

Le recours à la franchise n’est pas nouveau pour Brico : sur les 138 magasins Brico, BricoCity et BricoPlanit, 81 sont déjà franchisés. En 2024, la maison-mère néerlandaise Maxeda a enregistré un recul de 3,9 % de son chiffre d’affaires sur le marché belge, passé de 808 à 768 millions d’euros.

Un signal préoccupant, alors que le groupe – également propriétaire de l’enseigne néerlandaise Praxis – affiche par ailleurs un chiffre d’affaires global stable, à 1,5 milliard d’euros pour l’exercice décalé 2024-2025.

À cela s’ajoute une autre donnée : Brico est officieusement en vente depuis… 15 ans. L’absence de repreneur depuis plus de dix ans, combinée à une rentabilité en érosion, pousse certains observateurs à s’interroger. Le groupe pourrait-il finir par franchiser l’ensemble des magasins qu’il n’est pas parvenu à céder ? À défaut de candidat acquéreur, l’hypothèse paraît de moins en moins farfelue.

Quels impacts sur l’emploi ?

Brico emploie aujourd’hui 2.894 personnes. La franchisation de dix magasins supplémentaires poserait inévitablement la question de l’avenir d’une partie du personnel. Le passage à un exploitant indépendant rime souvent avec restructurations : réduction des équipes, flexibilité accrue, horaires adaptés, limitation des remplacements… L’indépendant doit absorber l’investissement initial, les royalties éventuelles et des marges opérationnelles plus serrées, ce qui se répercute généralement sur l’organisation du travail.

Autre élément : la franchise fragmente le dialogue social. Chaque magasin devient une unité autonome, sans représentation collective forte ni cadre social harmonisé au niveau du groupe.

Reste qu’une reprise par un indépendant demeure préférable à une fermeture pure et simple. Mais elle n’est pas sans conséquences pour les travailleurs, dont les conditions de travail risquent d’évoluer sensiblement.

La direction a assuré que les emplois des travailleurs concernés seront préservés, a révélé Lindsey Verhaeghe (BBTK) à L’Echo, mais le syndicat demande des “garanties concrètes”. De plus, la chaine de magasins a promis “qu’aucun magasin ne sera franchisé pendant trois ans après l’opération”, mais la plus grande crainte du syndicat est que des magasins puissent fermer leurs portes dans les années à venir, ce qui serait catastrophique pour les employés.

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