Un Black Friday qui s’étire désormais sur plusieurs semaines, des promotions qui n’en sont pas vraiment… Le « vendredi noir », présent depuis une dizaine d’années en Europe, a-t-il déjà perdu son essence ? Les bonnes affaires existent encore, mais elles se font plus rares et demandent davantage de vigilance.
Chaque année, la promesse est la même : le Black Friday serait le moment idéal pour réaliser de bonnes affaires. C’est en tout cas le discours adopté aujourd’hui par la quasi-totalité des commerçants, en ligne comme en magasin. Ceux qui refusent encore d’y participer le font essentiellement pour des raisons éthiques ou environnementales, voyant dans l’événement le symbole même de la surconsommation.
Difficile de leur donner tort : ce qui n’était qu’une journée de promotions en ligne est devenu un marathon commercial. Après le week-end, puis la semaine, voici désormais… le mois entier.
« Le Black Friday n’est plus un jour ni même une semaine, mais un mois complet. Les premières offres ont été lancées dès fin octobre, mais c’est surtout à partir du 7 novembre que les prix ont commencé à baisser significativement », observe Testachats.
De fait, on ne parle plus de Black Friday, mais de Black Week, voire de Black Month dans certains cas. Une extension du concept qui nourrit un phénomène de « tunnel de promotions » : offres d’automne, remises de la Saint-Nicolas, fêtes de fin d’année, soldes d’hiver… Une succession d’opérations qui finit par banaliser les prix barrés, jusqu’à en faire le prix réel, souligne le SPF Economie.
Des promotions en trompe-l’œil
Bien que le rendez-vous shopping ait été étendu à plusieurs jours et semaines, le vrai bon moment pour faire de bonnes affaires reste le jour du Black Friday, soit le 28 novembre cette année. En amont, les promotions peuvent en effet être moins intéressantes, souligne l’association de consommateurs. Mais dans le pire des cas, les bonnes affaires n’en soient tout simplement pas et la part est particulièrement importante.
« Dans 70 % des cas, ce que l’on pense être une bonne affaire n’en est pas une », prévient Julie Frère, porte-parole de Testachats. Deux raisons principales :
- un concurrent peut proposer une réduction plus élevée ;
- certains vendeurs gonflent artificiellement leurs prix avant l’événement pour afficher ensuite une remise plus spectaculaire.
Une pratique particulièrement répandue en ligne, où ajuster les tarifs est d’une facilité déconcertante. Testachats cite le cas d’un smartphone Xiaomi affiché sur Amazon NL avec –40 %. « Sauf que le prix était déjà de 150 € auparavant, le “prix barré” de 249,90 € n’est pas valide et la réduction réelle est de 0 % », explique l’association de consommateurs.
Pourtant, une législation entrée en vigueur en 2022 impose aux commerçants de calculer les remises sur base du prix le plus bas pratiqué durant les 30 jours précédents. Une règle trop souvent ignorée, au risque d’une amende pouvant atteindre 200.000 euros, rappelle le SPF Économie.
Y a-t-il encore de vraies bonnes affaires ?
Oui, mais elles ne sont plus là où on les trouvait à l’origine. Lorsque le concept du Black Friday est arrivé en Belgique, au milieu des années 2010, c’était surtout sur les sites de vente en ligne que cela se passait, et principalement sur les produits électroniques. Aujourd’hui, les bonnes affaires en ligne sont rares et moins intéressantes qu’affichées.
De ce fait, c’est plutôt vers les magasins physiques qu’il faut se tourner pour trouver de vraies bonnes affaires, car les prix y sont plus difficiles à manipuler, notamment dans les secteurs du textile, des loisirs ou de la décoration.
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Les réductions y sont moins intéressantes que durant les soldes, mais l’avantage est ailleurs : le choix y est plus large. Durant les soldes, le problème est toujours le même : le choix limité de tailles. Refaire sa garde-robe durant le Black Friday, c’est bénéficier d’un large choix de tailles à prix (un peu) réduit.
Comment éviter les pièges ?
Quelques réflexes suffisent à ne pas tomber dans le panneau :
- Ne pas céder à la précipitation. Les vendeurs jouent sur l’urgence et la rareté : gardez la tête froide et concentrez-vous sur ce dont vous avez réellement besoin. Ne vous fiez pas aux compteurs affichés ici et là. Les promotions démarrées la semaine dernière seront toujours d’actualité ce week-end.
- Surveiller les prix à l’avance. Idéalement dès octobre. Cela permet d’identifier un prix de référence crédible et donc de savoir si la réduction affichée est réellement intéressante ou non.
- Utiliser un comparateur de prix. Pour suivre l’évolution d’un produit dans le temps, mais aussi vérifier si un autre commerçant ne propose pas un bon plan plus intéressant encore.
Testachats propose son propre outil de comparateur de prix, Unbondeal.be, mais il en existe d’autres, notamment Idealo ou l’application belge Mosc.