Combien coûte réellement le streaming et le chargement illimités?
Le smartphone sert à téléphoner, bien sûr, mais aussi à surfer sur Internet, à écouter de la musique, regarder des vidéos et consulter les réseaux sociaux. Tous les opérateurs font miroiter l’utilisation quasi infinie d’une multitude d’applications grâce à des abonnements sans limite de données. Mais certains de ces abonnements sont actuellement plus intéressants que d’autres…
Créé en 2008, Mobile Vikings est un opérateur appartenant à DPG Media (anciennement De Persgroep) qui n’a pas de réseau propre, mais loue celui d’Orange pour utiliser son infrastructure. En juin dernier, il lançait un abonnement illimité pour l’utilisation de données mobiles, appels et SMS au prix de 29 euros par mois – un type d’abonnement intéressant surtout pour les mobinautes habitués à visionner des vidéos sur leur smartphone. Cette offre bat actuellement celle de tous ses concurrents sur le marché belge.
Qui propose quoi ?
Voyez Orange, qui fut le premier opérateur du pays à proposer l’abonnement mobile illimité en Belgique, le 12 février 2018. Son prix : 40 euros. Certes, dans le cadre de la promotion actuellement en ligne, le tarif de sa formule illimitée Aigle est raboté à 20 euros mensuels les trois premiers mois. Si vous y souscrivez aujourd’hui en ligne, vous payerez donc en moyenne 35 euros par mois pendant un an. Mais cela reste 21% de plus que l’abonnement Unlimited Da Da Ta de Mobile Vikings.
Le reste de la concurrence ne fait pas forcément beaucoup mieux. En novembre 2018, Proximus lançait en effet l’abonnement XL Unlimited ( datas, appels et SMS illimités) au prix de 42,99 euros. Un webdeal propose pendant six mois le même abonnement au prix réduit de 34,99 euros par mois. Ce qui, sur base annuelle, revient à un forfait mensuel moyen de 38,99 euros, donc environ 34% de plus que Mobile Vikings et Orange.
En février de cette année, Base (racheté par Telenet mais qui reste une marque indépendante) fut le dernier des trois grands opérateurs à se lancer sur le marché des données illimitées. Sa formule Base Unlimited coûte 40 euros par mois. A condition de contracter un webdeal pour l’abonnement illimité Base Unlimited avant le 31 août, vous ne payerez que la moitié du prix normal les trois premiers mois. Autrement dit, grâce à cette promotion temporaire, le client payera ses datas illimités en moyenne 35 euros par mois. Moins cher que chez Proximus mais, à nouveau, plus cher que chez Mobile Vikings, de 21%.
Ces abonnements illimités sont surtout intéressants pour les mobinautes habitués à visionner des vidéos sur leur smartphone. Celui qui n’en fait pas le même usage a donc tout intérêt à choisir une autre formule.
Quant à l’abonnement Kong Unlimited de Telenet, actuellement de 43 euros par mois, il passera à 43,8 euros par mois le 4 août prochain. Une promotion lancée lundi dernier permet toutefois aux nouveaux clients et aux clients optant pour un upgrade de leur abonnement GSM d’accéder à Kong Unlimited au prix mensuel de 30 euros pendant trois mois. L’offre est valable jusqu’au 4 août. Mais il est ici question d’un abonnement mobile qui, hors promotion, coûte plus que 50% plus cher que l’abonnement mobile illimité de Mobile Vikings et reste le plus onéreux du marché, avec et sans réduction.
Pour être complet, on précisera que Scarlet, l’opérateur discounter de Proximus, ne propose pas d’abonnement avec flux de datas illimité. Tout comme Voo. Le câblo-opérateur, actif en Wallonie et à Bruxelles uniquement, possède aussi son propre réseau mobile, qui emprunte le réseau Telenet contre paiement. Son abonnement mobile prévoit 10 GB de datas maximum. Voo explique sur son site à quoi cela correspond exactement : 35 heures de conversations Whatsapp, stockage de 10.000 photos sur Instagram ou 300 heures d’écoute sur Spotify.
A noter que l’évaluation de la consommation de datas par l’IBPT, l’organisme de contrôle des télécoms, diffère légèrement de celle de Voo. Une heure de streaming sur Spotify consomme 40 mégabytes (MB) selon l’IBPT. Autrement dit, l’utilisateur de smartphone a besoin de 12 GB pour écouter Spotify pendant 300 heures. Une heure de surf sur Facebook ou Twitter équivaut à environ 10 MB. Le streaming de vidéos consomme 5 MB par minute.
Augmenter la concurrence
On l’a dit, ces abonnements illimités sont surtout intéressants pour les mobinautes habitués à visionner des vidéos sur leur smartphone. Celui qui n’en fait pas le même usage a donc tout intérêt à choisir un autre abonnement. Le Kong de Telenet par exemple est 17 euros moins cher que Kong Unlimited. Seule différence entre les deux abonnements : l’un n’offre que 6 gigabytes (GB), ce qui corrrespond tout de même à 20 heures de Netflix ou YouTube sur le smartphone.
L’offre de Mobile Vikings risque-t-elle de chambouler en partie le marché du data mobile ? Peut-être, d’autant que la politique de plusieurs opérateurs ” historiques ” n’est pas à la réduction des tarifs. Quand Telenet avait par exemple annoncé l’augmentation des prix pour la quasi-totalité de ses abonnements au début du mois, l’organisation de défense des consommateurs Test-Achats avait réagi en invitant instamment le gouvernement à débrider la concurrence sur le marché. Telenet majore en effet ses prix chaque année, de 2 à 4%.
Il n’est pas le seul. Test-Achats a répertorié les augmentations annuelles moyennes de Telenet, Proximus et Voo depuis 2014. Objectif : prouver que les opérateurs ne se contentent pas d’adapter leurs prix à l’inflation. De 2015 à 2018, les prix à la consommation ont en effet gonflé de 1,5 à 2,34% dans notre pays. En 2014, l’inflation était même négative. Or, de 2014 à 2018, les tarifs des grands opérateurs ont, dans cette intervalle, augmenté davantage.
Dans ce contexte, la promesse du CEO d’Orange, Michaël Trabbia, détonne. En janvier 2019, son message vidéo posté sur le site de l’opérateur disait : ” Nous n’avons pas augmenté nos prix en 2018 et nous ne le ferons certainement pas en 2019. Pas d’augmentation pour votre abonnement mobile. Pas d’augmentation pour votre forfait télécom. Pas de coûts cachés “. A noter qu’Orange s’était déjà abstenu de toute majoration en 2017. De quoi jouer les ” disrupteurs ” sur le marché belge.
Changer ? Rien de plus facile
Mais attention, il ne faut pas confondre les marchés. Celui du mobile n’est pas tout à fait identique à celui des muliplay qu’offrent les câblo-opérateurs, incluant le plus souvent aussi Internet fixe, téléphonie fixe et télévision. Une offre dans laquelle on retrouve à peine 29 % des abonnements mobiles contractés en Belgique. Ce qui laisse supposer que la concurrence sur ce segment se joue ailleurs, et qu’elle est plus féroce que sur celui des télécoms en général. Les très nombreux jeunes propriétaires de smartphone qui habitent encore chez leurs parents y sont probablement pour quelque chose.
D’autant que cette concurrence est accrue grâce à Easy Switch, une procédure qui oblige chaque opérateur à régler toutes les formalités de transfert d’un nouveau consommateur désireux de s’offrir ses services. D’application depuis le 1er juillet 2017, cette procédure facilite le passage d’un opérateur à un autre, et certainement plus encore d’un opérateur de mobile à un autre opérateur mobile. Glisser une nouvelle carte SIM dans son smartphone est en effet très simple. Changer de décodeur, de connexions, etc., à son domicile, l’est nettement moins.
Trop beau pour être vrai
Mais avant de changer d’abonnement ou d’opérateur, veillez bien à ne pas vous laisser piéger par l’argument fallacieux du smartphone gratuit. De grandes photos de smartphones ont récemment fleuri un peu partout en rue. Proximus voulait séduire les clients en leur faisant croire qu’ils recevraient un appareil pour trois fois rien, voire gratuitement, en souscrivant un abonnement XL Unlimited. L’iPhone qui coûte normalement 360 euros était affiché 9 euros. Le Samsung d’une valeur de 650 euros était proposé à 0 euro après cash back.
Si cela semble trop beau pour être vrai, c’est probablement le cas. En plus de l’abonnement mobile, le client doit en effet souscrire un abonnement DataPhone de deux ans. Selon la notice, l’abonnement DataPhone inclut des datas mobiles supplémentaires. Bizarre, puisque l’abonnement mobile prétend déjà offrir des données illimitées. A moins que ce ne soit pas le cas… En ce qui concerne l’iPhone, retenez qu’il faut ajouter 24 mensualités de 10 euros pour le DataPhone 1GB, soit 240 euros en tout. Dans le cas du Samsung, il faut prévoir 24 mensualités de 20 euros, ce qui revient à un plan de remboursement de 480 euros pour le smartphone.
29 euros
Le prix de l’abonnement smartphone mensuel de Mobile Vikings, le moins cher pour l’utilisation de données illimitées.
20 gigabytes
La limite de la plupart des abonnements soi-disant ” illimités “. En cas de dépas-sement, la vitesse est réduite.
Illimité, vraiment ?
On l’a dit, les opérateurs sont de plus en plus nombreux à lancer l’abonnement GSM avec accès illimité. Encore faut-il savoir ce que ce terme recouvre vraiment. Chez Telenet et Proximus, ” illimité ” signifie l’utilisation jusqu’à 20 gigabytes (GB) par mois à la vitesse maximale en Belgique. Au-delà, il est encore possible de surfer mais à vitesse réduite (512 kilobits par seconde) jusqu’à la période de facturation suivante. Dans les autres pays de l’Union européenne, la limite est de 16 GB par mois chez Telenet et Proximus. Le client peut continuer à surfer moyennant un supplément de 0,0054 euros par mégabyte (MB). Quant à Orange, il impose les mêmes limites pour la Belgique et l’Union européenne. Et les clients de l’opérateur peuvent continuer à surfer gratuitement à vitesse réduite. Chez Base, le plafond est légèrement plus élevé : 25 GB en Belgique plus 20 GB dans le reste de l’Union européenne.
Rappelons que depuis 2005, les opérateurs télécoms sont légalement obligés de soumettre leur tarification au régulateur belge. Le site www.meilleurtarif.be permet aux consommateurs de déterminer le tarif le mieux adapté à leurs besoins. Appelez-vous souvent à l’étranger ? Etes-vous accro à Netflix ou à YouTube ? Encore devez-vous savoir combien de données vous utilisez, combien d’appels et de SMS vous totalisez chaque mois. Inutile, donc, de souscrire un abonnement coûteux si vous ne dépassez pas ou rarement les limites d’un abonnement meilleur marché.
Le site permet en outre de comparer les services séparément – téléphonie fixe et mobile, internet fixe, télévision – et les offres combinées. Le consommateur peut aussi introduire les promotions temporaires. L’an dernier, le site comparatif de l’IBPT a été consulté par 243.000 personnes. La couverture de réseau, au moins aussi importante que les tarifs, peut également être vérifiée sur le site.
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