Chèque-repas, indexation, travail de nuit : ce qui change en 2026 pour votre salaire

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Muriel Lefevre
Muriel Lefevre Journaliste multimédias

Comme en chaque début d’année, de nombreuses choses vont changer pour votre salaire. Voici quelques-uns des principaux changements.

Pas d’indexation plafonnée, mais bien une indexation

Le gouvernement fédéral a décidé de reporter l’application de la mesure controversée d’indexation plafonnée. Les salariés gagnant plus de 4.000 euros brut ne subiront finalement pas de limitation immédiate de leur indexation : la mesure n’entrera probablement en vigueur qu’en 2027, selon des informations de VRT Nieuws.

Pour rappel, cette mesure vise à faire passer l’indexation automatique en centimes plutôt qu’en pourcents au-dessus de 4.000 euros bruts pour les salaires, et au-dessus de 2.000 euros pour les allocations et les pensions. Et ce, à deux reprises : en 2026 et 2028. La manière d’implanter cette mesure a un impact, tout comme le timing. La faute aux nombreux systèmes d’indexation qui coexistent, liés aux nombreuses commissions paritaires. Il y a aussi un risque d’inégalité. Prenez les salariés et les fonctionnaires qui devraient être indexés en mars.

La plupart des salariés (CP200) qui sont eux indexés une fois par an, au mois de janvier seront-ils concernés ? Non car, le gouvernement vient de confirmer dans les secteurs où elle intervient en janvier, l’indexation sera octroyée pleinement.

Il précise toutefois que pour les secteurs qui utilisent un autre mécanisme d’indexation que l’indice-pivot, « le mécanisme des centimes sera appliqué jusqu’à ce qu’une indexation totale de 2% soit atteinte, ce seuil dépassé, le mécanisme classique d’indexation s’appliquera à nouveau peut-on lire dans les notifications budgétaires. Charge à l’ONSS d’élaborer les détails techniques du mécanisme. Comprendre: cela reste un peu flou pour l’instant.

Travail de nuit et ouverture le dimanche

Cela a fait l’objet d’âpres négociation mais le cadre pour le travail nocturne est posé avec un régime sur mesure pour l’E-commerce.

Le travail de nuit s’ouvre à tous les secteurs entre 20h et 6h, via convention collective ou modification du règlement de travail. Quatorze commissions paritaires (201 (Commerce de détail indépendant), 202 (Employés commerce alimentaire), 226 (Commerce international/transport/logistique), 311 (Grandes entreprises retail), 312 (Grands magasins), 100 (CP auxiliaire ouvriers), 119 (Commerce alimentaire), 125.03 (Commerce du bois), 127 (Combustibles), 140.03 (Transport routier/logistique), 149.01 (Électriciens), 149.04 (Commerce du métal), 200 (CP auxiliaire employés), 202.01 (Moyennes entreprises alimentation)) sont concernées, mais seules les activités directement liées à l’e-commerce profitent des nouvelles dispositions. Les primes de nuit y sont autorisées de 23h à 6h (au lieu de minuit-5h dans la version initiale).

Chaque entreprise décidera librement des primes pour les nouveaux contrats, même si les primes existantes restent garanties. Une procédure allégée est également introduite pour simplifier la mise en place du travail de soirée. Avec les heures supplémentaires volontaires, le retour de la période d’essai ou encore la généralisation des flexi-jobs, le ministre de l’Emploi boucle une refonte ambitieuse du marché du travail.

À ceci on ajoutera aussi que Carrefour Belgique a annoncé qu’à partir du 18 janvier 2026, il ouvrira également ses magasins intégrés – les 40 hypermarchés et les 43 supermarchés Market – le dimanche matin, à partir de 8 heures.

Les droits d’auteur

Après trois ans d’exclusion, le secteur IT pourra à nouveau bénéficier du régime fiscal des droits d’auteur dès le 1ᵉʳ janvier 2026. Cette réouverture ne va toutefois pas sans ambiguïtés. La nouvelle loi impose une condition supplémentaire : l’œuvre doit faire l’objet d’une reproduction ou d’une communication au public. Selon les fiscalistes, la notion de reproduction pourrait couvrir la plupart des développements logiciels, même internes, mais le texte reste sujet à interprétation.

Toujours pour les droits d’auteur il y a aussi la suppression du forfait de charges 

Les revenus de droits d’auteur étaient taxés à 15 %, avec la possibilité d’opter pour des frais forfaitaires plutôt que réels.  Le système prévoit un abattement de 50 % sur la première tranche de revenus (0 à 19.480 euros) et de 25 % entre 19.480 et 38.970 euros. Si la piste se confirme, le taux unique de 15 % s’appliquerait dès le premier euro de droits d’auteur, sans abattement préalable. En coulisse, on s’active néanmoins pour éviter une trop grande casse sociale en préservant au moins la première tranche d’abattement forfaitaire, celle qui concerne l’immense majorité des artistes. A voir donc.

Augmentation des chèques-repas

À partir du 1er janvier 2026, la valeur maximale des chèques-repas exonérés passera de 8 à 10 euros, première étape de la hausse prévue par l’accord de gouvernement (jusqu’à 12 euros d’ici la fin de la législature). Pour conserver l’exonération ONSS, la contribution du travailleur devra être d’au moins 1,09 € et celle de l’employeur au maximum 8,91 €. Le fisc alignera également l’exonération à 10 €, portant la déduction fiscale de 2 à 4 euros, sous réserve de l’adoption de l’amendement législatif attendu.

Attention cependant cette hausse est à la fois sociale et fiscale : les entreprises doivent donc vérifier le régime sectoriel ou interne applicable à leurs chèques-repas avant adaptation.

Une augmentation pour les aide-ménagères bruxelloises

Le Parlement bruxellois a adopté deux propositions d’ordonnance pour permettre d’accorder aux travailleuses des titres-services en Région bruxelloise l’augmentation de 0,77 euro de l’heure accordée à leurs homologues de Wallonie et de Flandre. Celles-ci en bénéficient depuis quelques mois en vertu d’un accord négocié entre les deux entités, sans la Région bruxelloise.

Le premier texte supprime la réduction d’impôt relative aux titres-services dès l’an prochain. La deuxième proposition d’ordonnance fixe les nouveaux montants qui entreront en vigueur au 1er janvier 2026. Le prix d’acquisition passera à 11,40 euros (10,20 euros actuellement) pour les 300 premiers titres et à 14 euros (au lieu de 12,40 euros) pour les 200 suivants.  Par ailleurs, le texte prévoit aussi la libéralisation des frais complémentaires. Les entreprises seront toutefois tenues de les justifier.

A partir du 1er janvier 2026, l’impact sur chaque utilisateur sera de près de 2,70€ par titre-service soit, selon la consommation moyenne, de 375€/an et par utilisateur.

L’allocation de remplacement des isolés augmentera

Cette augmentation de 2%, qui s’ajoute à l’indexation, sera reconduite en 2028. Cela équivaut à une hausse d’environ 600 euros sur une base annuelle d’ici 2028. 

29,9% des personnes en situation de handicap en Belgique sont exposées à un risque de pauvreté ou d’exclusion sociale, contre 18,2% de la population générale. Ce risque est encore plus marqué chez les personnes isolées qui perçoivent une allocation de remplacement de revenus, avec un risque de pauvreté qui atteint près de 80%.

En août 2025, 70.351 isolés percevaient une allocation de remplacement de revenus, selon les chiffres communiqués par les ministres. Pour un certain nombre de ces personnes, l’ARR constitue le seul revenu dont elles disposent pour couvrir leurs frais fixes, leurs frais de santé et leurs frais de subsistance.

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