Bpost : attention à l’euphorie
Une recommandation d’achat de Bank of America a suffi à propulser Bpost vers de nouveaux records à plus de 22 euros. D’importantes menaces pèsent pourtant sur les résultats de la société.
Croissance à risques
Fort de résultats en hausse, l’acompte sur dividendes (correspondant aux profits des 10 premiers mois de l’année) a pu être relevé de 0,93 euro à 1,04 euro brut par action. Cette évolution tient largement à la croissance des colis (+28,1% en volumes sur les 9 premiers mois) alors que l’activité courrier domestique continue de se contracter (-4,7%). L’exemple de Royal Mail démontre toutefois que le boum des colis peut avoir des effets pervers, le groupe postal britannique ayant indiqué que son potentiel de croissance dans les colis avait fondu de plus de moitié à la suite de la décision d’Amazon d’investir dans un réseau de consignes pour distribuer (une partie) de ses colis. Plus largement, on observe une recrudescence de la concurrence qui pèse sur les prix, l’activité colis affichant une évolution des revenus (+21,8%) moins rapide que les volumes (+28,1%).
Résultats dépendants de l’État
Les profits de Bpost demeurent largement dépendants … de l’État, au travers des subsides surtout. Pour 2014, l’État a ainsi prévu une enveloppe de 304 millions (plus de 60% du profit opérationnel prévu pour 2014) au titre de réalisation des missions de service public (de la distribution des journaux au rôle social du facteur). La concurrence commence toutefois à poindre, notamment pour la distribution des journaux, et surtout, l’État vise à faire quelques économies. Le 5e contrat de gestion (finissant en 2015) prévoit ainsi une enveloppe réduite à 294 millions cette année. Le 6e contrat de gestion (à partir de 2016) doit encore être négocié mais dans son accord, le gouvernement stipule déjà qu’il “sera attentif à garantir un service postal de qualité, à un moindre coût budgétaire”. Il pourrait également être question d’économies pour les consommateurs alors que la hausse des tarifs pour le courrier est systématiquement supérieure à l’inflation. Le prix du timbre pour une lettre standard a ainsi été relevé à 72 centimes au 1er janvier (pour un achat par dix, 77 centimes pour le prix à l’unité) contre 54 centimes en 2008, soit une progression de 33,3% alors que l’inflation cumulée n’atteint que 12,9%.
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