BCE : le particulier dindon de la farce
La Banque centrale européenne a annoncé des mesures fortes afin de redresser l’inflation et l’économie mais l’évolution des taux apparait défavorable aux particuliers.
Baisse des taux de 0,10% et plan d’assouplissement monétaire quantitatif d’au moins 700 milliards, Mario Draghi a sorti le grand jeu ce jeudi. Conséquence directe, les taux à court terme ont encore baissé, la plupart des pays de la zone euro affichant désormais un taux négatif à 2 ans. Le recul des rendements à court terme est de mauvais augure pour les comptes d’épargne dont les taux risquent à nouveau d’être rabotés.
La donne est tout autre pour les taux à 10 ans. Après avoir atteint un plus bas de 0,88% en début de semaine, le 10 ans allemand (référence européenne) s’affiche ainsi à 0,96%. L’évolution est similaire pour la plupart des autres pays de la zone euro, ce qui signifie que les taux des crédits hypothécaires risquent de ne plus baisser. Ils pourraient même progresser si les perspectives d’inflation remontent dans les mois à venir comme le suggèrent les prévisions de la BCE. Cette dernière prévoit une hausse des prix de 1,1% en 2015 après 0,6% en 2014. L’affaiblissement de l’euro, retombé sous 1,30 dollar, contribuerait notamment à rasséréner l’inflation.
Cette différence entre taux court et taux longs s’explique essentiellement par la nature des mesures prises par la BCE. Ses taux directeurs guident en effet les taux à court terme tandis que ses rachats de titres adossés à des crédits devraient surtout influer sur les liquidités et les volumes de crédit des banques, mais pas sur leurs conditions. Contrairement à la Fed américaine ou à la Banque du Japon, la BCE ne s’est en effet pas lancée dans le rachat en masse d’obligations souveraines à long terme.
Cédric Boitte
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