Deux entrepreneurs belges du secteur de la fintech, Guillaume Flies et Benjamin Beeckmans, ont annoncé le lancement de Stella, une carte de paiement paneuropéenne destinée à renforcer la souveraineté de l’Europe face aux géants américains Visa et Mastercard, rapporte L’Echo.
Aujourd’hui, lorsqu’un consommateur paie avec sa carte, même dans un commerce local, il est très probable qu’il passe par les réseaux Visa ou Mastercard. Ces deux sociétés américaines dominent en effet le secteur des paiements, souvent au détriment des réseaux locaux comme Bancontact (Belgique), CB (France) ou Girocard (Allemagne). Leur hégémonie repose en grande partie sur la praticité de leurs cartes co-brandées et leur compatibilité transfrontalière. Mais, cette situation entraîne aussi des coûts élevés pour les commerçants et une perte de contrôle pour les autorités locales, explique le quotidien L’Echo sur son site.
Des critiques émanent des deux côtés de l’Atlantique. La Commission européenne enquête depuis 2024 sur le niveau des frais pratiqués par Visa et Mastercard, tandis que le département de la Justice américain poursuit Visa pour des accords anticoncurrentiels. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, s’est également récemment inquiétée du manque de souveraineté numérique de l’Europe en matière de paiements.
Stella, un projet interopérable et souverain
C’est précisément ce vide que Stella entend combler. L’acronyme signifie « Sovereign Technical European initiative Leveraging Local Assets », une référence directe aux étoiles du drapeau européen. Porté par Guillaume Flies (fondateur de ByQwest, un émetteur de cartes bancaires) et Benjamin Beeckmans (professeur à Solvay et ex-CEO de Paynovate), le projet vise à rendre interopérables les systèmes de cartes nationaux, rapporte L’Echo. L’annonce a été faite ce mardi lors de la conférence sectorielle Money20/20 à Amsterdam.
Une carte Stella pourrait ainsi combiner plusieurs réseaux explique le quotidien économique. Par exemple, une carte co-brandée Bancontact–Stella–CB, utilisable en Belgique, en France ou ailleurs. Lors d’un paiement, le système choisirait automatiquement le réseau le moins coûteux pour le commerçant, tout en permettant une continuité de service via Visa ou Mastercard lorsque les réseaux locaux ne sont pas disponibles.
La plateforme technique est déjà prête, assure Guillaume Flies dans L’Echo, grâce aux infrastructures de ByQwest, qui a déjà émis plus d’un million de cartes. Le projet Stella prévoit aussi une utilisation mobile (NFC) et des innovations futures comme les codes PIN multiples.
Une initiative soutenue par des acteurs belges
La société qui portera Stella est en cours de création. Le capital sera structuré autour de clusters : fonds d’investissement européens, banques, réseaux de cartes nationaux et partenaires techniques. Des banques belges et françaises – dont les noms n’ont pas été dévoilés à ce stade – sont prêtes à embarquer dans le projet, affirme Guillaume Flies dans L’Echo. Des discussions sont en cours avec des opérateurs nationaux de paiement. Au-delà de l’Europe, Stella ambitionne aussi de devenir une solution exportable vers d’autres régions du monde. Les premières cartes pourraient arriver rapidement sur le marché si les premiers partenariats bancaires se concrétisent.