Baloise résilie l’assurance auto en cas d’accident sous influence d’alcool : “Plus d’assureurs devraient suivre cet exemple”

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Sebastien Marien Stagiair Data News 

La compagnie d’assurances Baloise annonce met désormais fin au contrat de tout conducteur responsable d’un accident sous l’influence de l’alcool ou de drogues. Une première qui risque d’inspirer d’autres assureurs. Assuralia, l’association professionnelle des assureurs, se montre très favorable à cette initiative.

Baloise applique depuis peu une tolérance zéro en matière d’alcool et de drogues, rapporte Het Nieuwsblad. Concrètement, toute personne impliquée dans un accident ou un sinistre sous influence d’alcool ou de drogues verra son contrat d’assurance résilié, même s’il s’agit de la première infraction ou si son taux d’alcoolémie dépasse à peine la limite autorisée. Les nouveaux clients ayant déjà causé un accident en état d’ébriété sont également refusés. En Belgique, il y a encore chaque jour onze accidents corporels avec des blessés ou même des morts et dans lesquels l’alcool ou la drogue jouent un rôle.

Baloise affirme vouloir envoyer un signal fort en se montrant très sévère envers l’alcool et les drogues dans la circulation. “Conduire en état d’ébriété n’est pas socialement acceptable et constitue également une infraction. Baloise continue de s’engager pour la sécurité routière et contre toutes les formes de distraction au volant, que ce soit l’alcool, la drogue ou l’utilisation du téléphone portable”, explique la compagnie en réponse à Trends. Baloise précise qu’elle continuera à évaluer chaque sinistre individuellement, mais tiendra compte de la tolérance légale de 0,5‰ d’alcool dans ses décisions.

Baloise résilie les contrats des clients dépassant 0,5‰ d’alcoolémie. Pour une alcoolémie comprise entre 0,5‰ et 0,8‰ (la catégorie la plus basse imprégnation alcoolique), les conducteurs risquent également une amende de la police allant de 200 à 400 euros.

“Plus d’assureurs devraient appliquer cette mesure”

Assuralia, l’association professionnelle des assureurs belges, réagit de manière très positive. “Nous ne trouverions pas cela déplacé si plus d’assureurs adoptaient cette mesure”, déclare Peter Wiels, le porte-parole d’Assuralia. “Ce n’est certes pas le rôle des assureurs de jouer les agents de police, mais chacun contribue à la sécurité routière, y compris les assureurs. Il est logique que l’assureur puisse attendre un comportement responsable de ses clients.”

Selon Wiels, il n’est pas nouveau que les assureurs résilient un contrat avec un client, mais cela se fait généralement après une série de sinistres. “L’assuré et l’assureur conservent toujours le droit, après le règlement d’un sinistre, de résilier un contrat. Cela est prévu par la loi. Mais la tolérance zéro que Baloise applique pour la conduite sous influence est inédite dans notre secteur”, confirme le porte-parole d’Assuralia.

Intoxication alcoolique versus ivresse

Les assureurs peuvent récupérer jusqu’à 31 000 euros auprès d’un conducteur ivre pour couvrir les dommages causés aux victimes. Il est important de faire la distinction entre imprégnation alcoolique et ivresse. L’intoxication alcoolique fait référence à toute dépassement du seuil légal mesuré par les dispositifs de la police. L’ivresse est un état plus avancé, où le conducteur ne peut plus avoir une vue claire des choses, ne peut plus tenir une conversation ou marcher droit. Dans ces cas, les assureurs peuvent déjà récupérer des frais auprès de leurs assurés.

Un impact sur les nouvelles assurances

Un client de Baloise dont le contrat est résilié après un accident sous influence devra probablement payer beaucoup plus pour une nouvelle assurance auto. Le nouvel assureur aura automatiquement accès à l’historique des sinistres des cinq dernières années. Ce document indique combien d’accidents ont eu lieu, si le conducteur était en tort ou non. Sur cette base, l’assureur calcule le tarif de la nouvelle police. Une personne sans sinistres bénéficiera automatiquement du meilleur tarif.

Une large adhésion ?

Toute la question est de savoir si la politique stricte de Baloise dissuadera les clients. En effet, il existe un large soutien pour des règles plus strictes contre l’alcool au volant. L’année dernière, l’Europe a annoncé qu’elle envisageait d’imposer une interdiction totale de l’alcool pour les jeunes conducteurs. À la suite de cette annonce, la VAB a mené une enquête en Belgique. Huit jeunes sur dix, âgés de 17 à 30 ans, se disent favorables à l’instauration d’une politique de tolérance zéro en Belgique. Dans les nouvelles assurances auto souscrites par Baloise et d’autres assureurs, la part des jeunes est importante, beaucoup d’entre eux souscrivant une assurance pour leur première voiture.

Cependant, selon Els Breugelmans, professeure de marketing à la KU Leuven, il est difficile de dire si la décision de Baloise sera bénéfique pour l’assureur. “Je suppose que Baloise a bien étudié la question avant de prendre cette décision. Il y a certainement une prise de conscience accrue des dangers de l’alcool au volant chez les jeunes générations, mais il n’est pas certain que cette décision les convainque. Les jeunes ne se préoccupent guère des assurances et se laissent souvent conseiller par leurs parents dans le choix d’une assurance auto. Reste à voir si ces derniers seront aussi friands de la position stricte adoptée par Baloise.”

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