2800 milliards $ partis en fumée en deux mois
Les marchés obligataires mondiaux sont en crise dans le sillage du redressement des taux qui s’est accéléré avec la victoire de Donald Trump. Une hausse des taux que les stratégistes voient se poursuivre. Les actions en profitent … pour l’instant.
Si les banques ou les épargnants n’en peuvent plus de la faiblesse des taux, leur normalisation promet une période difficile sur les marchés. L’indice Bloomberg Barclays Global Aggregate TR, reprenant toutes les principales obligations du monde, a chuté de près de 7% ces deux derniers mois, représentant une perte de 2800 milliards de dollars. La chute s’est même accélérée le mois dernier avec l’élection de Donald Trump, l’indice ayant accusé une perte mensuelle record (depuis sa création en 1990) de 4% ou 1700 milliards de dollars. Les marchés s’attendent à ce que la politique envisagée par le Président élu stimule l’inflation et augmente également la dette publique des États-Unis. Les investisseurs s’attendent ainsi à une hausse des taux, plombant mécaniquement les cours, et ont commencé à retirer leurs billes. Ils ont notamment retiré 10,7 milliards de dollars des fonds d’obligations américaines au cours des 2 semaines qui ont suivi la victoire de Donald Trump.
Le pire est à venir
Le rendement moyen au sein de l’indice Bloomberg Barclays Global Aggregate TR a rebondi de 0,52% depuis le plus bas de 1,07% attient en juillet mais ne représente toujours qu’une fraction de ce qui prévalait jusqu’en 2008. La plupart des stratégistes prévoient ainsi que le redressement des taux se poursuive. Peu importe même la politique de Donald Trump, la hausse ayant démarré en août sur fond de reprise de ‘inflation. Tout particulièrement aux États-Unis où la hausse annuelle des prix a doublé entre juillet (0,8%) et octobre (1,6%) sur fond de stabilisation du prix du pétrole.
Cette remontée des taux débouchera inévitablement sur de nouvelles pertes sur les marchés obligataires. A fortiori si le renchérissement du coût du crédit malmène les finances des entreprises les plus fragiles (note financière spéculative) qui ne sont pas reprises dans l’indice Bloomberg Barclays Global Aggregate TR.
Les actions sous la menace
Cette menace de chute des obligations réoriente une partie des investisseurs vers les actions. Cependant, la hausse des actions mondiales ne compense clairement pas les pertes sur les obligations. En novembre, les premières se sont ainsi appréciées de 670 milliards $, représentant à peine un peu plus d’un tiers des pertes du marché obligataire. Par ailleurs, les hausses de taux ont souvent débouché sur des corrections boursières. Les 5 derniers épisodes de hausse du taux de référence du Bon du Trésor américain à 10 ans ont ainsi précédé la crise des subprimes, le krach technologique, la chute de 1994, le krach d’octobre 1987 et la rechute 1982. Auparavant, l’envolée des taux (de 4% à 15% pour le 10 ans américain) entre 1966 et 1981 a fait chuter la valorisation de des actions américaines de 18 à 8 fois les bénéfices. Le rendement des bénéfices (l’inverse du ratio cours/bénéfices) était ainsi passé de 5,5% à 12,5%, ce qui souligne la dépendance des Bourses aux importants.
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