L’Espagne aura-t-elle bientôt son propre monument emblématique, à l’instar de la Tour Eiffel ou de la Statue de la Liberté ? C’est en tout cas l’ambition affichée de l’Académie espagnole de tauromachie qui propose la construction d’un taureau métallique de 300 mètres de haut, baptisé El Toro de España.
Pensé comme un symbole national et un moteur touristique, le projet pharaonique El Toro de España est pourtant loin de faire l’unanimité. Le concept, qui inclut des restaurants, boutiques et espaces culturels au pied de la structure, avec un belvédère dans les cornes, est présenté comme un investissement privé sans recours aux fonds publics. L’objectif affiché : créer une attraction majeure, capable d’attirer des millions de visiteurs par an. « Les touristes identifient déjà le taureau comme une icône de l’Espagne. Ce monument ne ferait que consacrer ce symbole », affirme l’Académie.
Madrid décline, Burgos s’enflamme
Si la capitale espagnole, Madrid, a rapidement rejeté la proposition, plusieurs autres villes ont été approchées. C’est à Burgos, dans la région de Castille-et-León, que le projet a trouvé une oreille favorable, notamment auprès du parti d’extrême droite Vox, qui gouverne localement avec le Parti populaire. Son représentant local, Fernando Martínez-Acitores, parle d’une opportunité unique pour inscrire Burgos sur la carte du tourisme mondial.
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Mais même là-bas l’idée suscite une vive opposition. L’ancienne majorité socialiste dénonce une « mauvaise blague », pointant du doigt le contraste entre ce projet contemporain et le patrimoine gothique de la ville, dominé par la cathédrale de Burgos, haute de 88 mètres. Une cathédrale qui serait donc largement éclipsée par la stature du taureau.
Un projet à contre-courant
Au-delà de la question esthétique ou urbanistique, c’est surtout la dimension symbolique du projet qui crée la discorde. Pour les partisans de la cause animale, cette statue représenterait une glorification d’une tradition qu’ils jugent violente et archaïque. « C’est une provocation », dénonce l’organisation locale de défense des animaux ProAnBur, rappelant que des milliers de taureaux sont tués chaque année dans les arènes espagnoles.
En février dernier, une pétition citoyenne intitulée No es mi cultura (« Ce n’est pas ma culture ») a réuni plus de 700.000 signatures pour demander que la tauromachie soit retirée du patrimoine culturel.
Un pari économique incertain
Derrière l’ambition symbolique, le projet reste avant tout un pari économique risqué. La tauromachie, autrefois pilier de la culture populaire espagnole, a largement perdu de sa superbe. Les corridas ne sont plus diffusées à la télévision nationale, et leur fréquentation décline. Même dans les régions historiquement lié à la tauromachie, la pratique est aujourd’hui contestée.
Si elle est construite la statue se retrouvera en troisième position des monuments les plus hauts.
Comparaison avec d’autres bâtiments et statues
Pays | Bâtiment / Statue | Hauteur |
---|---|---|
Émirats arabes unis | Burj Khalifa (plus haut bâtiment du monde) | 828 mètres |
France | Tour Eiffel | 312 mètres |
Espagne | El Toro de España (projet) | 300 mètres |
Inde | Statue de l’Unité (plus haute statue du monde) | 182 mètres |
Belgique | Tour du Midi (plus haut bâtiment de Belgique) | 150 mètres |
Belgique | Cathédrale d’Anvers (plus haute église de Belgique) | 125 mètres |
Belgique | Atomium | 102 mètres |
États-Unis | Statue de la Liberté | 93 mètres |
Belgique | Arc Majeur (plus haute sculpture d’Europe) | 60 mètres |
