Précompte immobilier: un pilier fiscal sous pression pour les finances wallonnes

Monopoly taxe immobilière
Rien qu’en 2025, le précompte immobilier aurait permis de générer plus de 2,1 milliards d'euros de recettes pour l'ensemble de la Wallonie. © William Warby/PExels
Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste

La taxe foncière annuelle rapporte gros à la Wallonie et aux pouvoirs locaux. En 2025, grâce notamment à l’indexation, le précompte immobilier a généré plus de 2,1 milliards d’euros de recettes, dont 1,2 milliard d’euros uniquement au bénéfice des communes. Mais il est payé de plus en plus difficilement par les Wallons.

Quand le précompte immobilier arrive dans la boite aux lettres des Wallons, c’est rarement une bonne nouvelle. D’autant qu’en 2025, la facture était plus salée que d’habitude (+3,14%). Mais si les propriétaires grincent des dents, cette hausse semble porter ses fruits pour les finances régionales et locales. De quoi rappeler l’importance de ce pilier fiscal dans le Sud du pays…

L’importance du précompte: 2,1 milliards d’euros de gain

D’aucuns disent que l’impôt sur les revenus serait la pierre angulaire du système fiscal belge. Mais dans le paysage fiscal wallon, l’impôt foncier n’est pas non plus à sous-estimer. Rien qu’en 2025, le précompte immobilier aurait permis de générer plus de 2,1 milliards d’euros de recettes pour l’ensemble de la Wallonie. En termes de rendement pur, cette taxe est donc loin d’être anodine. Et ce, même si l’impôt en tant que tel, destiné aux finances régionales, ne représente qu’une infirme part des gains totaux.

Concrètement, ce sont surtout les communes qui en bénéficient le plus, puisqu’elles touchent plus de 60% de cette somme (1,245 milliards d’euros). Au total, ce précompte immobilier représente plus de 17% de leurs recettes ordinaires totales, et même 38% de leurs recettes fiscales totales. Sans oublier les additionnels communaux au PRI, qui ont rapporté environ 338 euros supplémentaires par habitant en 2025. Au regard de ces chiffres, on comprend donc qu’il s’agit, avant tout, d’un mécanisme de fiscalité locale.

+ 3,14% en 2025: pourquoi cette hausse?

D’autant que chaque année, cet impôt local s’alourdit. De quoi remplir davantage les caisses des pouvoirs locaux. En 2025, le précompte immobilier a ainsi connu une hausse de 3,14%. En 2024, cette hausse atteignait déjà 4,05%.

À savoir que cette augmentation est une base minimale et que la facture finale peut être plus élevée selon la commune (mais aussi le bien!) dans laquelle vous habitez. Et pour cause, plusieurs mécanismes interviennent dans le calcul:

  • Indexation annuelle du revenu cadastral, qui fait grimper automatiquement le montant dû.
  • Hausse des additionnels communaux, parfois discrète mais cumulée aux additionnels régionaux.
  • Valorisation du parc immobilier: rénovations, nouveaux biens, réévaluations du RC…

Des ménages fragilisés par un impôt de plus en plus lourd

Mais pour les ménages, respecter les délais de paiement devient de plus en plus difficile. Le montant du précompte augmente d’année en année et finit par creuser un trou réel dans leur budget. La tendance se voit dans les chiffres: en 2025, pas moins de 171.362 rappels ont été transmis aux contribuables en retard de paiement, contre 150.715 en 2024.

Les propriétaires wallons sont également de plus en plus nombreux à demander des plans de paiement pour régler leur dette en plusieurs fois. En 2025, le SPW Finances a déjà enregistré 49.282 dossiers. Et 20.000 demandes supplémentaires sont attendues d’ici la fin de l’année.

Un système daté et inégalitaire?

Malgré son importance pour les finances locales, cette taxe foncière n’en est pas moins un impôt qui pose un certain nombre de difficultés, qui viennent « entraver l’équité même de cet impôt », alerte l’Union des Villes et Communes de Wallonie.

Non seulement la base taxable est fixée selon des critères obsolètes, car son calcul repose sur les valeurs cadastrales de 1975. Ces données, vieilles de 50 ans, ne reflètent plus du tout la réalité du marché. Mais en plus, leurs mises à jour ne sont pas effectuées par les Régions – pourtant compétentes en matière de gestion du précompte immobilier – mais par l’État fédéral, qui n’y trouve aucun intérêt financier.

Résultat: ces valeurs cadastrales obsolètes créent à leur tour des disparités entre les contribuables. D’autant que la qualité de la mise à jour de la matrice cadastrale varie grandement d’une commune à l’autre. Ainsi, 2 biens similaires peuvent être taxés du simple au triple selon la localité. Un déséquilibre qui fait du précompte immobilier l’un des impôts les plus inégalitaires du pays.

Mais ce n’est pas tout… Ces problèmes de mise à jour provoquent également un manque à gagner pour les communes. Selon l’UVCW, il atteindrait “au moins 5% du rendement de cette taxe”, soit environ 63 millions d’euros par an en Wallonie.

Paradoxe: un pilier fiscal sous pression

En conclusion, le précompte immobilier rapporte gros à la Wallonie, mais il est de plus en plus perçu comme un impôt injuste et dépassé. Les propriétaires demandent une réforme. Les communes, elles, craignent de perdre une ressource vitale. Toute la difficulté est là: comment rendre le système plus juste… sans mettre en péril le financement local?

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