Construction: “Notre secteur va plus mal que l’économie belge dans son ensemble”
Le secteur de la construction a connu une baisse importante de son activité en 2024, en particulier dans les activités de la construction et de l’installation pour les logements neufs, selon chiffres de la fédération Embuild. “C’est la quatrième année consécutive que notre secteur sera en difficulté”, déplore Niko Demeester, administrateur délégué de l’organisation sectorielle.
Le secteur de la construction dans son ensemble a reculé de 0,4% cette année, soit quatre fois plus qu’en 2022 et 2023, relève Embuild, cités dans L’Avenir lundi. La fédération prévoit à nouveau un recul de 0,3% en 2025.
Après des années 2022 et 2023 déjà mauvaise, le secteur de la construction de logements neufs dévisse en 2024 avec une activité en baisse de 7,3%. Et l’année 2025 ne promet guère mieux pour ce segment (-3,3%). “Le secteur de la construction de logements en particulier traverse une grave crise. Notre secteur va plus mal que l’économie belge dans son ensemble”, alerte le patron d’Embuild.
Manque de logements
Or le pays manque de logements pour faire face aux défis sociétaux (personnes âgées qui restent plus longtemps à domicile, augmentation des familles monoparentales…). Il faudrait donc accélérer le rythme pour en construire, souligne Niko Demeester, le CEO d’Embuild.
“Pendant les cinq prochaines années, 375.000 logements devront être construits en Belgique, sinon nous connaîtrons une crise du logement généralisée, comme celle des Pays-Bas “, prédit-il.
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Rénovation en baisse
La rénovation des bâtiments non résidentiels a par ailleurs aussi enregistré une baisse de 2,1% après deux années positives. Cela est en grande partie dû au fait que le plan de relance mis en place après les inondations de juillet 2021, les plans de relance européens et le plan wallon de rénovation des hôpitaux sont arrivés à leur terme, analyse Embuild. En 2025, la tendance devrait rester à la baisse (-1,1%) dans ce segment.
Il y a urgence à accélérer le rythme face aux défis climatiques et l’atteinte des objectifs de neutralité carbone, rappelle la fédération. Et pourtant, le segment de la rénovation des logements est lui aussi en mauvaise posture depuis déjà deux ans. En 2022, le taux de croissance avait augmenté de 2,5%, mais depuis, il a fortement baissé en 2023 (+1%) et en 2024 (+0,5%). Il restera largement insuffisant en 2025 (+1,3%).
Concrètement, en Belgique, il faudrait rénover 471 logements par jour pour atteindre la neutralité climatique d’ici 2050, alors qu’on en rénove seulement 144 aujourd’hui. A Bruxelles et en Wallonie, le rythme devrait être quatre fois plus rapide, et en Flandre, trois fois plus rapide, calcule Embuild.
Travaux d’infrastructure en hausse
Le seul segment qui a continué à enregistrer des résultats positifs en 2024 est celui des travaux d’infrastructure, avec une hausse de l’activité de 4,1%. Cela est lié à un grand nombre de projets d’infrastructure, comme l’Oosterweel à Anvers, la nouvelle écluse à Terneuzen, les investissements locaux réalisés avant les élections ainsi que les plans de relance. 2025 devrait par contre connaitre un ralentissement important des investissements, les nouvelles administrations locales et les nouveaux gouvernements ayant toujours besoin d’un peu de temps pour élaborer leurs plans d’investissement après les élections.
Face à cette situation, Embuild réitère sa demande d’une politique fiscale attractive pour la construction et la rénovation, avec un taux de TVA de 6% sur les projets de rénovation (statu quo) et sur les projets de vente impliquant une démolition et une reconstruction (baisse du taux actuel).
Les investissements publics, qui étaient de 2,9% l’année dernière, devront passer à 4% d’ici 2029 et la fin de la législature, préconise l’organisation sectorielle. Sur le plan fédéral, les 3 milliards d’euros d’investissements de 2022 devraient passer à 5 milliards en 2029, espère-t-elle.