Peu de citoyens en ont entendu parler, mais l’un des bâtiments les plus emblématiques du quartier européen à Bruxelles s’apprête à entamer une profonde transformation.
Le Parlement européen a très discrètement relancé la rénovation du Paul-Henri Spaak, son siège bruxellois construit en 1992. Le tout pour un montant de 455 millions d’euros et des travaux échelonnés sur six ans.
Un chantier mené dans l’ombre
Aucune communication officielle, pas de conférence de presse, pas même un communiqué sur le site de l’institution. C’est presque par hasard que le quotidien De Standaard est tombé dessus après avoir repéré une annonce publiée – puis rapidement effacée – sur le site du bureau Kaan Architecten. Le cabinet néerlandais y annonçait avoir remporté le marché en consortium avec Low Architecten (Anvers) et Arcadis, sous le nom de Klarc. C’est aussi Kaan qui rénove la Banque nationale à Bruxelles.
Le contrat d’architecture, signé en janvier 2025, prévoit une rénovation lourde visant à transformer le “Caprice des dieux” en un bâtiment quasi neutre en énergie, plus sûr et plus performant sur le plan technologique.
Le “Caprice des dieux” du Parlement européen
Conçu par l’architecte belge Michel Boucquillon, alors âgé de seulement 26 ans, le bâtiment Paul-Henri Spaak est issu d’un concours lancé par le Centre international de la construction (CIC) à la fin des années 1980. Inauguré en 1993, ce mastodonte de 84.153 mètres carrés porte le nom de Paul-Henri Spaak, ancien Premier ministre belge et figure majeure de la construction européenne. L’édifice abrite aujourd’hui l’hémicycle bruxellois du Parlement européen, où siègent les 705 députés des 27 États membres. Sa forme arrondie et vitrée lui a valu un surnom de “Caprice des dieux”, clin d’œil à la célèbre boîte de fromage dont il rappelle la silhouette.
Une opacité assumée
Le Parlement européen a depuis confirmé l’information tout en refusant de livrer des détails supplémentaires. Pas de visuels, pas de liste des candidats, ni de calendrier précis. Officiellement, le projet s’étalera jusqu’en 2031. Officieusement, plusieurs sources pointent une culture du secret autour de ce chantier sensible. Après des années d’hésitations entre Bruxelles et Strasbourg, puis entre nouvelle construction et rénovation, les deux premières tentatives ont finalement échoué.
Une saga de dix ans
Ce projet est en effet la troisième tentative de rénovation du bâtiment Spaak. Une première initiative interne avait échoué faute de participants. Une deuxième, lancée en 2020 avec le Bouwmeester maître architecte (BMA), avait suscité 132 candidatures et désigné un lauréat : l’architecte belge Julien De Smedt, qui proposait une réutilisation maximale de la structure existante. Le projet, jugé trop coûteux, n’a jamais vu le jour.