Ostende, une ville en pleine transition qui veut peser sur la carte
Comme d’autres grandes villes portuaires, Ostende se développe au bord de l’eau avec une nouvelle zone urbaine composée de tours à Oosteroever. Le défi: transformer cet ancien site industriel en quartier mixte et vivant avec environ 1.200 logements, mais aussi des activités économiques.
Séparée du centre d’Ostende par l’embouchure du port, la zone d’Oosteroever (Rive Est) est longtemps restée une pépite un peu cachée, mais néanmoins fréquentée pour ses dunes, ses plages ou encore son Fort Napoléon. Aujourd’hui, elle est en train de devenir une véritable nouvelle zone urbaine avec de hauts immeubles qui changent déjà les contours de la ligne d’horizon de la ville. Lorsqu’on pénètre sur le Hendrik Baelskaai depuis les terres, on ne découvre cependant pas tout de suite ce quartier en devenir. C’est seulement après avoir parcouru quelques dizaines de mètres jalonnés d’entrepôts et de petits bâtiments que l’on voit se dresser les premières tours modernes au bord de l’eau. C’est justement là que nous avons rendez-vous avec Kurt Claeys, échevin chargé notamment du Logement et de l’Aménagement du territoire à Ostende. Comme il nous l’explique, ce quartier encore en chantier est actuellement l’un des projets les plus importants au sein de la ville, tant en termes de superficie que d’impact. “A l’époque où les constructions ont débuté ici, on parlait d’un besoin de 5.000 unités de logement au total à Ostende”, souligne-t-il.
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A terme, Oosteroever devrait en accueillir environ 1.200, répondant ainsi à une partie des besoins en habitations modernes et de qualité alors que la ville compte encore de nombreux bâtiments anciens moins qualitatifs. Le projet basé à Oosteroever contribuera aussi plus largement au développement urbain d’Ostende. “Ici, on va pouvoir véritablement créer une nouvelle partie de la ville avec des constructions plus élevées que dans le centre où l’on ne souhaite pas monter dans les étages, précise Kurt Claeys. Il y aura bien sûr une majorité de logements mais on a tenu à réserver les espaces au rez-de-chaussée à des fonctions économiques de qualité. On a aussi aménagé le quai qui mène vers les plages de l’est de la ville afin qu’il devienne un axe de promenade pour les piétons et cyclistes”, ajoute l’échevin en montrant la partie du Hendrik Baelskaai qui s’étend depuis les nouvelles tours jusqu’au bout du quai.
Certains immeubles du nouveau quartier d’Oosteroever sont clairement des produits immobiliers exclusifs et de luxe.
A l’heure actuelle, une poignée d’immeubles finis et habités bordent déjà l’avenue rénovée. Mais comme le laissent deviner les terrains encore vides, tout était à construire sur ce site idéalement situé en bordure du bassin des pêcheurs. Kurt Claeys nous explique en effet que l’endroit était autrefois affecté à des activités industrielles et maritimes, puis les modifications apportées au plan régional au début des années 2000 ont requalifié les lieux en “zone de développement urbain”. Un schéma directeur a alors été élaboré pour servir de base aux plans d’aménagement des maîtres d’ouvrages qui allaient être chargés de développer ce vaste site entre Hendrik Baelskaai, Victorialaan, Liefkemorestraat et Vuurtorendok-Zuid. Finalement, la zone a été divisée entre deux projets et promoteurs: Baelskaai développé par Burco Coast sur la parcelle allant de Liefkemorestraat à Fortstraat, et Oosteroever construit par Versluys Groep sur la partie du site la plus au nord, au bout du Hendrik Baelskaai.
Penthouses de luxe et appartements plus abordables
Les deux promoteurs n’ont pas chômé depuis la construction des premiers bâtiments en 2015: pas loin d’une dizaine de constructions sont en effet déjà terminées ou en cours sur un total d’une vingtaine. Et l’élément le plus frappant, c’est que si ces immeubles sont tous contemporains, aucun n’est identique aux autres en termes de hauteur, de matériaux ou encore d’architecture globale. “Les promoteurs savaient ce que la ville voulait et en ont tenu compte dans leur projet, souligne Kurt Claeys. Ce nouveau quartier ne compte pas seulement différents types de bâtiments mais aussi des logements pour tous les budgets, car on ne veut pas créer de ghettos. Les prix sont assez semblables à ce qui se fait ailleurs, même si les appartements près de la mer coûtent bien sûr toujours un peu plus cher.”
Certains immeubles du nouveau quartier d’Oosteroever sont clairement des produits immobiliers exclusifs et de luxe, qui hébergent notamment des penthouses dont les tarifs atteignent ou dépassent parfois les 2 millions d’euros. Mais on peut aussi y trouver quelques biens plus abordables, par exemple des appartements d’une chambre à partir de 265.000 euros, et des deux chambres pour un minimum de 295.000 euros.
Aucun de ces biens ne reste jamais longtemps sur le marché, comme vont nous le confier les promoteurs. Notre visite nous amène en effet à faire un court arrêt dans les bureaux de Burco Coast, l’un des deux développeurs de projets présents dans la zone avec Versluys Groep. “Les quatre premières phases du projet ont été intégralement vendues, et les phases 5 et 6 qui sont encore en cours sont déjà commercialisées à plus de 90%”, précisent Dino Baillière et Sofie Van Loo, responsables de Burco Coast. Le succès est similaire pour le projet de Versluys Groep, dont les constructions trouvent elles aussi acquéreurs avant même la fin des chantiers. Comme le confie Dino Baillière, “les appartements qu’on construit ici affichent un niveau assez élevé de qualité et de finitions, donc on touche davantage d’habitants que d’investisseurs intéressés par des mises en location. Il y a aussi bien des Ostendais que des gens de Bredene, Anvers, Bruxelles… Beaucoup achètent d’abord un appartement ici comme deuxième résidence, puis ils finissent par venir y habiter.”
Des solutions environnementales innovantes
En grimpant au 12e étage de Central Park Tower, l’une des tours en cours de construction, on devine aisément ce qui incite les propriétaires à y vivre. Les vues sont en effet spectaculaires, que ce soit sur la mer ou la ville. “On peut notamment apercevoir Bruges ou encore le port de Zeebrugge, nous indique l’échevin de l’Aménagement du territoire. On voit aussi deux autres projets de logements importants dans le centre d’Ostende. Là, près de la gare, il y a le projet Sky Towers où le groupe immobilier Degroote construit plusieurs immeubles avec du logement, des bureaux, des commerces et de la restauration. Quant aux grues que vous voyez un peu plus loin, du côté de Mariakerke, ce sont celles du projet O’Sea réalisé par Immobel sur l’ancien site du Mediacenter. Ce sera un quartier un peu comme ici, avec des logements près de la mer, mais il y aura aussi des maisons.”
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Du haut du 12e étage, on observe également l’étendue d’Oosteroever et la faible place laissée à la voiture. Hormis quelques emplacements en surface et peut-être un immeuble de parking qui devrait s’ajouter par la suite à proximité, tous les garages ont en effet été logés en sous-sol pour laisser le terrain libre à la mobilité douce et aux espaces verts. “On a voulu que même les appartements qui ne sont pas directement orientés vers l’eau profitent d’une vue agréable, c’est pourquoi nous avons aménagé un parc au coeur de nos immeubles”, précise Dino Baillière. La philosophie est similaire pour le projet voisin de Versluys, où l’on aperçoit déjà aussi des espaces verts. Le quartier fait également la part belle à l’eau grâce aux bassins déjà présents, ainsi qu’à un projet d’ampleur mené par la Ville: la City River. Dans le cadre d’un partenariat international (SCAPE) financé par l’Europe, Ostende a développé pour Oosteroever un système visant à rendre cette zone plus résiliente face aux risques d’inondations et de pénuries d’eau accrus par les dérèglements climatiques. Cela s’est traduit il y a quelques années par l’installation d’infrastructures innovantes, dont une rivière urbaine le long de la Victorialaan qui se veut plus efficace et plus esthétique que des égouts classiques. En phase avec cet environnement, les nouveaux immeubles d’Oosteroever intégreront eux aussi des technologies durables et seront notamment reliés au réseau de chaleur de la ville. Celui-ci utilise la chaleur résiduelle issue de l’usine de valorisation énergétique des déchets IVOO, et assure donc un système de chauffage à la fois plus économique et écologique.
Une dynamique qui prend
Aujourd’hui, il n’y a pas encore lieu de parler d’effervescence à Oosteroever. Toutefois, le quartier prend véritablement forme entre ses différents chantiers. “Il faudra sans doute une dizaine d’années pour que tous les immeubles soient construits et en attendant, la Ville a tenu à ce que le site reste propre. Les deux promoteurs sont très attentifs à cela. Et comme on peut le voir, ils n’ont pas attendu la fin des chantiers pour déjà développer des espaces verts”, souligne Kurt Claeys en nous emmenant dans un petit parc situé juste derrière des immeubles du Hendrik Baelskaai.
Les habitants sont eux aussi déjà présents dans le quartier, tout comme les commerçants. Le Ristorante Marina implanté à Ostende depuis les années 1970 a par exemple fait le choix de déménager à Oosteroever en 2019, tout comme l’institution gantoise Max Consael spécialisée dans les gaufres et beignets. Le quartier gagne ainsi petit à petit une réputation de “branché” qui ne fait qu’entretenir le succès des ventes de logements, mais pas seulement… “On a actuellement une liste d’attente pour les surfaces commerciales car le nombre de personnes intéressées est supérieur aux disponibilités! , souligne Dino Baillière. Nous avons racheté ici derrière le bâtiment d’une entreprise en faillite et nous discutons avec la Ville pour voir comment y développer d’autres activités économiques. Un peu comme au HafenCity à Hambourg, l’idée serait que les gens aient la possibilité de vivre et travailler ici, à Oosteroever.” En plus des commerces et activités économiques greffées aux immeubles de Versluys Groep et Burco Coast, il est en effet question de redynamiser la zone plus industrielle derrière la Victorialaan et d’y développer des activités circulaires liées au port. Il s’agira bien sûr d’entreprises à faibles nuisances afin de préserver le cadre de vie qualitatif qui s’installe petit à petit à Oosteroever.
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