Le groupe Thomas & Piron gonfle son chiffre d’affaires via ses acquisitions externes
Grâce à la diversification de ses activités, TP Holding a pu augmenter son chiffre d’affaires de 33%, augmenter ses fonds propres à 372 millions d’euros (+13%) et atteindre un ratio de solvabilité de 26%. Mais selon ses dirigeants, la vie est loin d’être un long fleuve tranquille.
Les résultats annuels consolidés du groupe Thomas & Piron pour l’année 2022 sont tombés ce lundi. Malgré la hausse des coûts cumulés de la main-d’œuvre (+10%) – en pénurie chronique – et des matériaux (+12%), conjuguée depuis peu à celle des taux d’intérêt, le groupe de promotion et de construction immobilière belge maintient néanmoins un EBITDA (bénéfice avant impôts) de 88 millions d’euros, identique à celui de 2021.
Et grâce à sa croissance, externe essentiellement, il gonfle son chiffre d’affaires de 33%: celui-ci passe de 696 millions à 923 millions d’euros en un an. L’intégration, début 2022, de la société belge Galère et de sa filiale Galère Lux, principalement actives dans le génie civil, suivie de l’acquisition du groupe suisse Epiney Holding en septembre (après celle du groupe Dumas en 2020), lui ont permis de diversifier ses activités et d’accroître sa présence en Belgique et hors de nos frontières. Rien qu’en Suisse, Thomas & Piron compte désormais plus de 400 collaborateurs.
«Industriellement, il nous faut encore parachever l’intégration de ces entités au sein du Groupe; mais la hausse bilantaire et les bons résultats bruts sont déjà visibles», tempère Edouard Herinckx, l’administrateur délégué du Groupe Thomas & Piron, qui avoue que les projets suisses sont plus lents à aboutir que prévu. « Une entreprise étrangère ne peut monter à plus de 30% dans le capital d’une société locale. Il faut donc patienter et mettre de l’eau dans son vin. Nous pensions performer plus rapidement sur le segment de la promotion immobilière. Au final, nous laisserons la main à un partenaire suisse qui nous octroiera les chantiers de construction sur des projets que nous voulions mener à bien et nous en proposera structurellement d’autres sur d’autres marchés, portugais notamment. Et tout le monde s’y retrouve».
Renforcement de l’attelage Edouard Herinckx-François Piron
C’est désormais un binôme qui occupe la tête de la Holding, avec Edouard Herinckx et François Piron, le fils du fondateur, Louis-Marie. Les deux hommes forts du groupe belge, s’il est vrai qu’ils forment un aigle à deux têtes et un duo de CEO’s, s’expliquent: «Nous sommes complémentaires. Je suis davantage actif sur le versant industriel du groupe et Edouard est indispensable sur son versant financier. Nous nous complétons idéalement. Aucune raison donc de changer une équipe qui fait ses preuves!», assure François Piron.
«Je confirme: il me reste du pain sur la planche; je suis encore bien là et pour longtemps, sauf surprise!», renchérit Edouard Hérinckx, qui assure au passage que les projets déjà engrangés aujourd’hui garantissent l’activité du groupe pour les 5 prochaines années au moins.
Marché difficile, mais maintenu
Les deux hommes auront fort à faire pour prendre les bonnes décisions stratégiques dans un marché immobilier résidentiel chahuté et en mutation. Mais vu la diversité de leurs métiers, ils se disent confiants, forts des 1.222 unités de logement (780 maisons et 535 appartements réceptionnés) encore commercialisées en interne l’an dernier dans une conjoncture pourtant peu porteuse et grâce à un message commercial audacieux, mais finalement gagnant: garantir le prix fixe une fois la convention de construction signée.
«En 2021, à la sortie du confinement, les ventes se sont accélérées et on a rapidement vidé les stocks. Ensuite, il a fallu le réachalander en tenant compte des nouvelles tendances du marché. Il n’est d’ailleurs pas exclu, vu les tendances et les nouvelles directives politiques, que le marché de la rénovation se développe davantage. Pour nous y préparer, nous sommes d’ailleurs en train de réorganiser notre filiale TP Réno – qui a réalisé l’an dernier 95 chantiers de rénovation – et à renforcer les synergies entre les différentes entités du Groupe», explique François Piron.
«Je ne doute pourtant pas, vu les coûts de l’énergie et les nouvelles directives en matière d’isolation du bâti, que les propriétaires qui en ont les moyens continueront à porter le marché de l’immobilier neuf quand les taux d’intérêt se stabiliseront», ajoute Edouard Herinckx, qui mise énormément sur la diversification géographique (Belgique, France, Luxembourg, Suisse, Portugal et Maroc) et d’activités (promotion et construction résidentielle, génie civil, rénovation…) pour fidéliser 3.352 collaborateurs et leur offrir des possibilités intéressantes en termes de gestion de carrière et de mobilité interne. Celui-ci enfonce au passage le clou à l’attention des décideurs politiques: pour atteindre les exigences européennes en matière de neutralité carbone à l’horizon 2050, il faudra veiller à ne pas casser la machine de production et ne pas aller plus vite que la musique imposée au niveau européen.
Jouer sur tous les fronts
Pour l’instant, rien qu’en Belgique et au Luxembourg, 12 nouveaux chantiers d’immeubles visant à réaliser 773 unités logements et près de 700 constructions de maisons sont en cours. Dans le nord de la France s’y ajoutent 124 maisons produites par Maisons du Nord et l’important chantier de construction à Teteghem du programme baptisé Les Jardins de Tatto. En Suisse, le groupe Dumas mène de concert une centaine de chantiers de dimensions variées. Et au Portugal, deux fonciers stratégiques ont été acquis pour des projets 100% TP: un chantier majeur de près de 100.000 m² à bâtir à Lisbonne et un quartier neuf résidentiel et de coworking à développer à Porto, sur les quais de Matosinhos. Enfin au Maroc, la livraison de 220 appartements de haut standing se poursuite sur le site de l’ancien aéroport de Casablanca, dans un parc de 50 hectares.
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