Laurent Minguet condamné à passer à la caisse

Serge Lejeune (à gauche) et Laurent Minguet en 2018, juste avant le début de la «saga Horizon». © DR

Particulièrement en vue sur les réseaux sociaux suite à des tweets concernant le «QI des noirs» ou ciblant la militante écologiste Fatima Zibouh, l’homme d’affaires liégeois Laurent Minguet fait également l’actualité judiciaire via sa société Mimob. Il vient d’être condamné à verser quelque 6 millions d’euros à Serge Lejeune, son ex-associé.

Le jugement rendu ce mardi 7 mars par Déborah Gol, la présidente du tribunal de l’entreprise de Liège siégeant comme en référé, risque de faire le tour de la principauté dans les prochains jours.

L’affaire ne date pas d’aujourd’hui et a déjà fait les choux gras du sérail immobilier local. Un premier jugement daté du 26 juin 2018, confirmé ensuite par la cour d’appel et la Cour de Cassation en 2020, avait d’ailleurs statué de manière définitive et irrévocable qu’en vue de prendre la majorité absolue du groupe Horizon – qu’il convoitait début de l’année 2018 -, Laurent Minguet avait pris «ses rêves pour la réalité» en agissant «comme si la société lui appartenait».

«OPA agressive»

Selon Aurore Jansen, la présidente du tribunal de l’entreprise de Liège en charge de l’affaire, Laurent Minguet s’était ainsi rendu coupable d’un «véritable coup de force» pour s’emparer des 50% d’actions détenus par Serge Lejeune dans la holding de contrôle du groupe Horizon (Holding Minguet-Lejeune, HML).


Dans ces circonstances brutales, Serge Lejeune n’avait pas eu d’autre option que de demander le transfert de l’entièreté de ses parts à Laurent Minguet, qui le souhaitait d’ailleurs. Circonstance aggravante selon Serge Lejeune: il était alors contraint de subir une importante opération chirurgicale suivie de soins de chimiothérapie qui l’ont mis hors-jeu durant des mois.


Une fois cette «OPA agressive» réalisée sur les actions de H3DI, la société de Serge Lejeune, et malgré des offres – jugées dérisoires et supérieures à 2 millions d’euros – faites par Laurent Minguet, ce dernier n’a cessé d’arguer en justice, contre l’avis des experts et juges ayant eu à se prononcer sur l’évaluation de la société, que celle-ci avait à ses yeux une valeur quasi nulle.


C’est pourtant bien un premier prix provisoire de 3,5 millions d’euros qui a été fixé en 2020 par la cour d’appel de Liège sur base des éléments en sa possession et dans l’attente des résultats de l’expertise judiciaire confiée alors à un réviseur d’entreprise (Eric Mathay). Celle-ci a été bouclée fin 2021 par un rapport de 212 pages (sans compter les annexes).


Elle clôturait une longue procédure parsemée d’incidents d’expertise soumis à la présidente du tribunal, de dizaines de réunions, de plus de 600 courriers échangés entre les parties avec des milliers de pages de rapports et d’argumentations.


Fruit du travail conséquent accompagné de celui d’un bureau d’expertise immobilière liégeois et d’un bureau spécialisé en urbanisme (choisis par les parties), cette expertise a pour sa part abouti à un montant de 6,9 millions d’euros.

Jugement enfin définitif et exécutoire

Aujourd’hui, sur base de cet avis technique, le tribunal de l’entreprise de Liège condamne finalement Laurent Minguet à un paiement immédiat et exécutoire du solde d’un montant approchant les 6 millions d’euros. Au-delà du montant, le jugement confirme l’entière responsabilité de ce dernier dans toute cette affaire en mettant les dépens de toute la procédure à sa charge, dont la totalité des frais d’expertise (ce qui représente des centaines de milliers d’euros).

Laurent Minguet annonce déjà penser à porter l’affaire en appel.


Ce copieux jugement de 95 pages rendu ce mardi 7 mars 2023 est particulièrement détaillé. Trop, selon Laurent Minguet, qui se dit effaré par son fouillis, par les conclusions rendues, et annonce déjà penser à porter l’affaire en appel.


Pour Maître Jean-François Goffin (associé CMS), un des avocats de Serge Lejeune, ce jugement apparaît pourtant comme injustement restrictif et conservateur dans ses évaluations. Mais pour l’essentiel, il infirme une fois de plus très clairement la position «invraisemblable» défendue par Laurent Minguet quant à la valeur nulle des 50% d’actions que son ex-associé de 20 ans, Serge Lejeune, détenait via 3D Invest dans HML.

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