La Ville de Bruxelles persiste et signe en taxant durement le secteur du coliving
La Ville de Bruxelles retire… et réintroduit son imposition des chambres gérées en coliving sur son territoire suite aux remarques de la tutelle régionale. Le montant annuel de 1.520 euros par chambre fait monter le secteur au créneau.
C’était une des nouveautés dans la rubrique ‘recettes’ du budget 2023 de la Ville de Bruxelles: la nouvelle taxe sur le coliving devait, selon ses géniteurs publics, juguler l’expansion de ce nouveau type de logement partagé qui prolifère dans la capitale et mettre du beurre dans les finances communales.
La précédente version du «règlement-taxe relatif aux logements loués sous forme de coliving», adoptée le 19 décembre 2022 et validée pour les exercices 2023 à 2026, avait été suspendue par la tutelle régionale le 7 février dernier.
La Ville a donc illico revu sa copie et réintroduit un projet d’arrêté amendé présenté au conseil communal le lundi 6 mars dernier. Celui-ci prévoit toujours, pour les mêmes motifs, de taxer d’un montant de 1.520 euros (indexé) par chambre par an tout propriétaire privé d’espaces de coliving exploité sur son territoire, et ce dès la publication de l’arrêté communal.
Les propriétaires et gestionnaires visés serrent les rangs
Du côté des principaux gestionnaires d’espaces de logements partagés, la réaction ne s’est pas fait attendre. Ceux-ci indiquent ne pas s’opposer à une réglementation équilibrée qui soutienne une professionnalisation du secteur en pleine expansion ; mais ils se disent sidérés par le montant exorbitant de la taxe, qui met à mal la viabilité commerciale de tout un secteur. Certains partenariats en cours entre promoteurs immobiliers et gestionnaires d’unités de coliving reposent en effet sur un partage de marges calculé sur des loyers avant imposition. Et la nouvelle «rage taxatoire» communale sonnerait pour certains le glas des projets en cours ou à venir.
Nous allons rayer la Ville de Bruxelles de la carte pour nos futurs projets.
«C’est simple: nous allons rayer la Ville de Bruxelles de la carte pour nos futurs projets. Et si la mesure se répand dans la capitale – comme c’est déjà le cas à Etterbeek, qui a emboîté le pas à Bruxelles –, nous irons voir ailleurs, là où notre offre commerciale, qui correspond à une réelle demande du marché, est encore bienvenue», réagit l’un des principaux acteurs internationaux du secteur. La mesure est surtout préoccupante pour certains professionnels dont les immeubles partagés sont particulièrement concentrés au centre de la capitale. Pour d’autres, dont le portefeuille immobilier est géographiquement plus diversifié, la pilule est moins dure à avaler.
Pour défendre de concert les intérêts de tout le secteur face à cette mesure unilatérale émanant de la tutelle communale, qui risque de donner des idées aux communes voisines, les principaux acteurs du secteur ont décidé de serrer les rangs «pour avoir un dialogue constructif et efficace avec les autorités publiques» et parler d’une seule voix.
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