Immobilier durable: les géants belges s’unissent pour accélérer la transition écologique


Les plus grands acteurs de l’immobilier belge se rassemblent au sein d’un nouveau forum – le Belgian Green Building Council – en faveur du développement durable. L’objectif? Parler d’une seule voix pour peser sur les décisions politiques.
L’immobilier belge fait face à un défi majeur: sa transition écologique est freinée par un cadre réglementaire complexe et un manque d’harmonisation des normes. C’est pourquoi les plus grands acteurs du secteur (promoteurs, banques, universités) se rassemblent aujourd’hui sous une seule bannière – le Belgian Green Building Council (BGBC). Leur volonté? Accélérer le mouvement pour un parc immobilier plus vert, plus durable… et économique!
Un secteur face à des défis colossaux
On le sait: la vétusté du parc immobilier belge représente une source importante d’émissions de CO2. En Wallonie, de nombreux bâtiments datent d’avant les premières réglementations thermiques, et sont donc mal isolés et peu performants. Avec le Hainaut en tête, 586.770 foyers wallons ont plus de 100 ans, selon les données de Statbel. Et même si plusieurs de ces logements ont déjà été rénovés afin d’en améliorer la performance énergétique, la majorité obtient encore des scores C, D, voire E ou F.
Et même si la Flandre s’en sort mieux que la Wallonie, une grande partie de ses logements datent quand même de plus de 50 ans, ressort-il d’une enquête menée par le gouvernement flamand. « À l’échelle européenne, notre patrimoine immobilier est loin d’obtenir de bons scores », en conclut le Belgian Green Building Council dans un communiqué.
Cette vétusté pèse non seulement sur le bilan carbone du pays, mais aussi sur la valorisation des biens immobiliers. Un logement avec un meilleur score PEB aura une valeur supérieure à un bien similaire, plus énergivore. En 2024, la différence de prix entre un bâtiment performant et un bâtiment énergivore a bondi de 104.000 à 145.250 euros, selon le baromètre Fednot.
« Il est urgent d’instaurer un cadre commun, des définitions claires et une réglementation simplifiée en matière de développement durable. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons faire de réels progrès en tant que secteur », déclare Isabelle De Bruyne, présidente du BGBC, également Chief Sustainability Officer chez CFE. « Il est grand temps que nous rattrapions notre retard. »

Simplifier l’administratif et harmoniser les normes
Permis d’urbanisme, réutilisation des matériaux de construction, économie circulaire… Les lois et réglementations sont complexes en Belgique, notamment en raison des différents niveaux politiques. Par conséquen, cela complique souvent la transition durable dans le secteur de l’immobilier. “Sans parler du fardeau administratif, du temps et de l’argent consacrés aux permis et aux rapports”, précise le BGBC.
« Actuellement, les entreprises perdent des ressources et un temps précieux dans la paperasserie au lieu d’investir dans des méthodes de construction innovantes et durables », regrette le vice-président Rikkert Leeman (Alides).
Le BGBC cite notamment le cas récent d’un de ses membres qui souhaitait réutiliser des gravats de béton recyclés dans un nouveau projet de construction. Celui-ci s’est heurté à une montagne de réglementations et de permis qui l’en a empêché. « Au lieu de construire de manière circulaire, ils ont été contraints de faire livrer 500 camions de nouveaux gravats de béton », explique Isabelle De Bruyne.
Le Belgian Green Building Council s’est fixé un autre objectif ambitieux: conclure, d’ici un an et demi, des accords concrets sur des normes communes durables au sein du secteur immobilier.
Le problème, à l’heure actuelle, est que les différents acteurs du secteur ne parlent pas toujours le même langage. Notamment en matière de calculs de l’intensité énergétique, par exemple. « Les entreprises du secteur immobilier et les gouvernements utilisent des méthodologies différentes », constate Emilie Delacroix (Helexia). Même la définition des objectifs “net zéro” (ou zéro émission nette) varie. « Cela crée de la confusion et nuit au progrès ».
L’absence d’un cadre clair complique également l’essor de la construction circulaire. « En offrant aux bâtiments une deuxième, une troisième, voire une quatrième vie, nous pourrions réduire considérablement l’impact sur l’environnement. Mais cela nécessite des accords clairs entre tous les acteurs du secteur. Et pour le moment, il n’y en a pas », déplore le vice-président Wim Heylen (Heylen Group).
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La Belgique, un leader de l’immobilier durable?
La création du Belgian Green Building Council marque une étape-clé pour la transition durable du secteur immobilier. Plusieurs de ses membres seront présents au salon international de l’immobilier MIPIM. La Belgique entend ainsi se positionner comme un leader de l’immobilier durable en Europe. Reste à voir si cette dynamique parviendra à convaincre les décideurs politiques…
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