Acheter seul son appartement ou sa maison devient la nouvelle norme en Belgique. Selon une nouvelle étude conjointe de Belfius Banque et Immoweb, les acheteurs solos sont désormais majoritaires, surtout à Bruxelles ou à Liège. Mais leur pouvoir d’achat chute: ils disposent en moyenne de 98.000 euros en moins qu’un couple.
Contrairement à ce que disent certains, acheter un bien immobilier seul n’a plus rien d’exceptionnel en Belgique: en 2025, ils sont plus de la moitié à le faire. Un phénomène qui marque une “évolution notable sur le marché immobilier”, selon Belfius Banque et Immoweb. Mais financer un logement tout seul reste un défi financier, et cela se ressent dans les préférences d’achat. Surface plus petite, caractéristiques différentes… Avec près de 100.000 euros de budget en moins que les couples, les acheteurs solos doivent revoir leurs ambitions à la baisse.
La diminution de la taille des ménages en cause?
Pour comprendre cette évolution, il faut observer la structure des ménages. Le noyau familial belge tend à être de plus en plus petit, soulignent les chiffres de Statbel. La proportion de ménages composés d’une seule personne ne cesse d’augmenter: de 30% à 36,3% en 20 ans.
Mais les Belges, même seuls, gardent une brique dans le ventre. En 2025, 54% des dossiers d’achat de primo-acquéreurs examinés par Belfius Banque ont ainsi été conclus par des personnes célibataires, contre 46% pour les duos. Jusqu’à récemment (entre 2021 et 2023), le marché se partageait encore à parts égales entre acheteurs solos et duos…
Une tendance principalement urbaine, puisque le phénomène semble particulièrement marqué dans les grandes villes. À Bruxelles par exemple, 2 dossiers de crédit sur 3 sont introduits par une personne seule, faisant de la capitale le véritable épicentre de cette tendance. En Flandre et en Wallonie, la dynamique est également présente et de grandes villes affichent des taux similaires ou supérieurs. À Anvers, près de 7 dossiers de crédit sur 10 sont déposés par des personnes seules (69 %), un taux similaire à Liège (67 %). En Wallonie, la part des acheteurs seuls reste également élevée: 60% à Namur et 63% à Charleroi.
La contrainte d’un revenu unique
Mais cette augmentation du nombre d’acheteurs seuls s’accompagne d’une capacité d’achat significativement plus limitée que celle des couples. Le prix médian d’achat pour une personne seule est de 240.000€, tandis qu’il atteint 338.000€ pour un duo. Soit une différence de 98.000 euros. Pourtant, les acheteurs seuls ont souvent un salaire plus élevé: 2.500€ contre 2.300€ par personne dans un couple. Un écart encore plus marqué à Bruxelles: 2.780€ pour une personne solo contre 2480€ par personne pour un duo. Alors comment expliquer une telle différence de budget immo?
C’est bien simple, ce revenu individuel, bien que supérieur, ne compense pas l’avantage du double salaire, qui accroît la capacité d’emprunt des couples. Une personne seule ne peut compter que sur ses seuls revenus pour rembourser son crédit. Elle peut donc généralement emprunter moins et un apport personnel plus important lui sera demandé. En effet, seuls 20% des prêts contractés par des acheteurs solos couvrent plus de 90% du prix du bien, contre 33% pour les achats réalisés à deux. “En d’autres termes, lorsqu’on achète un bien seul, il faut disposer d’une épargne plus importante que lorsqu’on achète à deux”, explique Ruben De Winne, Product Manager Crédit hypothécaire chez Belfius Banque.
Des biens plus petits, mais plus urbains
Avec un budget plus limité, les acheteurs solos se tournent naturellement vers des biens plus petits. Ils opteront plus facilement pour des appartements, tandis que les couples investissent dans des logements plus grands, souvent des maisons. En moyenne en Belgique, 48% des achats réalisés par une personne seule concernent un appartement, contre 17% parmi les achats effectués à deux.
Une préférence d’achat qui ne dépend pas que du budgte, mais aussi de l’offre immobilière disponible. Dans les grandes villes, on trouve beaucoup plus d’appartements que de maisons mis en vente. Tant les célibataires que les couples vont dès lors se tourner vers ce type de biens. À Bruxelles, par exemple, 85% des biens proposés sur Immoweb sont des appartements.
Sur base des données récoltées, Immoweb a identifié le portrait-type du bien acheté en Belgique, selon la composition du ménage. Concrètement, on observe ce que les acheteurs peuvent s’offrir en 2025.
- Couple: avec un budget médian de 338.000€, un couple peut s’offrir une maison unifamiliale d’environ 162m², généralement bien entretenue et construite entre 1946 et 1970. Elle dispose le plus souvent d’un parking privé, d’un espace extérieur (jardin et/ou terrasse) et comprend 3 chambres, une salle de bain et 2 toilettes.
- Célibataire: avec un budget médian de 240.000€, une personne seule peut s’offrir un appartement d’environ 77m², bien entretenu et majoritairement construit entre 1946 et 1970. Il se situe le plus souvent aux 1er, 2e ou 3e étages d’un immeuble équipé d’un ascenseur, et comprend 2 chambres, une salle de bain et souvent une terrasse.
Ce phénomène traduit un besoin de redéfinir durablement le marché immobilier, avec des logements plus petits, plus abordables et mieux adaptés aux nouveaux modes de vie. Un constat partagé par Deloitte dans son dernier baromètre immobilier.
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