Immo: quatre experts, et trois labels énergétiques différents pour un même logement

L’équipe de l’émission de la VRT “Factcheckers“. © pg

Une même habitation a reçu, en fonction des experts consultés, trois certificats de prestation énergétique différents. Choquée, la Flandre prend des mesures.

Ils sont trois et poursuivent inlassablement la même quête: chercher la vérité dans les informations qui, en permanence, nous submergent. Ils en ont tiré une émission très suivie de la VRT, Factcheckers, dont le fil conducteur tient en un mot: vérifier. Par exemple si les draps sont régulièrement changés dans les grandes chaînes hôtelières étoilées. Ou si une piquette tirée d’un cubitainer acheté en grande surface peut, une fois mise en bouteille et revêtue d’un nom de domaine inexistant, décrocher une médaille dans un concours. Ou si tous les certificats de prestation énergétique (”performance” énergétique en Wallonie et à Bruxelles, donc PEB) se valent. Pour en avoir le cœur net, Thomas Vanderveken, Britt Van Marsenille et Jan Van Looveren (photo) avaient invité quatre experts à évaluer la prestation énergétique d’une même habitation. Le reportage qu’ils en ont tiré, diffusé sur la Een à la mi- novembre, n’en finit pas de faire des vagues. Le logement examiné s’est en effet vu attribuer trois labels différents, allant de B (vert clair) à C et D (orange et dernière étape avant la rénovation obligatoire).

Un expert ne pourra plus être à la fois agent entrepreneur ou agent immo- bilier.

Nouvel examen

Ces résultats posent question, tout comme le comportement des experts invités, l’un d’entre eux poussant la bonté jusqu’à prendre en considération des travaux que le propriétaire affirmait vouloir entamer prochainement!

Choquée par ces images tournées en caméra cachée (la valeur marchande d’un bien immobilier est en effet fonction du label qui lui est attribué), l’Agence flamande pour le climat et l’énergie (Veka) ne nie pas le problème mais relativise. L’an dernier, elle a enregistré 63 plaintes fondées et déjà trois fois plus cette année mais, insiste l’Agence, cela reste marginal au regard des 200.000 certificats délivrés annuellement, et certains experts sont depuis un moment déjà dans le viseur.

A la demande de la ministre de tutelle (Zuhal Demir), elle aussi choquée, diverses mesures seront toutefois incessamment prises, parmi lesquelles un durcissement des conditions d’accès à la profession ainsi qu’une plus grande attention prêtée aux conflits d’intérêts possibles. Un expert ne pourra plus être en même temps agent entrepreneur ou agent immobilier. Il devra procéder lui-même aux mesures nécessaires et ne pourra donc plus, comme c’était régulièrement le cas, confier cette tâche à un collaborateur administratif. Un nombre maximum de prestations par an sera également défini.

En outre, les autorités flamandes organiseront à nouveau elles-mêmes l’examen d’agréation qu’elles avaient externalisé et veilleront, via un nouvel examen, à l’actualisation des connaissances, jusqu’à présent réputées acquises moyennant le suivi d’un certain nombre d’heures de formation. Ces mesures sont d’autant plus nécessaires que d’ici fin décembre, les petits immeubles à appartements de quatre unités maximum doivent, en principe, disposer eux aussi d’un tel certificat.

GUILLAUME CAPRON

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