Engel & Völkers à Bruxelles: ça s’en va et ça repart
Après 17 ans de présence à Bruxelles et environs, les 8 agences de l’enseigne immobilière de prestige vont discrètement changer de nom ce week-end.
Philippe Rosy, l’homme d’affaires qui pilote les 8 adresses restantes du groupe international à Bruxelles, dit vouloir couper définitivement les ponts avec la direction de l’enseigne Engel & Völkers. «Je jette le gant, pas l’éponge. Je n’exclus d’ailleurs pas de porter plainte auprès des tribunaux dans les prochains jours contre la direction internationale…», confie-t-il.
Ceci n’est pas une faillite
L’homme qui a implanté la marque Engel & Völkers en France, en Belgique, au Luxembourg et à Monaco précise que son action ‘coup de poing’ n’est en rien motivée par des problèmes financiers: si les résultats 2022 de la S.A. EV BruBel qui chapeaute les 8 agences immobilières de prestige font état d’une perte de l’ordre de 250.000 euros avant amortissement, les années précédentes alignaient un chiffre d’affaires oscillant autour de 6,5 millions d’euros et un EBITDA variant entre 1 et 1,5 million.
Ce qui l’a poussé à déposer définitivement l’enseigne noire et rouge sur fond blanc pour la remplacer par une autre -baptisée sous forme de clin d’œil ‘John Steed Real Estate’, c’est un désaccord profond avec la maison-mère allemande, qui gère depuis Hambourg le groupe à l’international.
Préjudice commercial et moral
«J’arrête tout parce qu’en 2020, j’ai dû faire face à une véritable mutinerie fomentée en interne avec le soutien du board international du réseau Engel & Völkers, qui espérait récupérer ma franchise au rabais. Depuis près de trois ans, une instruction judiciaire initiée auprès des tribunaux parisiens pour avoir accès à toutes les pièces prouvant cette collusion interne a passablement pourri mes relations avec le groupe allemand, racheté depuis par un fonds d’investissement. Aujourd’hui, j’ai enfin eu gain de cause sur toute la ligne: la décision rendue fin juillet dernier par la cour d’Appel de Paris m’a donné accès à toutes les pièces du dossier. Et je vous assure qu’elles sont édifiantes! Après plusieurs tentatives de conciliation avec la direction du groupe, j’ai aujourd’hui décidé que cela suffisait: j’ai perdu toute envie de me battre un jour de plus pour cette marque, raison pour laquelle je fait dépendre toutes les enseignes. Et j’entends à présent faire valoir mes droits», explique Philippe Rosy, qui étudie avec ses conseils comment obtenir réparation du préjudice commercial et moral qu’il a dû subir et dénoncer.
Les 8 enseignes Engel & Völkers concernées seront dépendues et remplacées par les nouvelles (voir photo) ce lundi. Pour la suite, Philippe Rosy est en pourparlers avec des partenaires pour étendre le nouveau réseau qui devrait rester dans le même segment de marché haut de gamme que précédemment. «Pourquoi pas la Côte belge et l’étranger? Rien n’est fermé, mais rien n’est encore décidé», pose-t-il à ce stade.
Reprise en main depuis Hambourg
Du côté d’Engel & Völkers, on se refuse pour l’instant à répondre aux allégations de Philippe Rosy et on dit regretter que ce dernier ait choisi de commenter publiquement la résiliation des licences détenues jusqu’ici par EV Brubel S.A.
«Les autres licences d’Engel & Völkers en Belgique ne sont pas affectées par cette décision et dès ce vendredi, nous commencerons à opérer directement, depuis Hambourg, dans l’agglomération bruxelloise afin d’y renforcer notre présence. Une forte performance à Bruxelles reste un moteur important pour le succès continu de notre marque», réagit la direction ce vendredi après-midi.
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