Efficy lance le “coliving” au bureau
La société belge spécialiste européenne des logiciels CRM, présente dans une quinzaine de pays en Europe, propose un nouveau modèle de vie en entreprise. Chaque implantation sera dorénavant transformée en campus mêlant bureau, détente et logement sur un même espace. Bruxelles ouvre le bal avant Paris et Madrid.
Si les deux escargots collés à la façade ne passent pas inaperçus auprès des automobilistes et que les fêtards y grimpent depuis deux étés pour y découvrir l‘un des plus beaux rooftops de la capitale, l’immeuble qui domine la forêt de Soignes et le ring de Bruxelles à Tervuren abrite également depuis début septembre un concept particulièrement innovant de vie d’entreprise.
Pour le découvrir, rendez-vous au cinquième étage. On arrive dans les bureaux d’Efficy, société belge devenue une spécialiste européenne des logiciels CRM (gestion de la relation client). Une pépite qui grandit à grande vitesse. Elle a d’ailleurs racheté une dizaine d’entreprises depuis sa création en 2005 et compte aujourd’hui 550 employés disséminés dans une quinzaine de pays.
Sur le plateau de 1.000 m2, des bureaux entièrement repensés, comme on en voit de plus en plus à Bruxelles et ailleurs. Pas d’accueil ni de réceptionniste mais bien une grande cuisine et, un peu plus loin, un kicker, une table de ping-pong et un écran géant pour regarder les matchs de foot. Les couleurs sont criardes. De quoi favoriser l’ambiance bon enfant qui règne sur le plateau. Pour travailler, il y a le choix avec des espaces de travail multiples et variés: assis, débout, dans une bulle, un canapé ou encore sur un tapis roulant. Bref, une ambiance coworking bien dans l’air du temps. “Les jeunes travailleurs exigent d’avoir des bureaux de qualité où ils peuvent s’épanouir, explique Cédric Pierrard, CEO et cofondateur d’Efficy. On a donc décidé de revoir entièrement notre approche en reformulant le lieu de travail et en imaginant un concept à la frontière du coworking et du coliving. L’idée est d’offrir à nos employés un service supplémentaire afin d’améliorer les relations entre eux. Et également un cadre de travail qui permet de les retenir et ne leur donne pas envie d’aller voir ailleurs.”
L’idée est de fonctionner comme sur un campus, où l’on peut mêler travail et détente après le boulot.”
Cédric Pierrard, CEO d’Efficy
Le service supplémentaire, c’est donc ces cinq chambres avec salles de bain individuelles aménagées juste à côté des espaces de travail. Une épaisse porte sépare les deux. Deux salles, deux ambiances. Ici, l’environnement est plus apaisé, lumières tamisées et mobilier boisé favorisant la détente. “C’est complètement novateur comme concept, poursuit le CEO d’Efficy. L’idée est de fonctionner comme sur un campus où l’on peut mêler travail et détente après le boulot. Nos employés ne sont pas intéressés d’aller à l’hôtel quand ils viennent à Bruxelles. Ils veulent rentabiliser leur temps au maximum en passant des moments privilégiés avec leurs collègues. Cuisiner ensemble ou regarder un match de foot est bien plus marquant en termes d’expérience. En fait, il s’agit en quelque sorte d’un Erasmus corporate.”
Ce concept mêlant coworking et coliving va devenir la marque de fabrique de l’entreprise. Le modèle sera reproductible dans les différentes villes où Efficy est implantée. Paris et Madrid seront les deux suivantes. “Ces villes ont été plébiscitées par nos employés. Ce sont également des capitales où une forte délégation d’Efficy est présente. Chaque implantation du modèle doit faire l’objet d’une analyse précise car mêler logement et bureau n’est pas permis partout. Il y a aussi des contraintes techniques. Mais nous passerons au-dessus car proposer un concept disruptif nous plaît beaucoup.”
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La frontière entre vie professionnelle et vie privée
Si l’idée du CEO d’Efficy, validée en interne, est de favoriser au maximum les voyages et les échanges, le secteur d’activités dans lequel il évolue facilite néanmoins ce nomadisme. Tous les employés peuvent y avoir recours, sur base volontaire. Ils peuvent réserver une chambre pour une semaine ou plus. “Si un de nos experts doit se rendre dans une autre ville pour y travailler ou suivre une formation, il est beaucoup plus intéressant qu’il passe le maximum de temps avec ses collègues. Il faut arrêter d’opposer la vie professionnelle et la vie privée. Les deux sont complémentaires et il est tout à fait normal de passer des moments agréables avec ses collègues. Précisons qu’il ne s’agit pas de voyages d’agrément: il faudra une vraie raison de se déplacer.”
Reste que ce modèle n’est bien évidemment pas applicable à toutes les entreprises. Elles doivent disposer d’une certaine taille, posséder un réseau international et avoir des employés ouverts à l’idée de passer plusieurs jours à l’étranger en mêlant vie privée et vie professionnelle. “Mais c’est dans l’air du temps. Nous ne poussons pas nos employés à faire des heures supplémentaires. C’est juste que nous estimons que rester seul dans sa chambre d’hôtel est inintéressant. Tout comme perdre des heures dans les transports en commun. Cela va en tout cas favoriser les contacts sociaux, améliorer l’image de la société et attirer des candidats qui apprécient ce style de management.”
La formule connaît en tout cas un certain succès auprès des jeunes collaborateurs d’Efficy, d’autant que plus de 60 nationalités se côtoient. Elle devrait servir de vitrine pour le recrutement futur d’autant que les ambitions sont grandes. Le plan à cinq ans étant de multiplier par quatre le chiffre d’affaires de l’entreprise qui s’élevait l’an dernier à 65 millions d’euros. Pour moitié par croissance organique, pour moitié par acquisition. D’où l’importance d’avoir des employés fidèles et qui s’engagent sur le long terme. “Ce qui nous oblige à vraiment travailler sur la culture d’entreprise pour réussir à intégrer tout le monde, fait remarquer Cédric Pierrard. Et puis, en tant qu’entreprise de logiciels, notre succès repose essentiellement sur les personnes. Nous avons donc besoin d’experts doués qui nous restent fidèles. Et travailler dans un environnement différent peut les encourager à rester plus longtemps dans l’entreprise. Nous avons déjà un taux élevé de fidélité puisque 37% des employés ont commencé à travailler pour Efficy il y a cinq ans. Ce nouveau concept pourrait encore améliorer ces chiffres.”
Une croissance par acquisition
Efficy a été fondée à Bruxelles par Cédric Pierrard et Robert Houdart. La société a développé un CRM (customer relationship management, logiciel de gestion de la relation client), emploie quelque 550 personnes en Europe et a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 65 millions d’euros. Seuls 10 à 15% de ce CA est réalisé en Belgique.
Si elle est relativement méconnue en Belgique, Efficy ne manque pas d’ambitions. L’objectif est de devenir un des leaders européens indépendants en matière d’élaboration de plateforme de CRM. Et ce à côté des géants Salesforces, SAP, Microsoft, etc.
Elle propose des solutions logicielles pour la gestion de la relation des entreprises avec leurs clients, grâce à des produits s’étendant de la facturation au marketing en passant par le service client ou le suivi de projets.
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