Country Garden, un des plus gros promoteurs de Chine, s’effondre en Bourse, rattrapé par la crise
L’action du promoteur Country Garden, l’un des plus grands groupes immobiliers de Chine, perdait lundi plus de 15% en Bourse, au moment où la santé financière précaire de l’entreprise et son endettement astronomique préoccupent les marchés.
Sa situation est la conséquence directe d’une crise d’une ampleur inédite de l’immobilier, un secteur qui, avec la construction, a longtemps représenté le quart du PIB de la Chine. Country Garden est dans son pays un géant privé, présent principalement dans des villes secondaires et qui emploie plusieurs dizaines de milliers d’employés. Le groupe figure au classement Forbes des 500 plus grosses entreprises du monde et sa patronne, Yang Huiyan, était jusqu’à récemment la femme la plus riche d’Asie.
Country Garden, qui a longtemps été réputé solide financièrement, a été incapable lundi dernier de s’acquitter de deux remboursements d’intérêts sur des emprunts. Le groupe dispose d’un délai de grâce de 30 jours et risque un défaut de paiement en septembre s’il ne paie pas.
Contre toute attente, l’entreprise a par ailleurs annoncé durant le weekend suspendre les cotations d’une dizaine d’obligations à compter de ce lundi. Cette décision est porteuse de nervosité sur les marchés car le groupe estimait sa dette à quelque 1.152 milliards de yuans (150 milliards d’euros) fin 2022. L’agence Bloomberg la chiffre à environ 1.400 milliards de yuans (176 milliards d’euros). En toute logique face à ce contexte défavorable, l’action Country Garden cédait lundi à la mi-journée 16,3% à la Bourse de Hong Kong, où le groupe est coté.
Lettre d’excuse
La patronne de Country Garden a admis vendredi dans une lettre d’excuse que son entreprise affrontait en raison de la conjoncture “les plus grandes difficultés” depuis sa création. Yang Huiyan, devenue milliardaire à l’âge de 25 ans en héritant des actions du groupe fondé par son père, a toutefois rassuré sur la combativité de Country Garden pour s’en sortir et survivre.
A l’image d’Evergrande, son concurrent endetté à hauteur de plus de 300 milliards d’euros, tout effondrement de Country Garden aurait des répercussions catastrophiques sur le système financier et l’économie chinoises. Le groupe, qui doit publier dans le courant du mois ses résultats semestriels, dit s’attendre à une perte nette de l’ordre de 45 à 55 milliards de yuans (entre 5,6 et 7 milliards d’euros).
Pour accentuer la pression, 31 milliards de yuans (3,9 milliards d’euros) d’obligations arriveront à échéance en 2024, selon l’agence de notation Moody’s, qui a abaissé jeudi la note de solidité du groupe à “Caa2”, synonyme de “risque de crédit très élevé”.
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Risque majeur
La réforme du logement en Chine, qui a créé un véritable marché immobilier à la fin des années 1990, a entraîné un boom fulgurant du secteur, entretenu par les normes sociales, l’acquisition d’un bien étant souvent un prérequis au mariage. Mais l’endettement massif des promoteurs est perçu ces dernières années par le pouvoir comme un risque majeur pour l’économie et le système financier du pays.
Pour réduire l’endettement du secteur, Pékin a progressivement durci à partir de 2020 les conditions d’accès au crédit pour les promoteurs, ce qui a tari les sources de financement des groupes déjà endettés. Une vague de défauts de paiement a suivi, notamment celui du groupe Evergrande, qui mine la confiance des acheteurs potentiels et se répercute à l’ensemble du secteur, sur fond de ralentissement économique en Chine.