BRI : l’évolution des marchés immobiliers est “déroutante”
L’évolution des marchés immobiliers est “déroutante” au regard de la hausse des taux d’intérêt et des perspectives économiques incertaines, avertit un économiste de la Banque des règlements internationaux (BRI), qui met en garde contre les mauvaises habitudes prises durant la période des taux bas.
Dans un certain nombre de pays, l’immobilier résidentiel s’est stabilisé récemment, voire a commencé à remonter, a constaté Claudio Borio, le chef du département monétaire et économique, durant une conférence de presse lors de la publication du rapport trimestriel de cette institution considérée comme la banque centrale des banques centrales. Si des facteurs “par pays” peuvent expliquer cette évolution, ce mouvement sur les prix immobiliers est suffisamment répandu pour s’interroger, en particulier à un moment “où l’économie est en train de s’affaiblir”, ajoute-t-il.
Des facteurs structurels peuvent certes jouer, soupèse l’économiste, qui cite en exemple le fait que les particuliers veulent des biens plus grands depuis la pandémie de Covid-19 afin de pouvoir télé-travailler. Mais il voit aussi des explications plus “conjoncturelles”, liées au fait que les marchés financiers pensent désormais que le resserrement des taux d’intérêt semble avoir atteint son “pic”. Or s’il n’est pas impossible que ce pic approche, il ne faut pas non plus exclure que l’inflation s’avère “plus têtue” que prévu, avertit M. Borio.
Cette évolution “inhabituelle” de l’immobilier après un durcissement des politiques monétaires est une des sources de vulnérabilités de l’économie qui sont dans une “large” mesure “l’héritage d’une période de taux d’intérêt très bas qui a duré très longtemps”, juge-t-il.
Le très faible niveau des taux depuis la crise financière de 2008, puis avec les mesures de soutien à l’économie durant la pandémie de Covid-19, a longtemps poussé les entreprises à s’endetter et alimenté le boom de l’immobilier et des marchés boursiers. Mais les modèles d’affaires fondés sur cette base “sont particulièrement vulnérables dans les conditions de marché actuelles“, a souligné M. Borio.
Dans son rapport trimestriel, la BRI constate qu’avec “la fin du cycle de hausse (ndlr: des taux) perçue comme étant en vue”, les actifs à risque ont bien résisté ces derniers mois, en dépit d’une brève pause en août, lorsque les chiffres meilleurs qu’attendu du PIB américain fin juillet avaient ravivé les attentes d’un nouveau tour de vis sur les taux.
Dans le détail, les marchés boursiers ont toutefois fait la distinction entre les Etats-Unis, où les craintes de récession se sont affaiblies, et les valeurs européennes, où les gains ont été plus faibles, ainsi que les actions chinoises, surtout dans le bâtiment et les infrastructures, plombées par une reprise moins forte qu’escompté.