Avec Airplan, une demande de permis en quelques minutes

En matière de demande de permis d’urbanisme, la Wallonie a des années de retard sur les deux autres Régions. Airplan comble ce déficit digital en offrant une solution très facile. Un exemple à suivre pour la simplification annoncée ?

Adeline Stals, une docteur en architecture d’ULiège qui dirige aujourd’hui son propre bureau à Grivegnée, n’arrêtait pas de pester contre l’aspect rébarbatif d’une demande de permis d’urbanisme en Wallonie. Une étape essentielle mais qui, au sud du pays, n’est pas digitalisée et se dépose toujours en version papier. Elle a demandé, en 2021, à ses deux amis, Jeremy Corman et Frédéric Feytons, d’examiner la faisabilité d’une automatisation du processus. Un an plus tard, Airplan était née. Une solution logicielle qui permet de remplir une demande en quelques minutes.

“Airplan collecte de façon automatique les données de WalOnMap, le géoportail de la Wallonie qui a quadrillé tout le territoire, raconte la CEO d’Airplan. Cette automatisation combinée à d’autres éléments facilitateurs fait gagner un temps considérable aux architectes qui peuvent dès lors se concentrer sur des tâches à valeur ajoutée. Deux ans plus tard, plus de 500 professionnels nous font confiance et, grosso modo, un permis d’urbanisme déposé sur 20 est passé par chez nous.”

Les particuliers aussi

Suivant les cas et les communes, certains permis d’urbanisme ne nécessitent pas l’intervention d’un architecte. D’autres professionnels, comme les placeurs de panneaux photovoltaïques ou de bornes de recharge électrique, ont donc aussi vu tout l’intérêt du logiciel. La possibilité de réaliser une étude de faisabilité a aussi permis à Airplan de s’ouvrir à d’autres professions comme les notaires et les avocats. Mais ce n’est pas tout.

“Aujourd’hui, les professionnels constituent 80 % de notre chiffre d’affaires, confie Jeremy Corman, CMO d’Airplan. Mais nous intéressons de plus en plus de particuliers. Pour eux aussi, déposer une demande de permis d’urbanisme s’avère un chemin de croix. D’ailleurs, de plus en plus de communes font appel à Airplan pour aider leurs concitoyens. On prépare d’ailleurs un chatbox qui leur sera dédié et va répondre à certaines questions préalables à tout projet. L’autre nouveauté d’ici à l’automne, c’est un module d’IA qui va faciliter la description d’un projet.”

Utiliser Airplan coûte 39 euros par parcelle avec des possibilités d’abonnement. La start-up espère dégager un chiffre d’affaires de 150.000 euros cette année. Elle vient d’ailleurs d’engager son premier salarié : le développeur Thomas Hupkens. Jusque-là, les trois fondateurs, qui ont des jobs par ailleurs, avaient tout réalisé eux-mêmes avec un investissement quasi nul. Avec la simplification annoncée par le MR et les Engagés en Wallonie, ils se posent néanmoins des questions.

“Nous ne sommes pas disponibles en Flandre où tout un écosystème digital existe déjà ou à Bruxelles qui a déjà avancé sur le digital, conclut Jeremy Corman. En Wallonie, nous avons, d’une certaine manière, comblé un déficit de service public. Simplifier, nous sommes pour. Une demande sur papier est une aberration écologique. Mais il ne faudrait pas que cette simplification soit un retour en arrière pour les nombreux professionnels qui nous font confiance. Par exemple, si notre logiciel n’est pas compatible avec ce que la Région wallonne va mettre en place. Travailler en bonne entente serait utile.”