Yves Delatte (Sonaca): “Nous multiplions les projets passionnants en aéronautique, en défense et en spatial”

Yves Delatte (Sonaca)
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En tant que CEO de Sonaca, je ne suis pas trop inquiet. Nous avons construit une stratégie de résilience face aux changements politiques."
© BELGAIMAGE
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le CEO de l’entreprise wallonne se réjouit de ses résultats et insiste sur la diversification. Au menu: l’avion du futur, un avion pour nos forces spéciales, des intercepteurs de missiles ou une usine dans l’espace. De quoi faire rêver.

Yves Delatte est un CEO heureux. Invité de notre Trends Talk qui passe en boucle ce week-end sur Trends Z, il met en avant la diversification des activités de la Sonaca, qui porte ses fruits.

“L’année dernière, la Sonaca a réalisé à peu près 700 millions de chiffre d’affaires, avec un EBITDA de 72 millions et un profit net de 15 millions, sourit-il. C’est la deuxième meilleure année de tous les temps pour notre société. Et nous retrouvons la profitabilité.”

Les engagements pris à son arrivée sont remplis. Surtout, la Sonaca multiplie les projets qu’il nous raconte en détails.

L’avion du futur

“Aujourd’hui, chez Sonaca, nous développons trois nouvelles paires d’ailes pour trois avions différents, explique Yves Delatte. Deux d’entre eux sont des avions de petite dimension de type business jet, qui vont pouvoir réduire la consommation de carburant de 50 % grâce à leur conception très innovante. Alors que nous fabriquions jusqu’ici des morceaux d’ailes, nous passons aux ailes complètes. En parallèle, nous travaillons sur le taxi volant Boeing, un taxi 100 % électrique, sans pilote à bord. Là aussi, nous produisons l’entièreté des ailes.”

Quand peut-on s’entendre à les voir voler? “Dans les cinq prochaines années, des prototypes seront développé pour des vols d’essai, dit le CEO. L’introduction des premiers avions de petite dimension pourrait avoir lieu dans la prochaine décennie et la décennie suivante sera celle de l’aboutissement au niveau du secteur commercial.”

Un avion belge pour les forces spéciales

“Depuis quelques années maintenant, la défense a émis le besoin de racheter un avion pour ses forces spéciales, raconte Yves Delatte. Sur le marché, il existe des avions spécifiques, mais ils sont tous relativement anciens, de 30 à 40 ans d’âge, donc plutôt des vieilles machines. Aujourd’hui, nous mettons en place un partenariat avec Sabena afin de livrer ensemble une solution belgo-belge à la Défense. Nous avons toutes les compétences pour l’élaborer et le produire en Belgique.”

“L’idée consiste à acheter un avion civil, prolonge-t-il. Sabena, au départ de son expertise dans les upgrades de chasseurs F16, et la Sonaca, grâce à son expertise dans les modifications de structure d’avion et dans l’intégration de systèmes, vont le transformer en avion pour les forces spéciales avec tous les équipements de protection nécessaires.” Secret défense oblige, il ne peut en dire plus.

L’espoir est grand de voir le contrat signé prochainement.

Des intercepteurs de missiles

“Jusque dans les années 1970-80., notre ciel était protégé, rappelle Yves Delatte. C’était le reliquat de la guerre froide. Nous avions des batteries d’intercepteurs. Il s’agit simplement de pouvoir intercepter des missiles qui viseraient la Belgique.” Les dividendes de la paix étant passées par là et nous sommes désormais nus comme des vers.

Le plan stratégique du ministre Theo Francken pour la défense entend remédier à ce problème. “Nous pensons que l’industrie belge peut jouer un rôle dans la fabrication de ces intercepteurs, souligne le CEO. Et la Sonaca en particulier parce que nous sommes, à ma connaissance, la seule société belge qui travaille effectivement dans ce domaine. Nous oeuvrons déjà à la recherche et au développement de la prochaine génération d’intercepteurs contre les menaces hypersoniques russes et chinoises. Nous serions ravis de pouvoir mettre notre outil de production de masse au service de la défense belge et des fabricants d’intercepteurs.”

Une usine dans l’espace

“Chez Sonaca, nous avons un long héritage en terme spatial, cela fait un peu plus de 40 ans qu’on travaille sur les plus beaux projets spatiaux, complète Yves Delatte. Récemment, nous avons annoncé que l’on allait développer une usine dans l’espace en apesanteur. L’objectif consisterait notamment à réparer les satellites. C’est vraiment magique. Ce sont des projets qui font rêver nos ingénieurs et tous ceux qui veulent rejoindre Sonaca. Nous avons également des projets en cours de développement pour les constellations de satellites.”

Président du groupement des entreprises wallonnes de l’aéronautique et du spatial, le CEO de la Sonaca annonce aussi un grand rendez-vous le 24 septembre en présence, notamment, de l’astronaute Thomas Pesquet.

Un Trends Talk à ne pas manquer.

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