Vers la création d’un diplôme universitaire européen ?
La Commission européenne veut encourager les universités de l’UE à coopérer dans le but de décerner des diplômes qui seraient reconnus partout dans l’Union, afin de les rendre plus attrayants pour les employeurs et les étudiants du monde entier.
Margaritis Shinas, vice-président de la Commission européenne, a lancé une proposition: permettre à plusieurs universités de s’unir et de délivrer ensemble un diplôme européen.
La Commission propose aux États membres d’établir des critères communs pour la délivrance de leurs diplômes universitaires et d’élaborer ensemble des programmes d’études. Les diplômés de ces instituions recevront un diplôme européen automatiquement reconnu dans toute l’UE.
La proposition, qui doit désormais être discutée par les Etats membres, vise à inciter les universités à une telle coopération, sans fixer d’obligations. “Ce serait un diplôme conjoint entre plusieurs universités dans le cadre d’un processus auquel elles ont volontairement décidé de prendre part”, précise la commissaire chargée de l’Education Ilona Ivanova. Ces programmes communs concerneraient les niveaux licence (“bachelor”), master et doctorat.
60 alliances européennes
Étant donné que l’éducation et les diplômes relèvent de la compétence nationale ou régionale, les gouvernements et les établissements d’enseignement sont libres d’adhérer ou non à la proposition. Selon Shinas, il y a déjà beaucoup de demande de la part des universités, des étudiants et des employeurs. La Commission explique que cette proposition répond à une demande des étudiants, des universités et des employeurs et se fonde sur des projets pilotes auxquels ont participé plus de 140 établissements d’enseignement supérieur à travers l’UE. Elle souligne également que cela s’inscrit dans la continuité des collaborations existantes. Plus de 500 universités et écoles supérieures sont impliquées dans une soixantaine d’alliances européennes.
“Nous organisons un baccalauréat en Études européennes que vous pouvez suivre dans les universités de Cracovie, Madrid, Louvain et Bologne et auquel 607 étudiants participent actuellement”, explique au Morgen Peter Lievens, vice-recteur de la KU Leuven. “Cela apporte une valeur ajoutée car l’expertise sur ce thème est répartie dans l’UE. C’est également le cas pour la durabilité, par exemple. Mais nous rencontrons actuellement des problèmes administratifs pour la délivrance des diplômes. Car chaque pays a ses propres critères, comme la langue, le nombre de matières, les exigences d’accréditation. Les diplômes européens basés sur des critères rationalisés sont donc les bienvenus. Cependant, cette approche n’est certainement pas nécessaire pour toutes les filières.”
Pas de reconnaissance automatique
Il n’existe pas actuellement de reconnaissance automatique des diplômes universitaires au niveau européen et les démarches pour faire reconnaître un diplôme dans un autre pays de l’UE que celui où il a été délivré peuvent parfois prendre plusieurs années. “Ce processus peut être fastidieux et faire perdre du temps”, a souligné mercredi la commissaire chargée de l’Education, Iliana Ivanova. “Le diplôme européen résoudrait ces problèmes”.
L’objectif est aussi de rendre l’enseignement supérieur européen encore plus compétitif, plus interconnecté et de garantir la place de l’Europe dans la course mondiale aux talents”
Ilona Ivanova, la commissaire européenne chargée de l’Education
L’exécutif européen, qui n’a que des compétences limitées en matière d’éducation, propose une série de critères destinés à servir de base à un tel diplôme européen : notamment la nécessité d’impliquer au moins deux établissements d’enseignement supérieur situés dans deux Etats membres différents, afin d‘encourager la mobilité des étudiants.
Les universités joignent leurs forces
“C’est une tendance qui est en cours, beaucoup d’universités européennes joignent déjà leurs forces, nous les voyons coopérer en matière de programmes Erasmus, de recherche et de convergence des cursus”, a observé le vice-président de la Commission, Margaritis Schinas. Mais “il y a encore trop d’obstacles et de bureaucratie“, a-t-il déploré au cours d’une conférence de presse.
L’objectif est aussi de “rendre l’enseignement supérieur européen encore plus compétitif, plus interconnecté et de garantir la place de l’Europe dans la course mondiale aux talents”, a expliqué Iliana Ivanova. “Je n’ai aucun doute sur le fait que, dans quelques années, le diplôme européen aura sa place à côté de Schengen, d’Erasmus, du marché unique, de l’euro, parmi les réalisations concrètes de l’Europe”, a encore commenté Margaritis Schinas.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici