Variole du singe : qui est Bavarian Nordic, seule entreprise à disposer d’un vaccin ?
Les actions de Bavarian Nordic ont gagné près de la moitié de leurs valeurs en l’espace de 30 jours. La société danoise est la seule entreprise pharmaceutique à développer un vaccin contre le virus de la variole du singe, également appelé mpox. Depuis la semaine dernière, un nouveau variant plus mortel du virus a été repéré en Europe.
Qui est Bavarian Nordic ? Comment se fait-il qu’elle soit la seule à disposer d’une solution ? Et jusqu’à quel point son action peut-elle grimper ?
Ce n’est pas le laboratoire pharmaceutique Novo Nordisk, l’entreprise la plus précieuse d’Europe, mais son confrère danois Bavarian Nordic, qui a mis au point un vaccin contre le mpox. Le médicament contre la maladie de la peau s’appelle Imvanex. À la demande de la Belgique, l’Europe envoie 215.000 doses d’Imvanex en Afrique. Bavarian Nordic, fondée en 1994, est une entreprise pharmaceutique danoise connue pour sa technologie des vaccins. Au départ, il s’agissait d’une entreprise dérivée de l’Université de Copenhague, qui se concentrait sur le développement de vaccins contre les maladies infectieuses – y compris la variole du singe – et le cancer.
Sa percée a eu lieu en 2013 avec le développement de la plateforme vaccinale MVA-BN, qui a depuis été utilisée pour plusieurs vaccins, notamment contre la variole et la variole du singe. Bavarian Nordic a joué un rôle de second plan lors de la pandémie de Covid-19, lorsqu’elle a développé de nouvelles plateformes de vaccins et élargi son portefeuille avec de nouveaux types de vaccins. Cela après que d’autres entreprises ont libéré des capacités de production pour les vaccins contre le covid.
Mais Bavarian Nordic pourrait jouer un rôle important dans la lutte contre la variole du singe. Mercredi passé, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé le niveau d’alerte le plus élevé, car un nouveau variant du virus, plus infectieux, domine. Il s’agirait du sous-variant clade 1B, qui sévit au Congo depuis septembre. Ce variant aurait également un taux de mortalité de 10 %, alors qu’auparavant, seuls 3 % des patients atteints de la variole du singe mouraient. Au moins 450 personnes sont déjà mortes de la maladie au Congo depuis le début de l’année, mais avec la nouvelle variante, ce nombre pourrait augmenter plus rapidement.
Les actions de Bavarian Nordic ont augmenté de plus de 45 % au cours du mois dernier. Sa capitalisation boursière s’élève ainsi à 22,15 milliards de couronnes danoises, soit 2,97 milliards d’euros. Il existe également un consensus clair parmi les analystes de Bloomberg. 85,7 % d’entre eux recommandent d’acheter l’action, tandis que 14,3 % recommandent de la conserver.
Large diffusion des vaccins ?
Il y a également eu un cas de mpox en Europe. Un patient atteint du variant le plus contagieux est soigné en Suède. Bavarian Nordic dispose déjà d’une licence pour distribuer son vaccin en Europe, mais uniquement pour les adultes, alors que la récente épidémie touche aussi les enfants. L’entreprise pharmaceutique souhaite donc que la licence soit étendue aux adolescents âgés de 12 à 17 ans. Aux États-Unis, Bavarian Nordic avait déjà obtenu une licence d’urgence pour administrer le vaccin aux adolescents lors de la précédente épidémie de variole en 2022.
L’entreprise a déjà fourni des données issues d’un essai clinique mené sur 315 adolescents et 211 adultes, montrant que l’efficacité du vaccin reste inchangée et que les effets secondaires restent les mêmes. L’entreprise pharmaceutique prépare un autre essai clinique sur des enfants âgés de deux à douze ans. Bavarian Nordic espère obtenir l’autorisation de vacciner les adolescents lors du dernier trimestre 2024.
Les investisseurs qui spéculent sur une forte demande de vaccins devraient être prudents, estime Jeroen Van den Bossche, spécialiste des sciences de la vie chez KBC Securities. “Selon son PDG, Bavarian Nordic pourrait répondre à la demande actuelle de vaccins en Afrique, mais dans le pire des scénarios, celui d’une pandémie mondiale, elle ne dispose pas d’une capacité de production suffisante. Il est alors presque certain qu’elle s’associera à d’autres producteurs de vaccins, les Big Pharma, pour augmenter la production.”
Très spéculatif
Bien qu’Imvanex soit officiellement le seul vaccin qui existe contre le mpox, il pourrait y avoir d’autres solutions en cours d’élaboration, selon Van Den Bossche. “Il existe deux autres vaccins disponibles chez les concurrents, qui fonctionnent contre la variole et qui, d’après la littérature, sont également très efficaces contre la variole du singe. Il est possible qu’ils soient bientôt utilisés. Le fait qu’Imvanex soit actuellement le seul vaccin commercialisé peut s’expliquer par le fait qu’un vaccin préventif contre la variole ne figurait pas parmi les priorités des entreprises pharmaceutiques. Pour dire les choses crûment, les pays africains pauvres où le virus fait rage ne sont pas un grand marché.”
Van Den Bossche estime qu’un investissement dans Bavarian Nordic est “très spéculatif”. Il conseille aux investisseurs désireux d’investir dans l’industrie pharmaceutique de se tourner en priorité vers des valeurs plus traditionnelles, telles qu’Argenx et UCB. “Je m’attends à ce que le cours de l’action Bavarian Nordic soit volatil et qu’il évolue fortement en fonction de l’actualité. C’est risqué.” Ceux qui cherchent à miser plus spécifiquement sur les développeurs de vaccins ont intérêt à s’intéresser à des titres comme GSK, Pfizer et Lonza, selon l’expert.
Il évoque deux scénarios. “Si seul le nombre d’infections en Afrique augmente, Bavarian Nordic sera certainement en mesure de générer davantage de ventes au cours de l’année à venir, mais ce potentiel n’est pas énorme. L’action a déjà gagné beaucoup de valeu la semaine dernière, donnant à l’entreprise une capitalisation boursière de près de 3 milliards d’euros. Mais s’il s’avérait ultérieurement que le nouveau variant du virus mpox se propageait aussi fortement en Europe, avec des conséquences majeures, la situation changerait du tout au tout. Dans ce cas, nous aurions un scénario similaire à celui de l’entreprise BioNtech, qui a conclu un gros contrat avec Pfizer et dont la valeur a grimpé en flèche pendant la pandémie. Mais nous n’en sommes – heureusement – pas encore là.”
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