Une dizaine de producteurs wallons tentent de séduire un distributeur espagnol à Madrid
Une dizaine d’entreprises wallonnes actives dans l’agro-alimentaire sont présentes dans le centre de Madrid, dans le cadre de l’évènement “Casa Valonia” organisé ces mercredi et jeudi par l’Awex et WBI, afin de dénicher qui un distributeur, qui un importateur, offrant un accès à l’important mais exigeant marché espagnol.
Des brasseurs wallons, des producteurs de chocolat, de beurre, de biscuits ou de frites et une vénérable distillerie ont présenté leurs produits de bouche, pour la plupart étendards traditionnels de la gastronomie du Plat pays, au cours d’une “réception-dégustation” présentée comme plus efficace qu’une simple réception tout en étant plus conviviale et informelle qu’un salon professionnel. Face à eux, des importateurs, distributeurs et intermédiaires espagnols qu’il faut convaincre.
Pour la société L&L Plaquette, qui produit des beurres aromatisés à Mesnil-Saint-Blaise, non loin de Dinant, l’export est vital. Le producteur wallon vend du beurre jusqu’aux Philippines et dans les Caraïbes. “Les exportations représentent 40% de mon chiffre d’affaires“, situe le patron, Lionel Plaquette, dont les ventes se sont effondrées lorsque les restaurants ont dû fermer leurs portes l’an dernier, avec les confinements successifs. Le commerce en ligne, et l’exportation, ont permis de sauver le producteur, qui avait déjà tenté il y a deux ans, lors d’une première édition de “Casa Valonia”, de s’ouvrir le marché espagnol. “Un marché compliqué mais qui m’intéresse énormément. Une partie de la population dispose d’un pouvoir d’achat élevé et les Espagnols sont très gourmets, aiment sortir manger au restaurant”.
Pour les brasseurs, potentiellement confrontés aux tracas administratifs que représentent les accises pour les exportateurs, le concours d’un importateur est un passage quasi obligé, le Graal étant de pouvoir directement convaincre une chaîne de grands magasins espagnols.
Avec sa gamme de bières “Belgica”, la Brasserie de Londres, qui inaugurera dans deux semaines ses installations de brassage dans le centre de Mons et faisait jusqu’ici brasser ses bières à Binche, semble avoir tapé dans l’oeil d’un importateur. La brasserie occupe déjà une petite dizaine de personnes et exporte au Danemark, d’où est originaire l’un des trois associés, explique un autre associé, Greg Piotto. La “Belgica” est clairement le produit d’exportation de la jeune brasserie alors que “la Montoise” est réservée à l’horeca et à l’événementiel en Belgique.
Parmi les autres brasseurs wallons qui font déguster leurs breuvages entre les murs de la prestigieuse Fondation Carlos de Amberes, dans le centre de Madrid, on retrouve Superfood Beers dont les bières sont agrémentées de “super aliments”, comme cette bière “5G”, une blonde légèrement ambrée au gingembre, guarana, galanga, ginkgo et goji.
Un autre producteur, Samuel Carlier, basé à Rixensart mais qui fait brasser ses bières à la Brasserie des légendes à Ath, tente de pénétrer le marché espagnol avec une “Servez-ça!” au nom particulièrement approprié. “J’ai enregistré le nom auquel apparemment personne n’avait pensé”, s’amuse l’homme qui, dans une autre vie, a fondé une micro-brasserie à Buenos Aires. “J’espère trouver un distributeur ici en Espagne qui vendrait une bière belge artisanale qui s’appelle ‘Servez-ça'”.
Avec la distillerie Radermacher, on monte de plusieurs degrés. Cette honorable Maison sise à Raeren, et dont la création remonte à 1836, ce qui en fait “la plus ancienne distillerie de Belgique'”, produit gin, vodka, rhum, vermouth… Mais la vieille dame, qui emploie 14 personnes, est encore particulièrement dynamique, avec la commercialisation depuis sept ans d’une gamme de gins bios, et la volonté de poursuivre sa croissance. “Actuellement, nous faisons un petit 20% de nos ventes à l’exportation. C’est une piste de croissance, oui. Tout comme nos nouvelles installations qui nous permettront d’assurer toute la production de A à Z”, explique l’administrateur-délégué, Yves Emonts-Gast. Ces nouvelles installations permettront également à la distillerie Radermacher d’accueillir plus facilement des visiteurs et de développer une certaine forme de tourisme dans une commune germanophone, également connue pour ses poteries et sa moutarde.