Un robot-géomètre made in Wallonie
La BIM Printer est une imprimante topographique qui trace les plans de l’architecte directement sur le sol à l’échelle 1: 1, avec une précision millimétrique.
Développée à Vezin (Andenne) et produite à Farciennes (Charleroi), l’imprimante-robot dessine sur la dalle en béton de l’immeuble à construire tous les éléments qui figurent sur les plans: murs, portes, gaines électriques, conduits de ventilation, tuyaux d’eau, annotations, etc. Une fois programmé, le robot trace de manière totalement automatisée et avec une marge d’erreur inférieure à 2 mm. Pour ce faire, la BIM Printer va d’abord se situer dans l’espace, en combinaison avec une station totale robotisée de géomètre, avant de commencer à tracer à l’aide d’une peinture fluorescente, puis de repasser dessus avec un laser afin de graver un fin trait pour une précision optimale.
La journée à genoux
“Sur les chantiers, il y a des géomètres ou des traceurs qui passent toutes la journée à genoux, explique Vincent Ahue, son concepteur. J’en ai fait partie et ce n’est pas la tâche la plus amusante… Je me suis donc dit que ce serait pas mal de mettre au point un outil à même d’aider ces professionnels.” Ce qui n’était au départ qu’une simple machine à marquer des points bricolée sur la table de la cuisine s’est donc progressivement transformée en une imprimante mobile high-tech produite en série par la firme Desimone, avec le soutien du Feder et de la Région wallonne qui ont octroyé 1,5 million d’euros de subsides.
Rapidité et clarté
“Le principal point fort du BIM Printer est sa haute précision”, explique l’inventeur. Si le robot est capable d’aller environ deux fois plus vite qu’un humain pour des traçages simples, le gain de temps peut être multiplié par 20 pour des plans plus délicats, avec beaucoup de courbes par exemple. Autre avantage: la suppression des incompréhensions. “Il y en a tout le temps sur un chantier. Or, ces erreurs coûtent énormément de temps et d’argent.”
35.000 euros
Le prix de la BIM Printer, qui s’adresse principalement aux entreprises de construction et bureaux de géomètres.
Une révolution
A 35.000 euros, la BIM Printer ne s’adresse qu’aux professionnels du secteur. “Ce prix comprend le robot, la formation et le logiciel développé par nos soins”, précise Vincent Agie. Une dizaine de robots ont déjà été vendus par l’entreprise wallonne. Ils ont été déployés sur de nombreux chantiers, par exemple ceux du nouveau bâtiment de la RTBF et de la Tour Mohammed VI au Maroc. Précurseur, Vincent Ahue voit aujourd’hui arriver une concurrence, principalement des Etats-Unis (HP SitePrint) et d’Asie (Hitachi).
“Technologiquement, nous sommes en avance sur eux, assure Vincent Agie. Mais tant que nous sommes seuls en Europe, comme c’est le cas actuellement, il est difficile de faire décoller le marché.” Le CEO en est convaincu: le secteur de la construction est à l’aube d’une véritable révolution. “Je vous garantis que d’ici cinq ans, 50% des chantiers seront imprimés, que ce soit avec nos robots ou ceux de nos concurrents, existants ou futurs. Nous n’en sommes encore qu’aux balbutiements de la robotique dans la construction.”
Nouvelles applications
Conçue pour la construction, on peut imaginer d’autres utilisations pour la BIM Printer: par exemple, le traçage de pistes d’athlétisme, la préfiguration d’appartements témoins, la reproduction de fresques au sol…
Lire aussi | À Westerlo, une maison imprimée à visiter
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici