Un duo franco-belge pour doper les bornes de recharge
La start-up française Electra, spécialiste des bornes de recharge électrique rapide, s’installe sur le marché belge. Pour ce faire, elle s’associe à la scale-up bruxelloise BePark via une joint-venture pleine d’ambition: devenir leader en Belgique et au Luxembourg, au nez et à la barbe des géants de l’énergie.
Le frein principal à l’achat d’une voiture électrique chez la plupart des Belges réticents? Le manque de solutions de recharge de la batterie, qui nécessite soit le placement d’une borne individuelle à domicile soit un changement d’habitude dans l’utilisation du véhicule. Il faut dire qu’aujourd’hui, la Belgique a pris un certain retard dans les infrastructures de recharge. Or, tout indique que le passage aux véhicules électriques est inévitable: tant les autorités que les constructeurs poussent à cette transition, bannissant de plus en plus les moteurs thermiques. Un changement qui offre de nombreuses opportunités à qui saura les saisir: énergéticiens et pétroliers bien sûr, mais également d’autres acteurs venus d’autres secteurs.
Nous abordons tous les deux un business qui combine numérique et infrastructure. Et nous avons la même passion, la même audace et la même ambition.” – Julien Vandeleene (BePark) et Aurelien de Meaux (Electra)
Parmi eux, des start-up techs qui comptent bien aussi tirer leur épingle du jeu. C’est le cas de la française Electra qui s’emploie à mailler l’Hexagone d’un réseau de bornes de recharge rapide. Sa particularité? “Nous disposons d’un ADN produit et software qui est fondamental, plaide Aurélien de Meaux, CEO et cofondateur d’Electra. Nous voulons changer la proposition de valeur de la charge rapide de véhicules électriques et améliorer l’expérience client grâce aux briques digitales.” Ils l’ont dit, ces jeunes fondateurs viennent du software, notamment du monde des applis photos. Résultat? Ils promettent des bornes connectées et surtout un lien privilégié avec l’utilisateur au travers d’une appli mobile. Avec des services de premier ordre comme la recommandation automatique d’une borne à proximité sur base de l’analyse du véhicule en temps réel, la possibilité de réserver sa place pour charger sa batterie, etc.
Levée de fonds de 160 millions d’euros
Cette promesse semble séduire les investisseurs: employant déjà 55 personnes, la start-up a levé 15 millions, puis récemment 160 millions d’euros pour assurer son développement. Avec l’ambition d’arriver à 8.000 points de charge en France d’ici 2030. Mais elle ne veut pas se contenter de ce marché. La Belgique fait désormais également partie de ses plans, depuis la rencontre avec le patron de la scale-up bruxelloise BePark, Julien Vandeleene. En effet, BePark, opérateur de parking digital, a développé une vision bien plus large du parking que celle de simple place de stationnement. Au départ, l’idée était certes de seulement optimiser l’occupation de parkings de propriétaires immobiliers en les opérant et en les mettant à disposition des entreprises et des particuliers. Mais cette ambition a évolué ces dernières années. BePark envisage désormais les places de stationnement privées comme des hubs de mobilité susceptibles de désengorger la voie publique. BePark propose également des services comme le stationnement de vélos et vélos- cargos, mais aussi des solutions de recharge de voitures électriques… Et c’est évidemment dans ce dernier cadre que les deux entreprises se sont rencontrées.
“On a rapidement vu que l’on était très proches tant au niveau de la vision et des valeurs que de la taille de l’entreprise, soulignent en choeur Aurelien de Meaux et Julien Vandeleene. Nous abordons tous les deux un business qui combine le numérique et l’infrastructure. Et nous avons la même passion, la même audace et la même ambition.”
Depuis, une véritable “lune de miel” professionnelle a démarré. Les deux entreprises auraient en effet pu envisager un partenariat commercial qui aurait permis à BePark de mettre ses clients immobiliers en contact avec Electra tout en touchant une commission. Elles ont préféré unir leurs forces dans une joint-venture: Electra Belux, société en cours de constitution. Autrement dit, la création d’une entreprise commune dont les deux start-up sont actionnaires, avec toutefois une majorité dans les mains d’Electra.
Hôpitaux, supermarchés ou centres commerciaux
Cette joint-venture aura pour objectif de déployer un réseau de bornes de recharge rapide en Belgique et au Luxembourg. Principalement dans les villes, dans des lieux de destination (retail, hôpitaux, etc.) et sur des axes stratégiques. Pas dans des parkings sous-terrains mais en extérieur, par exemple sur des parkings de supermarchés ou de centres commerciaux, etc. Et le duo franco- belge affiche une très grosse ambition: installer 200 sites de recharge d’ici fin 2030, ce qui permettra de totaliser pas moins de 1.500 points de charge sur tout le territoire Belux. “Cela devrait représenter des investissements compris entre 100 et 150 millions d’euros”, détaille Aurélien de Meaux. On l’a précisé, Electra a levé 160 millions d’euros en juin dernier, somme à laquelle il faut ajouter différentes sources de financement tiers: co-investisseurs dans des sociétés de projets, dette/leasing et subventions. Pour financer le développement de son réseau, elle disposerait donc aujourd’hui d’une surface d’investissement d’environ 500 millions d’euros.
Electra Belux emploiera dans un premier temps cinq personnes avant de doubler ses effectifs dans les prochains mois. La joint- venture pourra évidemment s’appuyer sur la technologie et l’appui des équipes d’Electra et de BePark, cette dernière continuant également sa croissance: elle génère aujourd’hui 9,2 millions d’euros de chiffre d’affaires réparti en Belgique, France et Luxembourg.
Reste que les grands challenges de la joint-venture ne résident sans doute pas dans l’évolution du marché de la voiture électrique, qui devrait de toute façon connaître une grosse croissance, ou dans la concurrence. Les vrais défis se situent sur “le développement opérationnel, entrevoit le boss d’Electra. Il faut s’assurer qu’on dispose des bons partenaires, et réaliser la promesse d’être meilleur que le marché. Il nous faudra avoir une grosse exigence opérationnelle, trouver les bons fonciers, etc.”. Et donc se montrer convaincants.
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