Un bon manager doit-il partir à temps?
Notre Manager de l’Année 2019 quitte la direction générale du groupe de (para)pharmacie créé il y a sept ans. “Le bon moment”, dit-il. Mais qu’est-ce, justement, que ce fameux bon moment?
Janvier 2020. Yvan Verougstraete devient le 35e Manager de l’Année de Trends-Tendances. Dans le portrait que nous consacrions alors au fondateur du groupe de pharmacie et parapharmacie Medi-Market, six ans plus tôt, celui-ci déclare: “Je sais qu’un jour, j’aurai encore envie de créer. Je pourrais être entrepreneur au sein de Medi-Market ou bien passer le flambeau, nous verrons”. C’est donc la deuxième option que vient de choisir notre lauréat. A 45 ans, Yvan Verougstraete s’apprête en effet à céder la direction générale de son “bébé” à l’actuel n°2 de Cora Belgique, Cédric Antoine, tout en restant membre du conseil d’administration.
Comme dans tout travail, à un moment donné, vous avez donné ce que vous aviez de meilleur. Après, vous ne permettez plus à l’entreprise d’avancer.”
Yvan Verougstraete
Alors, être un bon manager, est-ce aussi savoir passer le relais au bon moment? Le futur ex-patron de Medi-Market estime qu’il n’y a pas vraiment de règle en la matière. “Chacun fait en fonction de ce qui le motive et de son timing”, assure-t-il. En ce qui le concerne, deux éléments ont pesé dans la balance. “Quand vous êtes dans une position de directeur général, vous n’avez pas de possibilité d’évolution. Comme dans tout travail, à un moment donné, vous avez donné ce que vous aviez de meilleur. Après, vous ne permettez plus à l’entreprise d’avancer.” L’entrepreneur évoque par ailleurs le risque d’une certaine usure. “Il vaut mieux faire une saison en moins qu’une saison de trop. Je suis quelqu’un qui vit de passion. Or, quand vous restez trop longtemps dans la même fonction, les choses se répètent, une certaine routine peut s’installer. Le risque est de ne plus avoir l’oeil neuf, de ne plus penser suffisamment out of the box.”
Concernant l’entreprise elle-même, le timing n’a, là non plus, pas été choisi au hasard. Medi-Market vient de terminer une première phase d’expansion en Belgique. L’heure est venue de structurer, d’optimiser, d’améliorer les opérations. “Il faut savoir dans quoi on est le meilleur, explique Yvan Verougstraete. Moi, ce qui me plaît, c’est créer et faire grandir.” Pour l’heure, cet entrepreneur dans l’âme a décidé de s’octroyer le temps de la réflexion. “J’ai besoin de me refroidir la tête”, lance celui qui se verrait bien enseigner, coacher… ou relancer un nouveau business. “Quelque chose dans le social ou qui touche à l’environnement…”
Un départ aussi chez Easi
Mais en matière de passage de relais, tout le monde n’adopte pas forcément le même schéma. Son retrait, Salvatore Curaba l’a, pour sa part, effectué en plusieurs étapes. En 2017, à 54 ans, le fondateur de la société wallonne Easi, spécialisée dans les logiciels informatiques et le cloud, effectuait un premier pas de côté en passant les manettes de sa société au comité de direction. Deux ans plus tard, il cédait sa casquette de directeur général à deux co-CEO issus de ce même comité. Enfin, le fondateur, qui était encore actionnaire majoritaire de sa société il y a quelques semaines, ne l’est plus à ce jour. “Il faut aller jusqu’au bout”, sourit celui pour qui le rôle d’un manager est justement de former ses successeurs. “On ne sert qu’à cela, lâche-t-il. Faire en sorte que d’autres deviennent meilleurs que vous.” Si les choses se sont précipitées chez Easi ces dernières années, c’est que Salvatore Curaba ne se sentait plus en harmonie avec lui-même. “Je devenais un frein au développement de l’entreprise et je sentais que je pouvais démotiver les personnes autour de moi”, reconnaît-il. Le fameux “bon moment”…
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