Travail dissimulé: l’ex-société belge Take Eat Easy et son ex-patron jugés à Paris

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La défunte société belge de livraison de repas Take Eat Easy ainsi que son ancien patron Adrien Roose sont jugés jusqu’à vendredi devant le tribunal correctionnel de Paris pour “travail dissimulé” de livreurs en France entre 2014 et 2016.

Concernant les accusations de “travail dissimulé”, la présidente a énuméré jeudi plusieurs contraintes qui pesaient sur les livreurs à vélo, telle une acceptation des commandes sans connaître le lieu de livraison ou un système de sanctions qui pouvaient aller jusqu’au bannissement de la plateforme. Des contraintes en contradiction avec le statut d’auto-entrepreneur des près de 3.000 livreurs de la société qui travaillaient à Paris, Bordeaux, Rennes, Lyon, Lille, Nantes, Toulouse ou Strasbourg.

   “Pendant les livraisons, on était contrôlés par des chefs coursiers qui veillaient à ce qu’on porte bien les vêtements Take Eat Easy”, a rappelé Daniel D, livreur ayant exercé à Paris, partie civile au procès. Il s’était vu reconnaître un lien de salariat avec la société devant les prud’hommes.

   M. Roose, disant s’être concentré sur la recherche de fonds auprès d’investisseurs, a expliqué ne pas avoir eu connaissance de la majorité des mesures de contrôle exercées sur les livreurs, qu’il a imputées aux responsables de la société dans chaque ville et dans chaque pays. La liquidation judiciaire de la plateforme belge avait été prononcée en août 2016.

Formalité administrative ?

   L’ancien patron comparaît à Paris un an après le report du procès qui avait été demandé suite à l’apparition dans le dossier, peu avant l’audience, d’une délégation de pouvoir signée le 31 décembre 2015 par M. Roose en faveur de Matthieu Birach, alors responsable commercial de Take Eat Easy et actuel DRH de Doctolib.

   M. Birach, qui ne comparaît pas devant le tribunal, a déclaré au cours de l’enquête que cette délégation de pouvoir lui avait été présentée comme une formalité administrative pour signer des documents en tant que responsable commercial.

   M. Roose a, lui, expliqué devant le tribunal que M. Birach était devenu directeur général de Take Eat Easy en France quelques semaines après son arrivée dans l’entreprise. M. Roose a assuré qu’il ne gérait donc pas personnellement cette filiale. Mais aucun avenant au contrat de M. Birach n’avait été réalisé pour matérialiser ce changement de statut. “En tant que jeune entrepreneur, ce côté administratif n’était pas ma priorité”, a expliqué M. Roose.

   Fin 2018, dans une décision inédite, la Cour de cassation avait établi un lien de subordination entre Take Eat Easy et l’un de ses coursiers à vélo.

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