Travail de nuit: le gouvernement assouplit encore un peu la législation
L’exécutif entend baisser les charges sur le travail entre 20 heures et minuit. Alors que le fédération des secteurs de la distribution et des services, Comeos, applaudit des deux mains ; côté syndical, on pose notamment la question du financement de cette mesure.
L’épisode Zalando a récemment remis en lumière le moindre niveau d’attractivité de notre pays en matière de développement d’activités d’e-commerce. Le géant allemand n’installera pas son nouveau centre logistique à Dour, privant la Belgique de 1.500 emplois. Pourtant, ces derniers temps, le gouvernement n’a cessé de prendre des mesures en faveur du commerce en ligne. Possibilité pour une entreprise, en plus de prestations entre minuit et 5 h, d’introduire du travail de nuit entre 20 h et minuit dans le cadre de ses activités d’e-commerce (la ” nuit belge ” débute à 20 h, Ndlr) ; possibilité, aussi, de n’avoir pour ce faire l’accord que d’une seule organisation syndicale.
Dernière décision en date : une diminution des charges sur le travail entre 20 h et minuit (le coût salarial est déjà réduit pour le travail entre minuit et 5 h, Ndlr). Par cette mesure qui n’est pas encore chiffrée, le gouvernement entend réduire le handicap salarial avec nos voisins. ” Les entreprises du commerce électronique possèdent maintenant un régime de travail flexible et un régime fiscal adapté, explique Kris Peeters, ministre de l’Emploi. L’année dernière, je préconisais déjà une réduction des charges dans le domaine de l’e-commerce, et maintenant je suis heureux que les autres partis m’emboîtent le pas. Nous rendons ainsi notre pays aussi compétitif que les pays voisins. ”
“Du bricolage”
Du côté de Comeos, qui représente les entreprises de la distribution, on se réjouit bien évidemment de cette avancée. ” Les entrepôts logistiques se multiplient à nos frontières, relève son CEO, Dominique Michel. On peut espérer qu’avec ces différentes mesures, notre pays deviennent plus attractif. ” Le responsable dénonce toutefois une forme de ” bricolage “. ” Soyons très clairs : je préfère du bricolage à rien du tout, explique-t-il. Mais ce que nous souhaiterions, c’est que l’ensemble des secteurs puissent profiter de la nouvelle économie et que la loi de 1971 sur le travail soit adaptée. ”
Le SETca, par la voix de sa vice-présidente Myriam Delmée, pose pour sa part la question du financement de la baisse des charges décidée par le gouvernement. ” Si cela passe par une diminution du précompte professionnel, cela fera des recettes en moins pour les services publics “, lâche la responsable. Qui ajoute : ” Un allègement des coûts salariaux n’a de sens que si l’on fait appel aux mêmes types de contrats. Il faudrait peut-être d’abord s’attaquer au problème du dumping social, quand on sait que certaines entreprises d’e-commerce font appel à des travailleurs polonais. ” D’après la syndicaliste, la question du coût salarial serait en outre un faux problème. ” Dans le dossier Zalando, il a été montré que nous n’étions pas moins compétitifs en termes de coûts salariaux, assure-t-elle. Au contraire, nous étions même moins chers. ”
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